dimanche 9 octobre 2022

Claude Garamont et les Grecs du Roy (1551)

 La belle exposition qui se tient actuellement à la Bibliothèque Mazarine sur Claude Garamont [1] me donne l’occasion d’évoquer ce typographe hors norme pour lequel les recherches récentes de Rémi Jimenes apportent un éclairage intéressant et des informations nouvelles [2].

Claude Garamont était tailleur de lettres et fondeur de caractères typographiques ; il a fourni nombre de ses confrères du quartier de la rue St Jacques à Paris, si bien que nous avons souvent dans nos bibliothèques, sans toujours le savoir, des ouvrages issus de son travail ou de celui de ses imitateurs. Universellement connu, le caractère typographique Garamond (avec un d) a eu un destin étonnant, au fil des attributions erronées, des renaissances, de multiples réinterprétations.

Les Grecs du Roy

Claude Garamont

Dans cette décennie 1525-1535, l’imprimerie est en plein essor, protégée par le roi lui-même qui s’attache à doter son pays d’une lettre typiquement française. Ainsi progressivement, les ouvrages imprimés le sont de moins en moins en lettres gothiques pour adopter le style humaniste venu d’Italie : le romain. Garamont accompagnera pleinement cette volonté politique.

Claude Garamont est né à Paris d’un père certainement breton qui s’appelait Yvon Garamour, patronyme qui se rencontre parfois dans le pays léonard. Son père travaillait déjà comme ouvrier dans les ateliers d’imprimerie de la capitale et il plaça tout naturellement son fils chez un maitre de cette corporation : Antoine Augereau, lui-même ancien élève d’André Bocard, dont les lettrines historiées sont célèbres [3].

Dans un mémoire rédigé à la fin de sa vie, en 1643, Guillaume Le Bé indique que les lettres romaines de bas de casse utilisées à Venise par Alde Manuce furent imitées par les Français à partir de 1480 environ ; il cite Antoine Augereau parmi les promoteurs de cette innovation et signale qu'en 1510 Claude Garamont était son apprenti. Cette date parait bien précoce, d’autant que le nom d’Augereau, en qualité d'imprimeur, n’apparaît pour la première fois qu’en 1532, sur la première partie d'une traduction d'Aristote par Sepulveda, publiée par Jean II Petit. L'année suivante, en 1533, après le décès de son beau-père André Bocard et désireux de faire une carrière d'éditeur indépendant, Augereau s'installe rue Saint-Jacques. Il est proche du milieu réformiste, éditant, entre autres, le Miroir de l'âme pécheresse de Marguerite de Navarre ainsi que d'autres ouvrages jugés hérétiques qui vont le conduire au bûcher en 1534, lors de l’affaire des Placards.

Après la brutale interruption des presses d’Augereau, Garamont se trouve sans maitre de stage. Il est possible qu’il ait continué sa formation chez Simon de Colines, comme le croit Vervliet, car cet imprimeur travaillait fréquemment en collaboration avec Augereau, à moins qu’il ne soit devenu financièrement indépendant comme le pense Rémi Jimenes car il est déjà marié, ce qui n’est pas autorisé aux apprentis, et il a déjà les moyens financiers de racheter le matériel typographique d’Augereau.

Le métier de graveur et de fondeur de lettres est un métier délicat qui demande des années d’apprentissage et de pratique. Le plomb est un métal très tendre, qui ne supporterait pas la pression d'une presse typographique. Aussi y ajoute-t-on de l'antimoine, afin d'obtenir un alliage plus dur. Le mélange du plomb et de l'antimoine étant incompatible, il faut rajouter de l'étain. Le plomb typographique est donc un alliage d’environ 70 % de plomb, 25 % d'étain et 5% d'antimoine variable d’un fondeur à l’autre. Mal dosé, le caractère typographique peut rétrécir en refroidissant. Les Maitre-fondeurs sont donc très recherchés par les imprimeurs et Claude Chevallon ou son épouse Charlotte Guillard, une des rares femme du XVIème siècle à diriger une imprimerie [4], recrute Claude Garamont dans l’atelier du Soleil d’Or vers le milieu des années 1530. Il exerce plus précisément dans une dépendance de l’atelier, une maison à l’enseigne de la Queue de Renart, en face de St Benoist le Bétourné. Sans doute que les clients, protes et correcteurs n’appréciaient guère les vapeurs de plomb.

Le style des lettres Garamond est reconnaissable entre tous, ce sont des types de la famille des garaldes d’une grande finesse qui donnent une ligne fluide et équilibrée. Parmi les caractéristiques uniques de ses lettres pour le romain, on trouve la petite panse du « a » ou le petit œil du « e ». Cette police possède aussi l’avantage d’être économe en encre. Mais c’est avec la police des lettres grecques que Garamont s’est fait connaitre.

Lettrine tout droit sortie des décors de Fontainebleau

La Gravure des Grecs du Roy s’inscrit dans un ambitieux chantier éditorial lancé par le conseiller du roi Pierre du Chastel à la fin des années 1530 : Publier l’ensemble des textes manuscrits de la Bibliothèque du Roi pour préparer la création d'un futur collège royal. François 1er ordonne le 17 janvier 1539 la création d'une imprimerie financée par le Trésor et spécifiquement dédiée à l'impression des textes grecs. Il en confie la gestion à un humaniste d'origine allemande, Conrad Néobar, qui exerçait jusqu'alors une activité de correcteur dans l'imprimerie de Chrétien Wechel. Néobar devient ainsi le premier imprimeur du roi en langue grecque. Grâce à la recommandation de l'aumônier du roi, Jean de Gagny, Claude Garamont est chargé d'accompagner la création de cette imprimerie : tous les caractères de Conrad Néobar seront ainsi fondus par ses soins, il s’agit de lettres sur corps de Saint Augustin (l’équivalent d’un corps 13) très largement inspirés d’un caractère gravé en 1532 par son maitre Augereau. L’équipe est installée par le pouvoir royal dans l’hotel de Nesle, situé sur les bords de Seine, face au Louvre, à l’emplacement où se dresse aujourd’hui le pavillon ouest de la Bibliothèque Mazarine.

Néobar n’aura pas l’occasion de faire un grand usage des poinçons de Garamont puisqu’il meure l’année même de leur création et le titre d’imprimeur pour le grec passe à Robert Estienne, tandis que la première police de Grecs est reprise par André Bogard, un neveu de Charlotte Guillard. Garamont reçoit donc une nouvelle commande de caractères dont le contrat précise qu’ils doivent imiter l’écriture d’un copiste crétois recruté pour le projet : Ange Vegèce. Cette police est le chef d’œuvre de Garamont  

Pour illustrer les grecs du Roy, voici un exemplaire de l’Histoire Romaine de Dion Cassius, publié en 1551 par Robert Estienne. Entièrement en grec, excepté le titre, grec et latin, et l'adresse de l'imprimeur, c’est un exemplaire de premier tirage du dernier livre imprimé par Robert Estienne à Paris, avant son exil à Genève. Sur le second tirage, le nom d'Estienne disparaît du titre. Il s’agit de l’editio princeps de l'Epitome de Dion Cassius, composée par le moine Jean Xiphilin au XIème siècle, elle constitue la seule source historique pour les livres LXI à LXXX de Dion de Nicée, qui ont été perdus ; ils traitent des années 54 à 229 de l'Empire Romain, couvrant la fin du règne de Claudius et l'avènement de Néron jusqu'à la fin du règne d'Alexandre Sévère, en passant par les règnes de Galba et Othon, Vespasien et Titus, Domitien, Nerva et Trajan, Hadrien, Antonin le Pieux, Marc Aurèle, Commode, etc.

Nous retrouvons sur la page de titre de cet ouvrage les mentions qui apparaissent sur tous les titres de la série : L’indication que la copie imprimée provient directement d’un manuscrit de la Bibliothèque du Roi, « Ex Bibliotheca Regia ». (Pour le Dion Cassius, la mention est même rappelée par le doreur sur le titre au dos de la reliure !). Son caractère exclusif est indiqué par la formule « Cum privilegio regis », avec le statut de l’imprimeur (« Typographi Regii ») et l’origine de la typographie (« Regiis Typis »). La page de titre comporte aussi la marque de l’imprimeur royal, un basilic, symbole qui joue sur la traduction grecque du mot « Roi » (Basilius).

Page de titre du Dion Cassius

Marque au basilic

Titre du dos de la reliure

L'ouvrage est remarquablement imprimé en Grecs du Roi, dans une fonte Gros-Romain 118 (équivalent à un corps 16), police achevée en 1543. C’est seulement en 1546 que Garamont termine la gravure du deuxième corps de Grecs, un Cicero de corps 9, utilisé pour l’impression du Novum Testamentum de Robert Estienne de 1546 qui décline en très petit format les innovations graphiques précédentes. 

Sur le plan esthétique les Grecs du Roy constituent une réussite totale. Les lettrines mêmes sont une véritable innovation sur le plan ornemental : « Dépourvues d’encadrement, elles sont ornées d’un décor de rinceaux blancs exubérants déposé sur un fond de même couleur. La lettrine affiche ainsi un ‘‘gris typographique’’ c’est-à-dire un rapport entre le noir de l’encre et la blancheur du papier, identique à celui du texte, créant une harmonie parfaite de la mise en page [5]».

Un document nous apprend que les éléments décoratifs utilisés par Robert Estienne, « lettres grises et chapiteaux » (Bandeaux) ainsi que les marques typographiques de l’imprimeur sont la propriété du roi, au même titre que les poinçons et les matrices. Anna Baydova a pu attribuer formellement certains éléments de ces décors au peintre Jean Cousin, notamment les encadrements des Canons d’Eusèbe et du Novum Testamentum de 1550. [6] Ce style bellifontain sera souvent imité pendant toute la seconde moitié du XVIème siècle.

Bandeau tout en arabesque et lettrine agrémentée de grotesque.

Il est rare que j’achète un livre dans une langue que je ne parviens pas à lire. J’ai fait une exception pour ce Dion Cassius pour une seule raison : l’esthétique de la page.

Bonne journée,

Textor


[1] De Garamont aux Garamond(s) une aventure typographique. Bibliothèque Mazarine du 30 Septembre au 30 Décembre 2022.

[2] Rémi Jimenes, Claude Garamont, typographe de l’humanisme. Avant-propos d’André Jammes. Edition des Cendres, 2022.

[3] Voir Yves Perrousseaux, Histoire de l’écriture typographique. Atelier Perrousseaux, 2005, p.153.

[4] Lire la passionnante biographie que Rémi Jimenes a consacré à Charlotte Guillard : Charlotte Guillard - Une femme imprimeur à la Renaissance – Préface de Roger Chartier - Presse Universitaire François Rabelais, 2018

[5] Rémi Jimenes op. cit. p. 149.

[6] Anna Baydova, Illustrer le livre. Peintres et enlumineurs dans l’édition parisienne de la Renaissance. Tours, Presse Universitaire François Rabelais. (A paraitre)

mercredi 28 septembre 2022

Les Merveilles des Bains d’Aix en Savoye et autres très-excellentes sources thermales (1623)

En cette période de sécheresse estivale, alors qu’il est loisible de traverser la Leysse à pied, il m’est apparu rafraichissant de vous présenter un certain nombre de petits ouvrages sur les bienfaits de l’eau en Savoie, eau que l’on boit sans modération depuis l’époque des romains. Ce thème n’intéresse évidemment qu’une poignée d’érudits savoyards, et encore pas tous, car il faut écarter d’emblée les amateurs de vins de Cruet.

Le premier à s’être intéressé aux bienfaits des eaux d’Aix est le docteur Jean Baptiste de Cabias, médecin dauphinois, exerçant à Vienne puis à St Marcellin, qui se dit un jour qu’il irait bien vérifier sur place la qualité des eaux qu’il prescrivait à ses patients. Il entreprit le voyage, quittant sa province et son officine pour se rendre à Aix-en-Savoye goutter l’eau des thermes, ne sachant leurs propriétez et qualitez que par la coutume et usage familiers de ceux de ceste province. Il s’installa à l’auberge de la Croix-Blanche de Juin à Octobre 1621 ou 1622, puis fit publier en 1623 son petit livre intitulé Les Merveilles des Bains d’Aix en Savoye, ouvrage imprimé à Lyon par Jacques Roussin.

Titre de l'ouvrage de Cabias, 1623

Cabias fait un tour exhaustif du sujet, divisé en 2 livres et 31 chapitres, où il décrit d’abord les lieux et la forme des bains, puis la qualité et propriété de l’air, la méthode générale pour prendre les Bains, Les remèdes nécessaires à ceux qui prennent les Bains, puis il poursuit sur les diverses maladies que les eaux aident à soulager, depuis la stérilité des femmes jusqu’à la surdité, en passant par toutes les maladies de peau, la gale, la lèpre, la vérole, sans oublier la goute et la sciatique.

L’homme est curieux, énergique mais il se garde bien de vouloir pousser le temps par les espaules ni vivre trop paresseusement en curieux et chercheur, car à l’époque il vaut mieux être prudent et se garder de toute curiosité antireligieuse à vouloir trop sonder et expliquer. Il s’excuse presque d’avoir recherché ce qu’il appelle le secret des causes : C’est chose fort honnorable de scavoir ce que la nature nous enseigne mais de passer outre et apostropher le Seigneur des Seigneurs, dire beaucoup de ce qu’on ne peut rien scavoir, c’est vouloir trop entreprendre…. Petite mise au point nécessaire pour éviter d’offenser les docteurs en théologie. Ce passage rappelle toute la difficulté pour un médecin du 17ème siècle de faire des observations de « chimiatrie » sur site.



Les Merveilles des Eaux d'Aix, exemplaire Petit

A quelle école avait été formé Cabias ? Il ne le dit pas et nous ne le retrouveons pas dans les registres des universités de Lyon ou de Montpellier. Notre auteur est à la fois archéologue, médecin, chimiste. Il est aussi l’un des premiers à décrire la beauté des montagnes alentours, la douceur du site et à promettre aux malades de guérir dans un cadre enchanteur.

Les Romains se servaient des eaux d'Aix, comme des autres thermes en général, pour l’usage de la piscine et des bains de vapeur. Il reste à Aix-les-Bains des vestiges de bassins antiques et de conduits pour la vapeur. Après l'abandon des thermes romains, l'emploi des eaux fut longtemps réduit à la grotte proche de la source de soufre qu'une muraille divisait pour permettre aux-malades des deux sexes de venir s'y baigner. Nous savons peu de chose sur les traitements administrés. 

Il faut attendre Cabias et son livre pour avoir une description détaillée de l’administration des soins. A son époque, l’usage est aux bains, sudations et douches qu'on fait tomber « du plus haut qu'on peut ». Le traitement par l'eau était pour le moins énergique :  Pour le séjour des malades dans les bains, c'est d'une petite demi-heure, car tout aussitôt que le coeur manque et qu'on abonde en sueurs sur le visage, il faut se faire porter hors du bain, autrement on tomberait en syncope. Après le bain, se couvrir d'une robe de chambre, se mettre dans une chaise, chacun se fait porter dans son logis où l'on se couche dans un lit bien chauffé pour suer une demi-heure.

L’exemplaire présenté provient de la bibliothèque du docteur Blanc, dispersée en 2010, et avant elle de la bibliothèque du médecin lyonnais Marc-Antoine Petit avec son super-libris doré sur le premier plat. Chirurgien-Major de l’Hôtel-Dieu de Lyon, membre du conseil municipal, et de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon, il légua une partie de sa bibliothèque à la ville de Lyon.

Devenu rarissime, pour ne pas dire introuvable, l’ouvrage manquait à la plupart des bibliothèques médicales bien qu’il avait été réédité en 1688 [1] ; aussi le docteur Léon Brachet décida, en 1891, de le faire réimprimer par Ducloz à Moutiers en Tarentaise avec une préface et des notes bibliographiques par Victor Barbier (1828-1898), le célèbre conservateur de la bibliothèque municipale de Chambéry. C’est une copie page à page du texte original, sur beau papier, l’auteur n’hésitant pas à reproduire à l’identique ou dans leur style les lettrines gravées, bandeaux et culs de lampe. Le tirage est de 500 exemplaires, tous numérotés.

La réimpression du docteur Brachet

Cet ouvrage marque le début d’une longue suite de publications consacrées aux eaux d’Aix, parmi lesquelles nous pouvons citer, parmi les principales, celles de :

1/ Jean Panthot : Brèves dissertations sur l'usage des bains chauds et principalement des eaux d'Aix, Lyon, Jacques Guerrier, 1700. 

2/ Joseph Daquin: Analyse des eaux thermales d'Aix en Savoye, dans laquelle on expose Les diverses manières d'user de ces eaux, la méthode & le régime de vivre qu'il convient de suivre pendant leur usage, & les différentes maladies pour lesquelles elles sont employées ; avec plusieurs Observations qui y sont relatives, pour en constater les propriétés. Chambéry, de l'imprimerie de M. F. Gorrin, imprimeur du Roi, broché de l'épitre au Roi, de la préface et des préliminaires. Edition originale selon Quérard mais il existe des exemplaires à la date de 1772, avec la même pagination mais dont le faux titre et le titre sont différents.

L'Analyse des Eaux d'Aix par Joseph Daquin, 1773

L'analyse des eaux d'Aix par le citoyen Socquet, 1802

Plan de la grotte inséré dans l'ouvrage de Socquet

Le médecin savoyard Joseph Daquin, outre son statut de créateur de la médecine psychiatrique dite aliéniste, présente un intérêt tout particulier pour le thermalisme car c’est en constatant la méconnaissance des eaux thermales et leur prescription aveugle qu'il a décidé de mettre en œuvre ses recherches et de proposer son analyse.

Il évoque notamment dans cet ouvrage les thermes romains qui furent redécouverts par hasard l'année de la publication de son étude. Sa thèse, fort rare, établie scientifiquement la qualité des eaux d'Aix et leur prépondérance.

L’ouvrage sera republié sous le titre Les Eaux thermales d'Aix dans le département du Mont Blanc, Chambéry, Cléaz 1808.

3/ Socquet, Analyse des eaux thermales d'Aix (en Savoie), département du Mont-Blanc, Chambéry Cleaz, 1802.

4/ Constant Despine : Manuel de l'Etranger aux eaux d'Aix ; Annecy, Burdet, 1834.

Si les eaux d’Aix font merveilles, ce ne sont pas les seules car il faut compter aussi sur les vertus des eaux de Challes et de la Boisse, pour rester dans les environs de Chambéry.

Celles de la Boisse retiennent l’attention des bibliophiles en raison de la longue polémique qu’elles déclenchèrent au sujet de leurs bienfaits supposés. Il est difficile d’imaginer aujourd’hui, dans la banlieue industrielle de Chambéry, cette source qui coulait inlassablement au pied d’une colline boisée. Elle aurait pu changer le destin de la cité des ducs, faisant de Chambéry une station thermale capable de rivaliser avec Challes-les-Eaux ou Aix-les-Bains.

Déjà, en 1738, le docteur François Grossy, ami de Mme de Warens, protectrice du jeune Jean-Jacques, la conseillait à ses patients. Dix ans plus tard, son disciple, le docteur Fleury, la prescrit aux soldats de l'armée d'occupation espagnole. Très vite, la rumeur se répand dans les chaumières.

L'eau de la Boisse a le don de prévenir plus d'un malaise, de dissiper plus d'une migraine, de guérir plus d'une langueur et de rétablir dans leur état normal les nerfs agacés, chuchotent les habitants.

Coquettes et dandys en font un remède à la mode jusqu'à ce que Joseph Daquin démente les qualités de cette eau qu'on croyait ferrugineuse. S'appuyant sur une expérience, il déclare formellement que cette eau au goût dur, terreux, rebutant, ne contient aucun principe minéral, pas même de fer, et la couleur rouille déposée sur les pierres par la source est commune à tous les endroits par où s'écoulent les marais.

Sur ordre du roi à Turin, l'intendant Vacca fait exécuter des travaux de soutènement et achète le terrain en 1778. Mais, bientôt, la polémique divise le monde scientifique. En 1830, les travaux de deux pharmaciens confirment scientifiquement les qualités minérales de l'eau, qu'ils comparent à celle de Spa et d'Evian. Présentée aux expositions de Turin et de Paris, elle ne sera jamais exploitée. L'enthousiasme retombe peu à peu. Et son existence se perd dans les tréfonds de l'oubli. Seuls subsistent une suite de petits ouvrages, difficiles à réunir, qui sont cités en partie par l’Abbé Grillet :

1/ Lettre adressée au docteur Daquin sur les eaux de la Boisse par M Despines père. 1777

2/ Analyse des eaux de la Boisse par M Daquin. Chambéry ,1777, in-8 

3/ Boessia salutifera en vers latins et français par Mr François Marie Thérèse Panisset professeur de rhétorique et préfet des Etudes du collége de Chambéry, 1778, in-8.

4/ Lettres sur les vertus des eaux ferrugineuses de la Boisse près de Chambéry, écrite à M Potôt professeur du collège de médecine de Lyon par M Fleury proto-médecin de la province de Savoie. Chambéry, chez J Lullin, 1778 in-8. Seconde édition, augmentée des Observations sur les Cures opérées par ces Eaux. (La première édition est inconnue)

5/ Lettre contenant l'analyse des eaux de la Boisse et quelques réflexions sur cette analyse pour servir de réponse à la brochure de M. Fleury, exerçant le Proto-Médicat de Savoie à Chambéry. Lyon, Regnault 1778. In-8 de 46 pp (1) f bl - 69 pp., (3) pp (Dern.p. bl.)

6/ Lettre contenant l’histoire et un essai d’analyse des eaux de la Boisse pour servir de réponse à M Chastaignier de Lyon par M Boisset fils. Turin, chez Briolo, 1779, In-8 de 46 pp (1) f bl - 70 pp., (1) f

7/ Analyse des eaux de la Boisse près de Chambéry, faite à l'invitation de M. Fleury, docteur de Montpellier & de Turin, représentant le magistrat du proto-médicat dans la ville de Chambéry & province de Savoye... par M*** (Tissier). Chambéry, Gorrin, 1779. In-12 de 30 pp. L'auteur, François -Marie Tissier, dit Tissier père, était Maître en pharmacie de la ville de Lyon.

L’abbé Grillet ne cite pas l’ouvrage de Chastaignier ni celui de Tissier. Il est étonnant de constater le nombre de publications que déclencha les supposée vertus d’une source qui ne fut jamais exploitée !



Trois pages des Lettres sur les vertus 
des eaux ferrugineuses de la Boisse par Fleury, 1778



Analyse des Eaux de la Boisse par Tissier, 1779

Lettre contenant l'analyse des eaux de la Boisse
 par Chastagnier, 1779

Lettre contenant l'Histoire et un Essai d'Analyse
 des Eaux de la Boisse par Boisset, 1779

Il y eut tout autant de brochures sur les bienfaits des eaux de Challes, petite station thermale aux portes de Chambéry, fief des comtes de Challes puis des Millet de Challes. En 1792, la Savoie se rallie à la Révolution, provoquant l’exil volontaire du marquis de Milliet. Leur château fut alors racheté par l'ancien intendant du marquis, nommé Balmain. Son gendre, Louis Domenget, médecin du Roi et de la famille royale en Savoie, professeur de médecine, de chimie et de botanique découvrit, lors d’une promenade le 11 avril 1841, une source d’eau sulfureuse qu’il étudia, expérimenta et fit connaître au monde savant.

Cette découverte a complètement changé le devenir du village voisin qui s’appelait alors Triviers. C’était jusqu’alors une petite commune rurale pauvre, qui avait du mal faire face à ses dépenses (au début du 19ème siècle, elle n’est pas capable de payer les travaux de l’église ni le curé). L’exploitation des eaux thermales va amener la commune à se développer avec la construction de nombreux hôtels et pensions, d’une ligne de tramway vers Chambéry, etc. Pour être plus attractive pour les touristes, la commune demande à changer de nom dès les années 1860. C’est ainsi que Triviers devint Challes-les-Eaux par un décret du 12 février 1872.

Le Nouveau Recueil de Faits et Observations 
sur les eaux de Challes de Louis Domenget, 1845

La reliure aux Armes du roi Victor-Emmanuel II de Savoie

Louis Domenget a fait publier plusieurs opuscules sur les caractéristiques de la source, dont le Nouveau recueil de faits et observations sur les eaux de Challes en Savoie (Chambéry, Puthod, 1845) et dix ans plus tard ses Considérations sur les eaux Minérales naturelles, sulfureuses, alcalines, iodurées, bromurées, glairineuses de Challes en Savoie près Chambéry (Chambéry, Imprimerie Nationale, 1855). Un exemplaire de présent du Nouveau Recueil fut offert au roi d’Italie, Victor-Emmanuel II de Savoie. Pour l’occasion l’opuscule in-8 fut imprimé au format in-folio et habillé d’une reliure aux armes de la Maison de Savoie, donnant ainsi des marges disproportionnées à l’exemplaire.

De cette longue énumération de titres, force est de conclure que les sources thermales de Savoie ont fait presque couler plus d’encre qu’elles ne débitent d’eau !

Bonne Journée,

Textor



[1] Cabias, Les Vertus merveilleuses des Bains d'Aix en Savoie, 1688 - Cette édition est presque aussi rare que l'édition originale de 1623 (Guilland, Bibliographie d'Aix). On en connaît quatre exemplaires conservés dans les dépôts publics : BnF, BM Lyon, Chambéry et Iéna.


lundi 29 août 2022

L’imprimeur de Cologne Bartholomeus de Unckel (1477)

L’imprimerie est arrivée très tôt à Cologne, ville universitaire en plein essor, sans doute peu de temps après le sac de la ville de Mayence (28 Octobre 1462) par l’entremise du typographe Ulrich Zell dont la présence est attestée pour la première fois dans cette ville le 17 Juin 1464 par une mention dans les registres de l’université.  

A partir des années 70, il n’est plus le seul à exercer son art. Plusieurs typographes le rejoignent : Johann Guldenschaft, Arnold Therhoernen, Johann Schilling, Johann Koelhoff l’aîné, Nicolas Goetz…

Parmi eux, le maitre-imprimeur Bartholomeus de Unckel a laissé une empreinte discrète dans l’art typographique. Il n’a utilisé qu’une seule fonte de caractères pendant sa courte carrière mais toutes ses impressions sont d’une esthétique indéniable qui les font rechercher encore aujourd’hui par les bibliophiles avertis. Je n’ai qu’un seul livre issu de ses presses, un commentaire théologique de Pierre Bersuire sur la Bible intitulé Liber Bibliae moralis. (Le livre moralisé de la Bible).

Incipit du liber Bibliae Moralis
Une page de l'ouvrage permettant d'aprécier la netteté des caractères.

C’est un extrait d’une œuvre beaucoup plus vaste intitulée Reductorium morale, une encyclopédie dont l’objectif est d'exposer la leçon morale qui peut être retirée de tous les objets considérés (Dieu, les anges, les démons, l'Homme, les organes du corps, les animaux, les plantes, les minéraux, les éléments physiques, etc...). Le Reductorium était originellement composé de 13 livres, mais comme l’explique la préface, de nouvelles idées conduisirent à la rédaction de 3 livres supplémentaires : Liber de naturae mirabilibus (XIV), Ovidius moralizatus (XV) and Liber bibliae moralis (XVI), chacun avec son propre prologue. Ainsi, le livre XV est un commentaire moral des Métamorphoses d'Ovide (Ovidius moralizatus), et le présent livre XVI un commentaire moral de la Bible.

L’ouvrage eut un grand succès et une large diffusion ; Il en existe une cinquantaine d’exemplaires manuscrits dans les bibliothèques publiques et les quatre premières versions incunables sont celles d’Ulm et de Strasbourg (1474), suivies par deux autres, en 1477, celle de Cologne par Bartholomeus de Unckel [1] et celle de Deventer, par Richard Paffraet.

Nous manquons d’une quelconque information sur les circonstances de la vie de Bartholomeus de Unckel. Son nom permet de déduire qu’il était originaire d'Unkel sur le Rhin, petite bourgade rurale à une vingtaine de kilomètres de Bonn et une cinquantaine au sud de Cologne. Il était alors fréquent que les imprimeurs portassent le nom de leur ville d’origine, ce fut le cas pour Ulrich Zell, Nikolaus Götz von Schlettstadt, Goswin Gops von Euskirchen, Petrus in altis de Olpe, Ludwig von Renchen, etc.

Unkel était une cité en plein développement, qui entamait la construction de ses fortifications et qui entretenait de nombreux liens, tant économiques que religieux, avec Cologne. La majeure partie de la production de vin du Rhin, principale source de revenus d'Unkel, partait pour Cologne. Les seigneurs de Breitbach, originaires d'Unkel, donnèrent des abbés à l'abbaye bénédictine de Cologne et un Arnolt von Unckel, moine de l'ordre franciscain, était Évêque auxiliaire de Cologne.  

Pages de l'ouvrage rubriquées et enluminées à l'époque.

Nous ne savons rien non plus de sa formation universitaire mais il y a tout lieu de penser qu’elle se déroula à Cologne qui était la zone d’attraction intellectuelle naturelle pour les habitants de la région du Churköln. Les recherches les plus récentes n’ont rien donné à ce sujet et pourtant Maria Rissel, pour sa thèse [2], avait épluché le registre universitaire de Cologne au XVe siècle. Aucun étudiant ou aucune obtention de diplôme universitaire n’apparait sous le nom de Bartholomeus de Unckel. Son nom n'apparaît pas non plus dans les registres des autres universités allemandes alentours, ni dans les listes de commémoration des défunts ou même sur les registres des fonctionnaires de Unkel publié par Hans Vogts. 

Il faut donc se contenter de ce que nous apprend la liste de ses éditions. Il exerça le métier d’imprimeur entre la fin de l’année 1475 jusqu’en 1484, voire un peu plus si l’on prend en compte une impression de mars 1486 d’attribution douteuse, puis il disparut complètement de la vie économique ce qui peut vouloir dire qu’il est mort brutalement ou bien qu’il est entré dans un couvent pour se retirer du monde comme cela arrivait parfois pour les intellectuels âgés. Son matériel typographique fut recueilli par Quentell.

 Bartholomeus de Unckel n’utilisait ni numérotation de pages, ni signature et il ne mentionnait que très rarement la date d’achever d’imprimer. Sur la petite quarantaine d’ouvrages [3] sortis de ses presses seulement 9 d’entre eux portent une date. Et la plupart des autres sont mentionnés dans les catalogues des bibliothèques publiques comme étant « autour de 1480 », sans plus de recherche pour établir une chronologie. Quand un imprimeur n’utilise qu’un seul type de caractère il est bien difficile d’utiliser la typographie pour replacer ses travaux dans le temps !

Par chance, l’ouvrage de Pierre Bersuire qu’il a imprimé est bien daté au colophon : Impressum per me Bartholomeus de Unckel sub annis dominis mille quadringentis septuagentaseptem, ipso die sancte ghertrudis. (Année de seigneur 1477 (et le 17 Mars) fête de saint Gertrude). Il s’agit donc d’une des productions de ses premières années d’activité.

Filigrane à la sirène au miroir. (Briquet 13858)
Le papier utilisé par Bartholomeus de Unckel provenait de Troyes en Champagne.

Un autre filigrane avec la lettre P surmontée de fleurs de lys. 

Nous ne savons pas davantage qui lui apprit l’imprimerie mais il parait avoir été en relation avec le premier imprimeur de la ville, Ulrich Zell, lui-même probablement formé dans l’atelier des associés de Gutenberg, Furst et Schoefer. Les caractères forgés par Bartholomeus de Unckel, un type gothique antica, présentent bien des similitudes avec les caractères de Zell mais aussi avec ceux de Terhoernen et de Quentell. Pour ce dernier, c’est sans doute parce qu’ils auraient partagé leur matériel typographique. En effet à partir de 1479, Bartolomeus de Unckel est associé à l’imprimeur de Cologne Heinrich Quentell. Au moins une édition est reconnue comme une œuvre de collaboration, la bible illustrée en langue allemande, mais il est possible qu’il y eût d’autres partages de travail bien que leurs deux noms n’apparaissent jamais ensemble, le plus probable étant que de Unckel travaillait en sous-traitance pour Quentell.

Bartholomeus a produit presque exclusivement des ouvrages en langue latine et essentiellement des livres religieux. Il avait débuté en 1475 par les homélies de saint Grégoire puis il enchaina avec d’autres œuvres des Pères de l'Église (Léon Ier, Augustin, Jérôme), ponctué par des manuels d’instruction pour les curés, comme le Manipulus Curator(um) de Guy de Montrocher de 1476, un classique du genre, continuellement réimprimé jusqu’à ce que le concile de Trente ne le rende obsolète en 1566.

Après la publication de l'édit de censure par le pape Sixte IV, qui soumet à l’autorisation préalable de l’Eglise l’impression des textes religieux, on dit que Bartholomeus de Unckel fut l'un des imprimeurs qui se conformèrent aux règlements qui y sont mentionnés, comprenant notamment l’interdiction des livres hérétiques, bien sûr, mais aussi la diffusion de la Bible en langage vernaculaire. Il peut dès lors paraitre étonnant que de Unckel ait pu participer, en 1479, à l’ambitieuse entreprise d’Heinrich Quentell pour Johann Helmann et Arnold Salmonster à Cologne et Anton Koberger à Nuremberg, consistant à imprimer la magnifique Bible en allemand avec la glose de Nicolaus de Lyra [4], dont les pages sont magnifiquement illustrées de gravures dans les marges et dans le texte.  Une œuvre qui sort du champ de production habituel de Bartholomeus de Unckel et qu’il n’aurait certainement pas pu mener seul pour la simple raison qu’il manquait à l’évidence de soutien financier. Le seul fait qu’il n'ait utilisé qu’un seul type, au cours de sa carrière, est bien la preuve qu’il était désargenté.

La Bible illustrée, exemplaire conservé à la Bibliothèque de Munich.

Certains biographes comme Voullième prétendent que la collaboration avec Quentell se poursuivit après 1479 pour la raison que Bartholomeus de Unckel enchaina l’année suivante avec un autre texte en allemand, un texte juridique dont Quentel se faisait la spécialité. Pourtant seul le nom «Bartholomaeus de Unckel » apparait au colophon. Ce livre juridique est le Sachsenspiegel, le miroir des Saxons, un coutumier qui passe pour l'une des premières œuvres en prose de la littérature allemande. C’est un témoignage important des débuts de l’unification des parlers moyen-allemands. Bien qu'il ne constitue qu'un recueil particulier du droit coutumier saxon, cet ouvrage acquit rapidement une telle influence qu'il s'imposa comme un texte juridique fondamental pour toute l’Allemagne du Nord, au-delà de la Saxe. Quentel en imprimera une nouvelle version en 1492.

Le Miroir des Saxons (Sachsenspiegel) de Eike von Repgow imprimé par Unckel.  [H]Ir begynet dat r[e]gister des eyrsten boukes des Speygels der Sassen ... (Bibliothèque de Cologne)

A la suite de cette incursion hors du domaine religieux, Bartholomeus de Unckel produira entre 1480 et 1484 différentes œuvres de Jean Gerson, Jean Nider, Saint Thomas d’Aquin, Saint Augustin. Son dernier texte connu, datable de 1484 et signé BDV, est une collaboration avec Johann Koelhoff l’ancien. Ce sont les opuscules de saint Bonaventure que ce dernier mènera à terme après l’arrêt probable de l’activité de Bartholomeus de Unckel, suite à son décès ou à un autre évènement.

Colophon de Unckel et ex-dono.

Sous le colophon de notre ouvrage figure une mention manuscrite de donation [5]. A peine 7 ans après la date d’achevé d’imprimer, Adam de Welnis, prêtre, fit contribution de ce livre à la communauté des Bogards de Zepperen, près de Saint Trond dans la province du Limbourg. Cette communauté d’artisans, essentiellement des tisserands, existait au moins depuis 1418. C’est un certain Jean de Gorre, habitant du village qui donna et assigna en l’honneur de saint Jérome un champ d’une contenance de 3 bonniers et demi, situé à Zepperen ( Jacens in parrochia villae de septemburgis alias dicte Seppris) afin d’y placer des frères bogards que le Prince-évêque Jean de Heinsbergh institua en abbaye du Tiers-Ordre de St François en 1425. Cette maison obtint rapidement divers privilèges jusqu’à devenir le chapitre général du Tiers ordre de St François.

En 1485, lors d’un chapitre tenu à Hoegarden, il fut arrêté que tous les biens mobiliers et immobiliers appartenant aux couvents de la Province qui avaient été obtenus ou acquis en faveur du Tiers-Ordre seraient transférés au chapitre général de Zepperen afin qu’ils ne fussent pas transférés à un autre Ordre ou appliqués à une autre fin. La décision fut consignée par le notaire dans un acte du 16 Octobre 1486.

La mention sur l’origine de la donation rappelle donc que celle-ci est antérieure d’un an à l’affectation générale des biens appartenant à la communauté et cette précision pourrait avoir eu son importance en rapport avec la décision du chapitre et confirmer ainsi l’affectation du livre à la communauté de Zepperen. L’utilisation du mot ‘contulit’ (contribue) plutôt que ‘donner’ semble être un indice allant dans ce sens.

Mentions sur la première garde.

Quoiqu’il en soit le livre est resté longtemps en possession des Bogards car il était encore dans leur bibliothèque 120 ans plus tard, en 1604, lorsqu’un autre bibliothécaire précisa sur le premier feuillet blanc le titre de l’ouvrage, le nom de l’auteur  et l’appartenance au Campus Sancti Hieronymi de Zepperen. Il y était encore certainement en 1744 lorsque de Saumery décrit les lieux dans ses Délices du pays de Liège ...

Bonne Journée

Textor

 

Annexe : Liste des impressions de Bartholomeo de Unckel

 présentes dans les Bibliothèques Publiques selon l’ISTC

 

1475     - Gregorius I, Pont. Max : Homiliae super Evangeliis. Add: Origenes: Homiliae [Cologne : Bartholomaeus de Unkel], 9 Dec. 1475. – f°. – ISTC ig00419000

1475     - Leo I, Pont. Max : Sermones. Add: Johannes Andreas, bishop of Aleria, Letter. Symbolum Nicaenum. Testimonia quod Jesus semper verus sit deus et verus homo [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, 1475]. – f°. – ISTC il00133000

1476     - Guido de Monte Rochen : Manipulus curatorum. Add: Jacobus de Fusignano: De arte praedicandi. Simon Alcock: De modo diuidendi thema pro materia sermonis dilatanda. Ars moriendi Cologne : Bartholomaeus de Unkel, 6 Apr. 1476. – 4°. – ISTC ig00572000

1477     Berchorius, Petrus : Liber Bibliae moralis [Cologne] : Bartholomaeus de Unkel, 17 Mar. 1477. – f°. – ISTC ib00339000


1477     - Keyerslach, Petrus : Passio Christi ex quattuor evangelistis [Cologne : Bartholomaeus de Unkel], 20 Dec. 1477. – 4°. – ISTC ik00019000

1479     - Biblia [Low German]. With glosses according to Nicolaus de Lyra's postils Cologne : [Bartholomaeus de Unkel and Heinrich Quentell, for Johann Helmann and Arnold Salmonster in Cologne and Anton Koberger in Nuremberg, about 1478-79]. – f°. – ISTC ib00637000

1480     - Flores poetarum de virtutibus et vitiis ac donis spiritus sancti [Cologne: Bartholomäus von Unckel, vers 1480]

1480     - Eike von Repgow : Sachsenspiegel: Landrecht - Cologne : Bartholomaeus de Unkel, 1480. – f°. – ISTC ie00021000

1480     - Flores poetarum de virtutibus et vitiis, sive Sententiae [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, about 1480]. – 4°. – ISTC if00221000

1480     - Garlandia, Johannes de : Composita verborum (Comm: Johannes Synthen). With Low German gloss [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, about 1480]. – 4°. – ISTC ig00074850

1480     - Gerson, Johannes : Conclusiones de diversis materiis moralibus, sive De regulis mandatorum. Add: Opus tripartitum de praeceptis Decalogi, de confessione et de arte moriendi [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, about 1480]. – 4°. – ISTC ig00208000

1480     - Gerson, Johannes : Conclusiones de diversis materiis moralibus, sive De regulis mandatorum (I). Add: Opus tripartitum de praeceptis Decalogi, de confessione et de arte moriendi (II) [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, about 1480]. – 4°. – ISTC ig00208300

1480     - Hieronymus : Vitae sanctorum patrum, sive Vitas patrum. [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, about 1480]. – f°. – ISTC ih00202000

1480     - Johannes de Verdena : Sermones "Dormi secure" de tempore [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, about 1480]. – f°. – ISTC ij00447000

1480     - Maximilianus : Vita ac legenda sancti Maximiliani [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, about 1480]. – 4°. – ISTC im00382500

1480     - Nider, Johannes : De morali lepra [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, about 1480]. – 4°. – ISTC in00192000

1480     - Tabula in omnes Sacrae Scripturae libros. Vocabula difficilium verborum bibliae [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, about 1480]. – f°. – ISTC it00005000

1480     - Traversanus, Laurentius Gulielmus, de Saona : Modus conficiendi epistolas [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, about 1480]. – 4°. – ISTC it00427810

1480     - Cordiale quattuor novissimorum [Cologne] : Bartholomaeus de Unkel, [about 1480]. – 4°. – ISTC ic00886000

1481     - Hieronymus : De viris illustribus. Add: Opuscula Gennadii, Isidori et aliorum de scriptoribus ecclesiasticis [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, about 1481]. – 4°. – ISTC ih00193000

1481     - Johannes de Hildesheim : Liber de gestis et translatione trium regum [Cologne] : Bartholomaeus de Unkel, 1481. – 4°. – ISTC ij00338000

1481     - Nider, Johannes : Manuale confessorum [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, about 1481]. – 4°. – ISTC in00186000

1481     - Rolewinck, Werner : De regimine rusticorum [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, not before 1481]. – 4°. – ISTC ir00294000

1481     - Thomas Aquinas : De eucharistia ad modum decem praedicamentorum, sive De corpore Christi (Pseudo-). Expositio orationis dominicae [possibly no. 7 of his Opuscula?]. Add: Nicolaus de Lyra: Dicta de sacramento [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, about 1481]. – 4°. – ISTC it00293000

1482     - Augustinus, Aurelius [Cologne : Bartholomaeus de Unkel], 9 Aug. 1482. – 4°. – ISTC ia01252000

1482     - Augustinus, Aurelius : De disciplina christiana [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, about 1482]. – 4°. – ISTC ia01261000

1482     - Augustinus, Aurelius : De doctrina christiana [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, about 1482]. – 4°. – ISTC ia01262000

1482     - Augustinus, Aurelius : De moribus ecclesiae catholicae [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, about 1482]. – 4°. – ISTC ia01296000

1482     Augustinus, Aurelius : De vita christiana. De dogmatibus ecclesiasticis [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, about 1482]. – 4°. – ISTC ia01358000

1482     - Gregorius I, Pont. Max : Dialogorum libri quattuor [Cologne] : Bartholomaeus de Unkel, [not after 1482]. – 4°. – ISTC ig00404000

1482     - Jacobus de Voragine : Tractatus super libros sancti Augustini [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, 1482?]. – 4°. – ISTC ij00203000

1483     - Cordiale quattuor novissimorum [Cologne] : Bartholomaeus de Unkel, 1483. – 4°. – ISTC ic00891000

1484     -Epistolae et Evangelia [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, about 1484]. – 4°. – ISTC ie00064230

1484     - Psalterium [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, between 1475-1484]. – 8°. – ISTC ip01044500

1484     - Bonaventura, S : Opuscula [Cologne] : B.D.V. (Bartholomaeus de Unkel) [and Johann Koelhoff, the Elder], 1484[-85]. – f°. – ISTC ib00924000

1486     - Coelde van Munster, Dirk : Kerstenspiegel [Low German] Christenspiegel (Hantbochelgin oder Spegel des Kirstenmynschen) [Cologne : Bartholomaeus de Unkel?], 7 Mar. 1486. – 8°. – ISTC ic00747700




[1] Il existe plusieurs transcriptions de son nom. L’imprimeur lui-même écrit invariablement Bartholomeus de Unckel dans chacun des colophons qu’il a laissés (Bersuire, Montrocher, Grégoire, Jean de Hildesheim, etc.). Nous opterons pour cette version. La forme internationale retenue par la BNF est Bartholomäus von Unckel mais on le trouve à l’entrée Bartholomaus de Unkel dans l’ISTC.

[2] Voir Maria Rissel Späte Ehren für den Frühdrucker Bartholomäus von Unckel - Heimersheim : M. Rissel, 1999.

[3] 36 entrées selon l’ISTC, voir la liste en annexe.

[4] Biblia, Übers. aus dem Lat. Mit Glossen nach der Postilla litteralis des Nicolaus de Lyra, Vorrede und Register, Köln, [ca. 1478/79] BSB-Ink B-494 - GW 4308]

[5] Dns (Dominus) Adamus de Walonis pbr (presbyter) contulit campo gloriosi Jheromini -  ?? - conventui 3ij (tertii) ord (inis) almi ? - Pres(byter) - francisce  in zeppere hunc librum a° (anno) xiiij c lxxxiiij°, amore ihu (Ihesu) Xri (Christi) pro eo orate, ce qui peut être transcrit approximativement par Maitre Adam de Welnis (ou Walonis), prêtre, a donné au Champ saint Jérome .. couvent du tiers ordre de Saint François de Zepperen ce livre en l’année 14 cent 84, priez pour lui et l’amour de Jésus Christ.