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dimanche 24 novembre 2024

Le plan de Paris de Nicolas Maire (1803)

L’ingénieur topographe Nicolas Maire tenant boutique à Paris, 34 rue Charlot, au Marais, décida, en 1803, d’éditer un plan de Paris dont il nous dit qu’il n’est pas utile de démontrer l’exactitude géométrique. Ce nouveau plan est précieux en ce qu’il donne une vue détaillée de Paris sous le Consulat agrémenté de notes pittoresques.

La planche gravée portant le titre de l’édition de l’An XII (1803)

C’est un plan gravé sur papier fort par Perrier Oncle, complété d'un texte rédigé par Pélicier, illustré de vingt planches figurant les différents quartiers de Paris et d’un plan d’assemblage. Il existe des exemplaires "lavés" (passés au lavis, coloriés) et d'autres laissés en l'état comme le précise la note introductive.

Le titre et le tableau d'assemblage occupent les deux premières planches. Suivent les vingt plans de quartiers avec le détail des monuments et les principaux hôtels, églises, couvents, collèges ou parcs d’attraction, etc. Le relief et des symboles pour la végétation complètent les cartes, de manière suffisamment exacte pour qu’on puisse reconnaitre, par exemple le labyrinthe du Jardins des Plantes. Pour finir quatre planches gravées composent un tableau des noms de rues.

Planche 2 les villages du Roule et des Ternes (orthographié Thermes)

Nicolas Maire n’a pas laissé beaucoup d’information sur sa vie, nous n’avons ni sa date de naissance ni celle de sa mort, nous savons simplement qu’il dirigeait un cabinet topographique actif entre 1803 et 1840. Outre le plan général de Paris, il édita un Atlas administratif de la ville de Paris (1821) et des cartes de l’Empire français de l’Europe d’après les derniers traités et des routes topographiques.

Pour ses travaux parisiens, Nicolas Maire s’est basé sur les plans de ses prédécesseurs, principalement le plan de l’abbé Delagrive, dont il reprend le fond de carte à la même échelle de 1/4500e.  Le plan de Delagrive, gravé en six feuilles, avait été publié en 1728, puis complété jusqu’en 1754. C’est un des sommets de la cartographie parisienne. Il sera souvent repris comme fond topographique par les cartographes de la génération suivante, comme Le Rouge[1].  Nicolas Maire s’est contenté de mettre à jour le document par des visites sur le terrain, suivant en cela les recommandations de Delagrive : un bon plan doit comprendre la totalité des faubourgs et des rues, qui doivent être représentées avec exactitudes dans leur largeur et leur tracé…. J’ai examiné les rues pendant près de deux ans, la toise, la chainette et la boussole à la main. Puis Maire a complété ses sources avec les plans et archives des architectes. Il cite dans ses observations finales les noms de Messieurs Ledoux, Bellanger, Bonnard et feu Antoine.

Le futur quartier de la Nouvelle Athènes sous la Barrière des Martyrs.

La Cité selon le plan de Nicolas Maire comparé aux mêmes lieux sur le plan de Jaillot (1774)

La première édition du plan de Nicolas Maire, intitulée Plan de la ville de Paris dressé géométriquement d’après celui de La Grive - An XII (1803) est en 26 planches montées sur onglets. Certains édifices, délabrés par la Révolution, sont en cours de destruction, comme le couvent des Chartreux (dans l’actuel Jardin du Luxembourg) mais Nicolas Maire choisit de les maintenir dans le paysage urbain, sans doute par facilité et reprise des anciens plans. Il ajoute néanmoins un commentaire de son cru : Ce Plan devant servir à l’Histoire nous donnons les Chartreux tels qu’ils étoient.

Il y aura quatre éditions en tout. La seconde édition est publiée en 1808 sous le titre : La Topographie de Paris dans laquelle les nouveaux hôtels particuliers sont reportés comme le nouveau quartier de la place Vendôme et de la rue de Rivoli. Elle est plus complète car les anciens noms de rue rebaptisés à la Révolution puis débaptisés sous l’Empire y figurent ainsi que le tracé des projets de nouvelles voies comme la rue de Rivoli sur les emplacements des couvents des Capucins et des Feuillants. Maire ajoute dans l’avis au lecteur que cette nouvelle édition a été rendue nécessaire par le changement impérial survenu dans la ville de Paris, non seulement la recomposition de nombreuses rues de Paris par Décret impérial, mais également les changements survenus dans cette ville, percées de rues nouvelles, travaux d'embellissement, notamment du Louvre et de l'hôtel de ville.

La troisième édition paraît en 1813 avec les mises à jour des réalisations architecturales et urbaines parisiennes représentant les derniers aménagements publics (abattoirs, marchés) et la préfiguration de certains travaux napoléoniens qui ne furent pas tous réalisés.

La dernière édition de 1824 intègre les transformations des plaines d’Ivry et de Châtillon, lieux de plaisir fréquentés par les parisiens pour leurs guinguettes champêtres.

La Montagne Sainte Geneviève

Le village de Vaugirard réduit à un simple hameau.

Ce plan ajoute des informations intéressantes par rapport à ceux qui existaient jusqu’alors. Nicolas Maire nous dit qu’on trouvera dans son ouvrage des augmentations et des détails intérieurs qu’on ne trouve nulle part, ni dans Delagrive, ni dans Jaillot, ni même dans le magnifique plan de Verniquet en soixante et douze feuilles. Pourtant, Jaillot avait fait œuvre d’historien de Paris dans son ouvrage Recherches Critiques, Historiques et Topographiques sur la Ville de Paris (1774), agrémenté de vingt-cinq plans de quartiers particulièrement détaillés à l’échelle de quatre cents toises, donc à une échelle plus fine que le plan de Maire.

Les plans précédents ne relevaient que les bâtiments publics tandis que celui-ci décrit les hôtels particuliers les plus notables avec le nom de leur propriétaire du moment. Vers la rue du Faubourg Saint-Honoré figure l’hôtel Duras, le hameau de Chantilly (futur palais de l’Elysées, pl. 6), plus loin, rue de la Pépinière (pl. 2) figure l’hôtel de Monsieur de Wailly, toujours existant. La demeure du conventionnel Tallien appelée la Chaumière Tallien est mentionnée à l’intersection du Cours la Reine et de l’Allée des Veuves dans un espace peu construit où figurent encore des fermes (pl. 5).

Par ailleurs, Nicolas Maire pense aux voyageurs étrangers qui achèteront son plan pour visiter la ville et il fait insérer par Pélicier des commentaires d’ordre touristique dans les espaces laissés libres par l’urbanisation. Sur le plan 3 pour l’enclos Saint Lazare (emplacement actuel de l’hôpital Lariboisière et de la gare du Nord), il écrit en une forme quasi versifiée : Quel enclos immense dans les murs de Paris ! Il est beaucoup plus grand que le jardin des Thuilleries. Sur l’emplacement des jardins situés derrière les hôtels de la rue du Faubourg St Honoré, il précise : Enfilade d’Hôtels magnifiques. Du côté des Buttes Chaumont, d’où l’on découvre tout Paris, il ajoute une note : Tout ce terrain compris entre le Boulvard, la Route de Meaux et la Butte Chaumont est couvert des restes cadavreux des animaux et des immondices de cette vaste cité. Et il n’oublie pas de faire figurer les fourches patibulaires de Montfaucon, survivance du plan de Delagrive car les derniers vestiges de ce fameux gibet avaient été détruits à la Révolution.  

De l’autre côté de Paris, c’est le Château de Grenelle qui mérite une mention : Ici l’école Militaire se déploie dans toute sa beauté au milieu de la campagne la mieux cultivée avec son vaste et magnifique champ de Mars.

Le plan présente l’avantage de donner une vue assez large de Paris et de sortir de l’enceinte des Fermiers Généraux, ce qui permet d’avoir une représentation des petits villages de Vaugirard, des Ternes, de Ménilmontant ou de Charonne au tout début du XIXème siècle.

La ville a tant changé depuis cette époque que c’est un vrai plaisir d’arpenter ce plan, comme aurait pu le faire un badaud d’il y a deux cents ans, le nez en l’air, passant de la rue des Trois Diamants à la rue des Terre-Fortes ou à la rue Taille-Pain qui aboutissait fort opportunément dans la rue Brise-Miche...

Bonne Journée,

Textor

Demi basane au dos lisse orné. Reliure de l’éditeur.



[1] Voir Pierre Pinon, Bertrand le Boudec in Les Plans de Paris, histoire d’une capitale.

 

mardi 6 octobre 2020

Interlude : le Guide Bleu du Figaro ou le parisien désorienté. (1889)

Comme je ne peux pas me résoudre à faire paraitre un article portant le numero 13, vous aurez droit à deux billets simultanément, celui-ci ne m’ayant pas demandé beaucoup de recherches !

A noter que les plans de Paris avaient à l’origine une orientation Est-Ouest depuis le plan de Munster jusqu’au plan de Jaillot, avec l’Ouest en bas de la carte, ou plus exactement une orientation de l’amont à l’aval de la Seine, parfois une orientation Ouest-Est (Plan de Quesnel) jusqu’à ce qu’ils prennent l’orientation classique Nord-Sud (Delagrive, Roussel) que nous leur connaissons aujourd’hui. Mais c’est la première fois que je trouve un plan orienté Sud-Nord avec l’Ile Saint-Louis à gauche et l’ile de la Cité à droite, la rive gauche au Nord, la rive droite au Sud, etc. De quoi désorienter un vieux parisien….  

 

Le Guide Bleu, 1 franc

Le palais des machines

Le pavillon du Figaro

Le pavillon de Monaco

Le plan de l’Expo

Le plan de Paris avec les moyens de transport.

Bonne Journée

Textor