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mercredi 25 octobre 2023

Pierre Moreau, fondeur de caractères imitant le naturel de la plume. (1643-1648)

Depuis qu’existe l’art typographique, les fondeurs de caractères ont toujours tenté de se rapprocher au mieux de l’écriture calligraphique. C’était déjà l’objectif de Gutenberg qui voulait masquer le caractère « industriel » de sa Bible à 42 lignes en multipliant le dessin d’une même lettre. C’est aussi ce que rechercha Francesco Griffo lorsque Alde Manuce lui demanda de créer une nouvelle police cursive pour son Virgile de 1501.

Une nouvelle tentative d’imiter par la typographie l’art de la plume revient à Pierre Moreau à un moment où la cursive gothique avait presque complètement disparue. Elle avait eu son heure de gloire un siècle plus tôt lorsque Robert Granjon, à peine arrivé à Lyon en 1557, avait imaginé un nouveau type de caractère d’imprimerie, les lettres françaises (ou caractères de civilité) avec l’objectif avoué de concurrencer les polices typographiques italiennes. L’entreprise avait échoué car le public donna sa préférence au romain et à l’italique, mais il nous reste quelques beaux livres imprimés dans ces fontes très esthétiques.

Avis au Lecteur – Les Saintes Métamorphoses (Détail)

Portrait de Pierre Moreau à 28 ans 
reproduit dans l’ouvrage d‘Isabelle de Conihout.

Pierre Moreau est une personnalité originale du XVIIème siècle qui s’est faite rapidement remarquer de ses contemporains [1]. Il a été conduit à imaginer des caractères de civilité en partant de la calligraphie qu’il enseignait. Il avait été reçu Maitre-Ecrivain en 1628 et formait ses élèves à l’art du bien écrire. Portalis signale ses manuels de calligraphie bien que nous n’ayons conservé aucun manuscrit pouvant lui être attribué.

Nous savons peu de chose sur la vie de Pierre Moreau sinon qu’il est issu d’un milieu assez aisé. Son père, Gaspard, officie dans la finance et non pas dans le milieu de la librairie ou de la gravure. Quand Pierre Moreau fait publier son premier livre en 1626, intitulé les Vrays Caracthères de l’escriture financière, il se dit clerc aux finances. Il produira plusieurs ouvrages sur ce thème pour aider à maitriser le style d’écriture dite financière, une ronde en usage chez les notaires, dans les juridictions et de manière plus générale dans le monde des affaires, comme cet ouvrage dont le titre est tout un programme : Les Œuvres de Pierre Moreau parisien, enrichies des plus belles inventions que requiert la vraye lettre financière pour l’escrire proprement, coulamment et bien (Ouvrage qui peut être daté de 1627).

Extrait du Privilège des Saintes Métamorphoses de 1644 
montrant plusieurs ornements typographiques.

Il passe ensuite aux livres religieux. En 1631, il publie un premier livre d’heures entièrement gravé, les Sainctes prières de l’âme Chrétienne, escrite et gravées après le naturel de la plume, dédié à la reine Anne d’Autriche, ouvrage qui lui avait demandé près de 5 années de travail. Suivront plusieurs livres religieux ou variantes des heures gravées puis à nouveau des modèles de lettres financières, soit en écriture ronde, appelée lettres françaises, soit en lettres bâtardes, dites lettres italiennes, qui, perfectionnées par les français, devenaient le style à la mode et qu’il appelait Italienne Bastarde à la Française (1633).  

Ses livres gravés ont rencontré un certain succès. Suffisamment pour qu’il soit obligé de prévenir ses clients qu’il valait mieux travailler à partir de ses propres ouvrages plutôt que des pâles contrefaçons qui circulaient : Cher Amy, ne t’arrête pas à imiter ces exemples burinés que l’on a si malicieusement contrefaits sous mon nom… Pour recognoistre mes vrais originaux, quoique très facile, tu y remarqueras le privilège du Roy et le surnom. Effectivement, il avait pu obtenir un privilège d’écrivain-juré.

Il était assez fier de son travail et du succès qu’il rencontrait. Il jugeait ses productions bien meilleures que les écritures tortillonnées dont les écrivains de village faisaient leurs trophées et il plaidait pour un style épuré. Aux prouesses calligraphiques, il préférait la belle italique et l’élégant caractère romain dont le modèle le plus célèbre restait celui du maitre-écrivain Nicolas Jarry (1615-1666).

Page de titre et frontispice des Saintes Métamorphoses.

Mais Pierre Moreau voulait aller plus loin, passer de la gravure à la typographie et chercher à rivaliser en typographie avec les somptueuses productions des calligraphes de son époque. La création d’une fonte spécifique coutait très cher et il dut pour cela emprunter des fonds et les faire garantir par son épouse, Pierrette Petit, qui n’apprécia guère devoir signer une obligation de 900 Livres-tournois. Elle fit protestation et réserves devant un notaire, estimant avoir été forcée par son mari à son détriment et à celui de ses enfants [2]. (25 Aout 1635)

Il n’y eut pas seulement sa femme pour contrecarrer son projet. Le 12 Octobre 1638, il se vit opposer un refus à une demande de privilège pour plusieurs titres, deux livres de Prières selon l’Eglise Romaine en plusieurs sortes de caractères, un discours et quatre alphabets pour l’Instruction et l’Intelligence de l’Ecriture. En effet, Pierre Moreau n’avait pas encore la qualité d’imprimeur et ne pouvait pas exercer la typographie.

Après bien des tracas, en janvier 1639, il fut autorisé à graver des poinçons de caractères, en frapper les matrices pour mouler lesdits caractères avec une exclusivité de 10 ans. Ce nouveau statut lui permettait de se lancer officiellement dans l’imprimerie mais le chemin était encore pavé d’embuches. Auguste-Martin Lottin, imprimeur du Roi, qui avait eu l’honneur de faire jouer le jeune dauphin, futur Louis XVI, alors âgé de 11 ans, sur une presse installée à Versailles et qui rédigea ensuite un catalogue chronologique des librairies et libraires-imprimeurs de Paris (1789) signale Moreau à la date de 1640 comme imprimeur et libraire dans le genre de son invention, une sorte de caractère typographique imitant l’écriture bastarde. C’est donc, semble-t-il, à partir de 1640 que Pierre Moreau publie des livres avec ces caractères originaux qui sont très recherchés aujourd’hui. Toutefois Lottin s’était certainement fié au registre des privilèges plutôt qu’au démarrage réel de l’imprimerie car nous n’avons conservé aucun exemple de livre antérieur à 1643. Il avait fallu du temps pour mettre au point des caractères au style satisfaisant mais surtout se procurer davantage de fonds.

Un acte de saisie de ses biens en 1642 prouve qu’il dut faire de gros sacrifices pour mener l’entreprise jusqu’au bout. Cette saisie nous donne aussi des détails à la fois sur son train de vie et sur ses activités professionnelles.  Gabriel Taupin, sergent à verge du Chatelet se transporte au domicile de Moreau, rue Gervais Laurent dans l’ile de la Cité (A l’emplacement actuel du marché aux fleurs) et il dresse l’inventaire d’un mobilier relativement luxueux : Pièces de tapisserie, miroirs de Venise, une vingtaine de tableaux et gravures encadrés, des instruments de musique, des armes, de la vaisselle d’argent, etc…  Mais aussi des tables et des bancs qui suggère une salle de cours, une presse à imprimer en lettres garnie de son châssis, une presse de taille-douce, neuf caisses de bois remplies de caractères typographiques pesant 1200 livres et des matériaux bruts pour en fondre d’autres.

Après quelques montages financiers lui ayant permis de relouer le matériel typographique qui avait été saisi, Pierre Moreau acheva son œuvre et fut en mesure de la présenter au roi Louis XIII, au début de l’année 1643, peu de temps avant la mort de ce dernier. Il relate fièrement cet évènement dans différentes préfaces, précisant qu’il était resté plus d’une heure dans le cabinet du Roi, en présence de celui-ci et de plusieurs autres grands seigneurs, à présenter ses poinçons et matrices.  

Gravure de Saintes Métamorphoses, dessinées et peut-être gravées par Moreau.

Titre-Frontispice de l’Enéide (1648). 
Il porte la mention manuscrite de Charles-François Fournier de Neydeck, 
capitaine du Prince de Condé.

A la suite de la présentation au roi, des lettres patentes en date du 24 Mars 1643, accordèrent à Moreau une charge de graveur en taille douce et d’imprimeur ordinaire en lettres et caractères de son invention pour le récompenser des grands frais et dépenses qu’il avait dû faire pour tailler ses poinçons. Il cumulait donc le privilège de 1639 lui permettant d’imprimer pour 10 ans avec ses caractères, plus le titre très prestigieux d’Imprimeur du Roi, auquel s’ajoutait le titre d’écrivain-juré.

Tant d’honneurs suscitèrent naturellement des jalousies et la puissante corporation des imprimeurs-libraires d’un côté, celle des écrivains-jurés de l’autre, lui cherchèrent querelle. L’affaire fut portée devant la Cour du Parlement qui ne pouvait que constater les lettres patentes dûment enregistrées et son droit d’imprimer. Mais il lui manquait un privilège de librairie ; les syndics s’engouffrèrent dans la brèche et les juges lui firent défense de se mêler de vendre des livres. Ainsi Pierre Moreau pouvait continuer à imprimer mais il ne pouvait pas distribuer lui-même ses ouvrages ! C’est sans doute pour cette raison que les ouvrages sortis de ses presses en 1644 ne portent plus que l’adresse du libraire Rouvelin où les titres étaient vendus et non pas celle de l’atelier de Moreau qui était rue Saint Germain l’Auxerrois, face au Louvre, près la Vallée de la Misère.

Malgré ces oppositions, l’année 1644 fut une année faste pour Pierre Moreau : Plus d’une dizaine d’ouvrages sortirent de ses presses et il se remaria avec Jeanne Raoul, qui possédait le double avantage de n’avoir que 25 ans et 2500 livres de dot, de quoi pouvoir éponger ses dettes. Il s’agissait de la fille d’un maitre-argentier de Madame, sœur du Roi, ce qui permit sans doute à Moreau d’étendre son réseau et ses protections. Elle lui donna 3 enfants baptisés en la paroisse Saint Barthelemy car le couple avait déménagé de la rue St Germain l’Auxerrois à la rue de la Barillerie, dans la Cité, vis-à-vis l’horloge du Palais. C’est cette adresse qui apparait dans l’Enéide de Pierre Perrin, paru après le décès de Moreau, en Avril 1648.

Les préfaces de ses livres révèlent que sa stratégie de communication était bien au point. En 1645 dans un Alphabeth, pour apprendre les Enfans à promptement lire & escrire. Composé de six sortes de Caracteres, representans le naturel de la plume, Pierre Moreau explique dans l'Avis au lecteur l'apport de son édition, semblable aux précédents Alphabets par le contenu, mais estant different en son abondance & fecondité, exposant à la veuë plusieurs sortes de caracteres. Ainsi les enfans apprendont à lire ce qui est escrit à la mainet quand ils seront en aage d'aprrendre à escrire, ils traceront aysement avec la plume sur le papier.


Quelques pages de l'Enéide de Virgile de 1648. 

La production de Pierre Moreau est illustrée dans notre bibliothèque par deux ouvrages caractéristiques :

-         Le premier, chronologiquement, est intitulé les Saintes Métamorphoses ou les Changements miraculeux de quelques grands Saints, Tirez de leurs vies par J. Baudoin. Paris 1644. Il est agrémenté d’un titre-frontispice et de 12 gravures non signées, dessinées et sans doute gravées par Moreau lui-même. L’ouvrage est dédié au chancelier Séguier. [3]

-         Le second est l’Enéide de Virgile Traduite en vers françois. Première Partie. Les Six Premiers Livres. Avec les remarques du Traducteur aux marges, pour l’intelligence de la Carthe et de l’Histoire ancienne, véritable et fabuleuse. Des caractères de P. Moreau, seul imprimeur et graveur ordinaire du Roy de la nouvelle Imprimerie par luy faite et inventée. Paris 1648. Il est dédié au cardinal Mazarin et orné d’un titre-frontispice et de 6 gravures d’Abraham Bosse au début de chaque livre : La Tempeste, le Sac de Troyes, l’Avanture du Cyclope, la Mort de Didon, le Tournoi d’Enfants, la Descente aux enfers [4]. Une préface de Perrin sur la traduction et une explication des symboles du frontispice complète le tout [5].

L’aventure typographique se termina donc avec le décès de son inventeur et non pas en raison de ses démêlés judiciaires comme on le voit écrit ici ou là. Personne ne reprit la suite de l’atelier et la seconde partie de l’Enéide ne fut publiée que 10 ans plus tard en caractères italiques par Estienne Loyson. Les poinçons et matrices de Moreau furent transmis à une succession d’imprimeurs mais on ne les voit apparaitre qu’épisodiquement dans leurs productions : Denys Thierry, pus son fils, puis Collombat que les utilisa pour la presse particulière du jeune Louis XV et pour un Mémoire concernant les tailles de 1721. Les poinçons gagnèrent ensuite l’atelier de Jean-Thomas Hérissant, dont la veuve consacra une planche de son spécimen de 1772 aux ornements typographiques de Moreau. Ils finirent, pour partie, à l’Imprimerie Royale en 1788 qui les présente parfois lors de ses expositions.

Bonne Journée,

Textor




[1] L’étude la plus complète sur Pierre Moreau est celle d’Isabelle de Conihout et autres in Poésie & calligraphie imprimée à Paris au XVIIe siècle, autour de "La chartreuse" de Pierre Perrin, poème imprimé par Pierre Moreau en 1647 [Texte imprimé] avec des études d'Isabelle de Conihout, Maxime Préaud, Christian Chaput... [et al.] ; sous la dir. d'Isabelle de Conihout et Frédéric Gabriel ; préf., Henri-Jean Martin. Paris, Bibliothèque Mazarine et Chambéry, Éd. Comp'act, 2004. Stanley-Morrison connaissait une dizaine d’éditions provenant des presses de Pierre Moreau que le travail d’Isabelle de Conihout a porté à une trentaine d’ouvrages. Il reste probablement encore quelques titres à découvrir dans les recoins des bibliothèques. 

[2] Arch. Nat. Minutier Central étude CV, 595, cité par I. de Conihout.

[3] In-4 de (16) 424 pp sign. a-b4, A-Hhh4, avec des erreurs de pagination, les pp 413 à 420 sont répétées.

[4] In-4 de (20) 465 pp. (1) et une carte hors texte, sign. a-b4, c2, A-Mmm4, Nnn2,

[5] Notre exemplaire contient une mention sous le titre-frontispice : Ex-libris de François-Charles et Nic:(olas) Fournier de Bavière et Ex partage(m) de Nicolas § § Fournier (Possiblement de la main de Francois-Charles. Il pourrait s’agir de François Charles Fournier de Neydeck, décédé le 19 septembre 1678 et inhumé dans la chapelle Sainte-Anne de l’église des Cordeliers de Nancy. Il était Capitaine de Condé.

mercredi 28 septembre 2022

Les Merveilles des Bains d’Aix en Savoye et autres très-excellentes sources thermales (1623)

En cette période de sécheresse estivale, alors qu’il est loisible de traverser la Leysse à pied, il m’est apparu rafraichissant de vous présenter un certain nombre de petits ouvrages sur les bienfaits de l’eau en Savoie, eau que l’on boit sans modération depuis l’époque des romains. Ce thème n’intéresse évidemment qu’une poignée d’érudits savoyards, et encore pas tous, car il faut écarter d’emblée les amateurs de vins de Cruet.

Le premier à s’être intéressé aux bienfaits des eaux d’Aix est le docteur Jean Baptiste de Cabias, médecin dauphinois, exerçant à Vienne puis à St Marcellin, qui se dit un jour qu’il irait bien vérifier sur place la qualité des eaux qu’il prescrivait à ses patients. Il entreprit le voyage, quittant sa province et son officine pour se rendre à Aix-en-Savoye goutter l’eau des thermes, ne sachant leurs propriétez et qualitez que par la coutume et usage familiers de ceux de ceste province. Il s’installa à l’auberge de la Croix-Blanche de Juin à Octobre 1621 ou 1622, puis fit publier en 1623 son petit livre intitulé Les Merveilles des Bains d’Aix en Savoye, ouvrage imprimé à Lyon par Jacques Roussin.

Titre de l'ouvrage de Cabias, 1623

Cabias fait un tour exhaustif du sujet, divisé en 2 livres et 31 chapitres, où il décrit d’abord les lieux et la forme des bains, puis la qualité et propriété de l’air, la méthode générale pour prendre les Bains, Les remèdes nécessaires à ceux qui prennent les Bains, puis il poursuit sur les diverses maladies que les eaux aident à soulager, depuis la stérilité des femmes jusqu’à la surdité, en passant par toutes les maladies de peau, la gale, la lèpre, la vérole, sans oublier la goute et la sciatique.

L’homme est curieux, énergique mais il se garde bien de vouloir pousser le temps par les espaules ni vivre trop paresseusement en curieux et chercheur, car à l’époque il vaut mieux être prudent et se garder de toute curiosité antireligieuse à vouloir trop sonder et expliquer. Il s’excuse presque d’avoir recherché ce qu’il appelle le secret des causes : C’est chose fort honnorable de scavoir ce que la nature nous enseigne mais de passer outre et apostropher le Seigneur des Seigneurs, dire beaucoup de ce qu’on ne peut rien scavoir, c’est vouloir trop entreprendre…. Petite mise au point nécessaire pour éviter d’offenser les docteurs en théologie. Ce passage rappelle toute la difficulté pour un médecin du 17ème siècle de faire des observations de « chimiatrie » sur site.



Les Merveilles des Eaux d'Aix, exemplaire Petit

A quelle école avait été formé Cabias ? Il ne le dit pas et nous ne le retrouveons pas dans les registres des universités de Lyon ou de Montpellier. Notre auteur est à la fois archéologue, médecin, chimiste. Il est aussi l’un des premiers à décrire la beauté des montagnes alentours, la douceur du site et à promettre aux malades de guérir dans un cadre enchanteur.

Les Romains se servaient des eaux d'Aix, comme des autres thermes en général, pour l’usage de la piscine et des bains de vapeur. Il reste à Aix-les-Bains des vestiges de bassins antiques et de conduits pour la vapeur. Après l'abandon des thermes romains, l'emploi des eaux fut longtemps réduit à la grotte proche de la source de soufre qu'une muraille divisait pour permettre aux-malades des deux sexes de venir s'y baigner. Nous savons peu de chose sur les traitements administrés. 

Il faut attendre Cabias et son livre pour avoir une description détaillée de l’administration des soins. A son époque, l’usage est aux bains, sudations et douches qu'on fait tomber « du plus haut qu'on peut ». Le traitement par l'eau était pour le moins énergique :  Pour le séjour des malades dans les bains, c'est d'une petite demi-heure, car tout aussitôt que le coeur manque et qu'on abonde en sueurs sur le visage, il faut se faire porter hors du bain, autrement on tomberait en syncope. Après le bain, se couvrir d'une robe de chambre, se mettre dans une chaise, chacun se fait porter dans son logis où l'on se couche dans un lit bien chauffé pour suer une demi-heure.

L’exemplaire présenté provient de la bibliothèque du docteur Blanc, dispersée en 2010, et avant elle de la bibliothèque du médecin lyonnais Marc-Antoine Petit avec son super-libris doré sur le premier plat. Chirurgien-Major de l’Hôtel-Dieu de Lyon, membre du conseil municipal, et de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon, il légua une partie de sa bibliothèque à la ville de Lyon.

Devenu rarissime, pour ne pas dire introuvable, l’ouvrage manquait à la plupart des bibliothèques médicales bien qu’il avait été réédité en 1688 [1] ; aussi le docteur Léon Brachet décida, en 1891, de le faire réimprimer par Ducloz à Moutiers en Tarentaise avec une préface et des notes bibliographiques par Victor Barbier (1828-1898), le célèbre conservateur de la bibliothèque municipale de Chambéry. C’est une copie page à page du texte original, sur beau papier, l’auteur n’hésitant pas à reproduire à l’identique ou dans leur style les lettrines gravées, bandeaux et culs de lampe. Le tirage est de 500 exemplaires, tous numérotés.

La réimpression du docteur Brachet

Cet ouvrage marque le début d’une longue suite de publications consacrées aux eaux d’Aix, parmi lesquelles nous pouvons citer, parmi les principales, celles de :

1/ Jean Panthot : Brèves dissertations sur l'usage des bains chauds et principalement des eaux d'Aix, Lyon, Jacques Guerrier, 1700. 

2/ Joseph Daquin: Analyse des eaux thermales d'Aix en Savoye, dans laquelle on expose Les diverses manières d'user de ces eaux, la méthode & le régime de vivre qu'il convient de suivre pendant leur usage, & les différentes maladies pour lesquelles elles sont employées ; avec plusieurs Observations qui y sont relatives, pour en constater les propriétés. Chambéry, de l'imprimerie de M. F. Gorrin, imprimeur du Roi, broché de l'épitre au Roi, de la préface et des préliminaires. Edition originale selon Quérard mais il existe des exemplaires à la date de 1772, avec la même pagination mais dont le faux titre et le titre sont différents.

L'Analyse des Eaux d'Aix par Joseph Daquin, 1773

L'analyse des eaux d'Aix par le citoyen Socquet, 1802

Plan de la grotte inséré dans l'ouvrage de Socquet

Le médecin savoyard Joseph Daquin, outre son statut de créateur de la médecine psychiatrique dite aliéniste, présente un intérêt tout particulier pour le thermalisme car c’est en constatant la méconnaissance des eaux thermales et leur prescription aveugle qu'il a décidé de mettre en œuvre ses recherches et de proposer son analyse.

Il évoque notamment dans cet ouvrage les thermes romains qui furent redécouverts par hasard l'année de la publication de son étude. Sa thèse, fort rare, établie scientifiquement la qualité des eaux d'Aix et leur prépondérance.

L’ouvrage sera republié sous le titre Les Eaux thermales d'Aix dans le département du Mont Blanc, Chambéry, Cléaz 1808.

3/ Socquet, Analyse des eaux thermales d'Aix (en Savoie), département du Mont-Blanc, Chambéry Cleaz, 1802.

4/ Constant Despine : Manuel de l'Etranger aux eaux d'Aix ; Annecy, Burdet, 1834.

Si les eaux d’Aix font merveilles, ce ne sont pas les seules car il faut compter aussi sur les vertus des eaux de Challes et de la Boisse, pour rester dans les environs de Chambéry.

Celles de la Boisse retiennent l’attention des bibliophiles en raison de la longue polémique qu’elles déclenchèrent au sujet de leurs bienfaits supposés. Il est difficile d’imaginer aujourd’hui, dans la banlieue industrielle de Chambéry, cette source qui coulait inlassablement au pied d’une colline boisée. Elle aurait pu changer le destin de la cité des ducs, faisant de Chambéry une station thermale capable de rivaliser avec Challes-les-Eaux ou Aix-les-Bains.

Déjà, en 1738, le docteur François Grossy, ami de Mme de Warens, protectrice du jeune Jean-Jacques, la conseillait à ses patients. Dix ans plus tard, son disciple, le docteur Fleury, la prescrit aux soldats de l'armée d'occupation espagnole. Très vite, la rumeur se répand dans les chaumières.

L'eau de la Boisse a le don de prévenir plus d'un malaise, de dissiper plus d'une migraine, de guérir plus d'une langueur et de rétablir dans leur état normal les nerfs agacés, chuchotent les habitants.

Coquettes et dandys en font un remède à la mode jusqu'à ce que Joseph Daquin démente les qualités de cette eau qu'on croyait ferrugineuse. S'appuyant sur une expérience, il déclare formellement que cette eau au goût dur, terreux, rebutant, ne contient aucun principe minéral, pas même de fer, et la couleur rouille déposée sur les pierres par la source est commune à tous les endroits par où s'écoulent les marais.

Sur ordre du roi à Turin, l'intendant Vacca fait exécuter des travaux de soutènement et achète le terrain en 1778. Mais, bientôt, la polémique divise le monde scientifique. En 1830, les travaux de deux pharmaciens confirment scientifiquement les qualités minérales de l'eau, qu'ils comparent à celle de Spa et d'Evian. Présentée aux expositions de Turin et de Paris, elle ne sera jamais exploitée. L'enthousiasme retombe peu à peu. Et son existence se perd dans les tréfonds de l'oubli. Seuls subsistent une suite de petits ouvrages, difficiles à réunir, qui sont cités en partie par l’Abbé Grillet :

1/ Lettre adressée au docteur Daquin sur les eaux de la Boisse par M Despines père. 1777

2/ Analyse des eaux de la Boisse par M Daquin. Chambéry ,1777, in-8 

3/ Boessia salutifera en vers latins et français par Mr François Marie Thérèse Panisset professeur de rhétorique et préfet des Etudes du collége de Chambéry, 1778, in-8.

4/ Lettres sur les vertus des eaux ferrugineuses de la Boisse près de Chambéry, écrite à M Potôt professeur du collège de médecine de Lyon par M Fleury proto-médecin de la province de Savoie. Chambéry, chez J Lullin, 1778 in-8. Seconde édition, augmentée des Observations sur les Cures opérées par ces Eaux. (La première édition est inconnue)

5/ Lettre contenant l'analyse des eaux de la Boisse et quelques réflexions sur cette analyse pour servir de réponse à la brochure de M. Fleury, exerçant le Proto-Médicat de Savoie à Chambéry. Lyon, Regnault 1778. In-8 de 46 pp (1) f bl - 69 pp., (3) pp (Dern.p. bl.)

6/ Lettre contenant l’histoire et un essai d’analyse des eaux de la Boisse pour servir de réponse à M Chastaignier de Lyon par M Boisset fils. Turin, chez Briolo, 1779, In-8 de 46 pp (1) f bl - 70 pp., (1) f

7/ Analyse des eaux de la Boisse près de Chambéry, faite à l'invitation de M. Fleury, docteur de Montpellier & de Turin, représentant le magistrat du proto-médicat dans la ville de Chambéry & province de Savoye... par M*** (Tissier). Chambéry, Gorrin, 1779. In-12 de 30 pp. L'auteur, François -Marie Tissier, dit Tissier père, était Maître en pharmacie de la ville de Lyon.

L’abbé Grillet ne cite pas l’ouvrage de Chastaignier ni celui de Tissier. Il est étonnant de constater le nombre de publications que déclencha les supposée vertus d’une source qui ne fut jamais exploitée !



Trois pages des Lettres sur les vertus 
des eaux ferrugineuses de la Boisse par Fleury, 1778



Analyse des Eaux de la Boisse par Tissier, 1779

Lettre contenant l'analyse des eaux de la Boisse
 par Chastagnier, 1779

Lettre contenant l'Histoire et un Essai d'Analyse
 des Eaux de la Boisse par Boisset, 1779

Il y eut tout autant de brochures sur les bienfaits des eaux de Challes, petite station thermale aux portes de Chambéry, fief des comtes de Challes puis des Millet de Challes. En 1792, la Savoie se rallie à la Révolution, provoquant l’exil volontaire du marquis de Milliet. Leur château fut alors racheté par l'ancien intendant du marquis, nommé Balmain. Son gendre, Louis Domenget, médecin du Roi et de la famille royale en Savoie, professeur de médecine, de chimie et de botanique découvrit, lors d’une promenade le 11 avril 1841, une source d’eau sulfureuse qu’il étudia, expérimenta et fit connaître au monde savant.

Cette découverte a complètement changé le devenir du village voisin qui s’appelait alors Triviers. C’était jusqu’alors une petite commune rurale pauvre, qui avait du mal faire face à ses dépenses (au début du 19ème siècle, elle n’est pas capable de payer les travaux de l’église ni le curé). L’exploitation des eaux thermales va amener la commune à se développer avec la construction de nombreux hôtels et pensions, d’une ligne de tramway vers Chambéry, etc. Pour être plus attractive pour les touristes, la commune demande à changer de nom dès les années 1860. C’est ainsi que Triviers devint Challes-les-Eaux par un décret du 12 février 1872.

Le Nouveau Recueil de Faits et Observations 
sur les eaux de Challes de Louis Domenget, 1845

La reliure aux Armes du roi Victor-Emmanuel II de Savoie

Louis Domenget a fait publier plusieurs opuscules sur les caractéristiques de la source, dont le Nouveau recueil de faits et observations sur les eaux de Challes en Savoie (Chambéry, Puthod, 1845) et dix ans plus tard ses Considérations sur les eaux Minérales naturelles, sulfureuses, alcalines, iodurées, bromurées, glairineuses de Challes en Savoie près Chambéry (Chambéry, Imprimerie Nationale, 1855). Un exemplaire de présent du Nouveau Recueil fut offert au roi d’Italie, Victor-Emmanuel II de Savoie. Pour l’occasion l’opuscule in-8 fut imprimé au format in-folio et habillé d’une reliure aux armes de la Maison de Savoie, donnant ainsi des marges disproportionnées à l’exemplaire.

De cette longue énumération de titres, force est de conclure que les sources thermales de Savoie ont fait presque couler plus d’encre qu’elles ne débitent d’eau !

Bonne Journée,

Textor



[1] Cabias, Les Vertus merveilleuses des Bains d'Aix en Savoie, 1688 - Cette édition est presque aussi rare que l'édition originale de 1623 (Guilland, Bibliographie d'Aix). On en connaît quatre exemplaires conservés dans les dépôts publics : BnF, BM Lyon, Chambéry et Iéna.


dimanche 14 février 2021

L’Histoire singulière de l’abbaye de la Novalaise, en Savoie piémontaise, par Jean-Louis Rochex, religieux de Lemenc. (1670)

L’abbaye de la Novalaise au pied du col du Mont Cenis, dans la vallée du Cenischia, proche de Suse, est une importante abbaye bénédictine, fondée vers l’an 720, par Abbon [1], un haut fonctionnaire du royaume franc, au nom des pouvoirs publics que lui conférait son titre de recteur de Maurienne et de Suse, patrice de Viennoise. La donation est confirmée par son testament daté du 5 mai 739, dont une copie du début du XIIe siècle a été insérée dans le cartulaire dit de saint Hugues, évêque de Grenoble [2]. Ses possessions s’étendaient jusqu’à Vienne, à Lyon et au Mâconnais, avec des établissements en Maurienne et dans la région de l’Ainan.




Le site était alors un avant-poste franc sur la route d’Italie mais quelques éléments architecturaux et des morceaux de statues des 1er et 2ème siècle confirme une implantation romaine préalable [3]. La fondation correspond sans doute à une stratégie politique de gestion de la frontière et Abbon ne le cache pas, évoquant dans son testament la stabilité du royaume franc (Stabiletas regno Francorum). L’abbaye est d’ailleurs devenue rapidement abbaye royale, protégée par Charlemagne, et elle connut son heure de gloire pendant la période carolingienne, lorsqu'elle fut administrée par l'un de ses pères abbés, Eldrade, originaire du petit village d'Ambel, en Dauphiné, qui fut ensuite canonisé. L’abbaye était alors un des centres culturels les plus importants du haut Moyen Âge et sa bibliothèque comptait plus de 6000 ouvrages selon Menabrea.

Ensuite, l’abbaye connut des périodes de déclin et de renouveau, partiellement détruite après l’invasion sarrasine de 906 - la bibliothèque fut dispersée à cette occasion - la communauté partit se réfugier à Brème et la Novalaise devint par la suite une dépendance administrée par des abbés commendataires nommés par le Duc de Savoie.

Jean-Louis Rochex, religieux de la congrégation réformée de St Bernard, ordre de Citeaux, et prieur à l’église St Pierre de Lemenc à Chambéry, séjourna à la Novalaise vers 1665. A l'époque de son passage à l’abbaye il ne restait plus qu'un seul moine appartenant à l'Ordre cistercien primitif, il éprouva donc le besoin de collecter des documents et de raconter ce qu'avait été la glorieuse histoire de l'abbaye dans le passé, tant d’un point de vue religieux qu’économique et politique. Ce livre fut publié chez Louis Dufour, imprimeur à Chambéry, en 1670, et malgré un plan brouillon et des repères chronologiques fantaisistes, c’est donc une source importante pour l’histoire de l’abbaye et la ville de Chambéry.

« Il s’y rencontrera, écrit Rochex, quantité de pièces choisies, dont les espris curieux feront état comme d’un trésors précieux, caché par quantité d’années ». 

Il est vrai qu’il eut accès à des documents qui ont disparu aujourd’hui et rien qu’à ce titre, il aurait dû recevoir plus de considération et intéresser les historiens de l’abbaye.  Il utilisa deux sources principales : une ancienne chronique du temps de Charlemagne, malheureusement aujourd'hui perdue, et celle contenue dans une légende épique, le « Chronicon Novaliciense », œuvre d'un ancien moine de l’abbaye, écrite aux alentours de 1050 et conservée actuellement aux archives de Turin.

Mais il dut consulter aussi d’autres archives qui avaient survécu à l’exil de Breme, un sanctoral et des pièces administratives. Ces documents sont retranscrits en partie dans son propre texte, comme la liste des abbés qui se succédèrent dans l'abbaye jusqu’en 1321, apportant quelques informations précieuses sur leur travail.  Tout n’ayant pas été imprimés, il est probable que les premier et quatrième chapitres de son livre, restés manuscrits, devaient évoquer de manière encore plus développée l'histoire de l'abbaye depuis ses origines jusqu'en 1040.  

L’état actuel de l’église et du cloître est le résultat d’une reconstruction du 18ème siècle qui a conservé les dispositions architecturales et une partie non négligeable des élévations du monastère roman, notamment de magnifiques fresques du 11ème siècle.

Nous ne savons pas grand-chose de la vie et de la formation de Jean-Louis Rochex ; Il est très probablement originaire de Maurienne puisqu'il dit parler le français de Maurienne, mais il n'a fait à ce jour l'objet d'aucune étude universitaire de fond [4]. Pire, les auteurs du 19ème siècle le traiterons avec beaucoup de mépris. Timoléon Chapperon mentionne dans son livre Chambéry au XIVème sècle : « Nous n'avons pas d'ouvrage complet sur Chambéry. Rochex, moine de Lémenc, seul parmi les anciens, s'est occupé de cette ville d'une manière un peu étendue. Mais son livre, intitulé La Gloire de la Novalaise, avec un discours sur la Savoie et sur l’origine de Chambéry, in-4, 1670, est un tissu de fables qui n'ont de remarquable que leur singularité ». Ce qui est loin d’être exact.

Il est vrai que notre auteur est déroutant car il a un esprit en marche d’escalier, passant d’un sujet à l’autre sans transition, faisant d’innombrables disgressions et des retours en arrière. Le plan même de l’ouvrage qu’il expose dans son préambule nous échappe. Il faut dire qu’après avoir annoncé qu’il traiterait de l’histoire de l’abbaye en quatre parties, il décide, sans raison connue [5], de ne pas traiter de la première partie et de commencer son ouvrage au livre 2. Cette section, la plus longue du livre, est entrecoupée de différents sujets qui ont leur titre propre et qui ne sont parfois même pas paginé, ce qui indique qu’il avait apporté des compléments en cours d’impression à Louis Dufour, comme le fera La Bruyère quelques années après avec son imprimeur Michallet. On trouve ainsi un chapitre sur la Teneur de la constitution d'Abbon-Patrice, (p.42) une Réflexion sur ces paroles Ipso Sancto Loco.(p.52) avant un Retournons aux abbez de cette Abbaye (p.53) puis il s'attarde longuement sur la vie de Saint Eldrad et sur les miracles qu'il aurait accomplis.  

Un chapitre sur la vie de Saint Eldrad

Après quoi, il ouvre un livre 3 qu’il intitule Accomplissement de la gloire de l’abbaye de Novalese. Malgré ce titre, il n’y est plus question de l’abbaye mais de l’histoire et de l’ancienneté de Chambéry. Le lien entre l’Abbaye et la Ville n’est pas évident, si ce n’est qu’entretemps Rochex a dû repartir à Chambéry et qu’il n’avait plus à sa disposition les archives lui permettant de continuer son histoire de la Novalaise.

Il annonce un livre 4, dont il donne le plan et où il aurait conté l'histoire de toutes les possessions anciennes de l’abbaye : « J’y feray aussi particulière mention de la Maurienne et de l’ancienneté et générosité de son peuple, … Il y sera aussi prouvé plus amplement comment la Savoye et ces trois Gaules Cisalpines desquelles j’ay fait mention en divers endroits, n’étaient qu’un même Royaume ». Voilà qui aurait été fort intéressant à lire mais malheureusement, et malgré ce plan détaillé qui indique qu’il avait dû en commencer l’écriture, le texte ne fut jamais publié et l’ensemble des écrits de Jean-Louis Rochex conservés aujourd’hui se résume donc à ces deux parties distinctes, l’une sur les origines de l’abbaye de la Novalaise et l’autre sur l’origine de Chambéry avec une brève description de ses établissements religieux.

La note sur les errata est à l'image de tout l'ouvrage, quelque peu brouillonne...

Cette section montre que Rochex tient à ce que le lecteur
 fasse confiance au sérieux de ses recherches.

J-L. Rochex ajoute une addition à son livre 
car pendant l'impression la liste des syndics de la ville a changé !

Notre auteur parait cultivé comme on peut le déduire de ses nombreuses citations de textes d'Horace, Cicéron, Ammien Marcellin, Pline l'Ancien ou Plaute. Il n'était certainement pas étranger aux œuvres des humanistes et écrivains de son temps et des siècles précédents.  Même si l'on constate souvent son manque de sens critique dans le choix et la compréhension des informations tirées des nombreux auteurs qu'il cite, il faut cependant lui reconnaître un grand effort de recherche et une certaine démarche scientifique, fondée sur la comparaison entre les époques dont il traite et le monde dans lequel il vit. Il porte aussi un regard critique sur l’intelligentsia parisienne et a conscience d’utiliser un langage qui est celui du « français de Maurienne », différent du français parlé à Paris par des écrivains plus savants et raffinés (et il fait lui-même une comparaison entre les deux langues quand il raconte l'histoire du miracle de Saint Eldrad, tirée d'un livre écrit à Paris en français par un prédicateur à la mode.)

Peut-être souffrait-il même d’un certain complexe d’infériorité comme parait l’indiquer l’avis aux Lecteurs : « Ma plume s’est contentée d'exprimer mes pensées dans la simplicité religieuse sans s’être amusée de rechercher la pureté du langage dont à présent quantité se servent, plus propre pour la Cour que non pas à une personne de ma condition qui ne recherche que la pureté des choses, sans les embellir par un discours fardé. »

Louis Dufour lui-même se sent obligé de venir à la rescousse de son auteur en ajoutant un étonnant propos liminaire intitulé « L’imprimeur aux Catons de ce Temps » dans lequel il répond par avance aux critiques sur la langue utilisée par Rochex. « Messieurs qui comme des autres Momus …. n’avez autre employ que de critiquer sur toutes choses, & trouver à redire jusques à la moindre parole qu'on met en avant, j’ay crû que vous ne manqueriez pas de critiquer cette pièce que je mets au jour et ne trouvant à redire au sujet, pour votre satisfaction, vous luy donnerez du blâme  en disant que le langage n’est pas à la mode , & que c’est  un vieux Gaulois, qui ne mérite l’attention du lecteur. A cela, je feray dire que la Langue Gauloise, comme étant la plus noble, & la première, doit être en vénération & haute estime, ayant pris son origine de Dieu, qui la donna à Adam notre premier Père, dans le Paradis Terrestre. »

Etant savoyard moi-même, je manque de recul pour apprécier si la langue est aussi mauvaise qu’ils le disent, j’en comprends tous les mots….

Il resterait à faire quelques recherches dans les archives ecclésiastiques pour retrouver des éléments sur la vie de Jean-Louis Rochex et, qui sait, les chapitres manuscrits manquants de son livre.

Bonne Journée

Textor



[1] Une charte d’immunité est concédée le 30 janvier 726 par Abbon.

[2] Léon Menabrea, Des origines féodales dans les Alpes occidentales, Imprimerie royale, 1865.

[3] Voir l’article « Locus Novalicii, avant l’abbaye bénédictine de Novalaise » par Gisella Cantino Wataghin in Bulletin du Centre d’études médiévales d’Auxerre, 2016.

[4] L’ouvrage a donné lieu à une reproduction en fac-similé et une traduction en italien, accompagnée de notes de bas de page et d’une petite introduction par Elena Cignetti Garetto, édition Centro Culturale Diocesano Susa, 2004.

[5] A la demande de ses amis, dit-il.

lundi 9 novembre 2020

Le Cavalier de Savoye (1605) et le Fléau de l’Aristocratie Genevoise (1606) par Marc-Antoine de Buttet, ensemble le Citadin de Genève (1606) : Quand Chambéry et Genève se faisaient la guerre à coups de libelles.

                                                                                                             Mise à jour le 24 Nov. 2023.

Genève, ville paisible en apparence, appartenait au duché de Savoie depuis 1401. Mais en 1535 les Genevois chassèrent leur évêque, Pierre de La Baume, et se révoltèrent contre le duc de Savoie pour ériger leur ville en république indépendante et adopter la religion réformée.  

Depuis cette époque, les ducs de Savoie tentèrent plusieurs fois, mais vainement, de s'emparer de Genève. A cette lutte par les armes succéda une guerre médiatique à coups de pamphlets, au cours de laquelle les Genevois cherchèrent à prouver qu'en se déclarant libres, ils avaient recouvré un droit qu'ils possédaient de temps immémorial. Les ducs de Savoie voulurent aussi établir les preuves de leur ancienne souveraineté sur la ville de Genève. On fouilla les chartes et les archives puis chaque partie publia les pièces qui devaient justifier de leurs prétentions respectives. Le Cavalier de Savoye est l'un des plus connus de tous ces pamphlets anonymes [1].

Page de titre du Cavalier de Savoye.

Exemplaire de l'édition originale couvert d'un simple vélin d'époque.

Tout commence par un libelle rédigé par Pierre de L’Hostal, gentilhomme béarnais calviniste, en 1604, et intitulé le Soldat François dont le but était de convaincre Henri IV de déclarer la guerre à l'Espagne. Les savoyards, alliés des espagnols, y sont maltraités et leur chef qualifié de petit duc audacieux… Il fallait laisser ce pygmée pour les grues qui passent en septembre… Mais qu’en personne un roi de France monte à cheval contre un duc de Savoye c’est ravaller son autorité et mettre sa grandeur à pied. Cette insulte méritait une réplique !

Marc Antoine de Buttet, avocat au Senat de Savoie, écrivit alors pour le duc un pamphlet intitulé Le Cavalier de Savoye, ensemble l'Apologie Sauoysienne, en 1605, dans lequel il répond au Soldat François en ce qui concerne la Savoie. Toutefois il eut la malencontreuse idée d’insérer dans son livre quelques pages virulentes contre Genève où il s'efforçait d'établir les prétentions du Duché sur la ville dont Charles-Emmanuel l n'avait pas réussi à s'emparer trois ans auparavant [2]. Cette digression n’échappa pas aux genevois qui ne pouvaient que répliquer vertement. Jean Sarrasin, syndic de Genève, fut chargé de réfuter l'ouvrage de Buttet par Le Citadin de Genève ou réponse au Cavalier de Savoye, Paris (Genève), chez Pierre le Bret, 1606. 

Deux mois après, paraissait Le Fléau de l’Aristocratie Genevoise ou harangue de M. Pictet, conseiller à Genève. Servant de response au Citadin, publié à la fausse adresse de Saint Gervais (1606). L’ouvrage est tout aussi anonyme que le Cavalier de Savoye, mais divers passages du livre attestent qu’il fut composé par le même auteur et le matériel typographique prouve qu’il provient du même imprimeur.

Jean Sarrasin ne répondit point au Fléau de l’Aristocratie parce qu'il refusa d'accepter, comme insuffisante, l’indemnité de cent ducatons que le Grand Conseil lui alloua pour le Citadin à condition qu'il réfuterait aussi le Fléau de l’aristocratie. L’échange des invectives s’arrêta donc là, non pas faute d’arguments mais parce que le nerf de la guerre faisait soudainement défaut.

Les deux libelles de Marc Antoine de Buttet

Une pièce liminaire d'Antoine Louis de Pingon

Les deux petits ouvrages que j’ai entre les mains sont intéressants car l’auteur inséra des documents importants pour l'histoire de la cité de Genève, transcrit de nombreux extraits d'anciens titres qui prouvaient que les comtes et ducs de Savoie étaient souverains de Genève. Ce sont donc des pièces capitales pour l’histoire de la Savoie au XVIIe siècle.

Cette série de pamphlets possède la particularité de contenir sur la page de titre un petit quatrain. Celui rédigé par le Cavalier de Savoye :

Je suis né dans les allarmes, / Mon harnois est ma maison: /Mais je déteste les armes / Que l’on prend hors de saison.

répond, par contrepied et non sans un certain humour, au quatrain du Soldat François :

La Guerre est ma patrie, / Mon Harnois ma maison, / Et en toute Saison / Combattre c'est ma vie.

Tandis que celui du Fléau est bien mystérieux et fait penser à une centurie de Nostradamus :

Alors qu'un posera deux / Pour un trois imaginaire. / Le grand Terpandre des Dieux / Se fera place au Sagittaire.

Mais nous ne l’avons pas retrouvé dans Nostradamus.

Les pièces liminaires du Cavalier, dans l’édition originale, sont constituées d’un envoi au Duc, d’une adresse à la Savoie et de petits poèmes signés de Jean de Piochet, sieur de Salins, un émule de Ronsard, et d’Antoine Louis de Pingon, tout à la gloire de l’auteur. Ces pièces ne seront pas reproduites dans les éditions postérieures. En effet, le succès du Cavalier entraina trois réimpressions.

La seconde édition est de 1506 et fut publiée à la fausse adresse de Bruxelles chez les héritiers de Jean Reguin. En réalité, elle est dû à Jean Arnand, imprimeur de Genève. Malgré la précaution qu’il prit à cacher son nom, le Conseil de Genève nota dans son registre des délibérations à la date du 24 Juin : Il est rapporté au Conseil que Jean Arnand a imprimé le Cavalier Savoyard, livre diffamatoire contre cest Estat, sans congé.  Arresté qu'il soit mis en prison pour en respondre.

La condamnation ne se fit pas attendre. Dès le surlendemain, 25 Juin, l'imprudent imprimeur est condamné à recognoistre sa faute céans à genous et à vingt-cinq escus d'amende.  Le Consistoire enchérit sur cette condamnation qui lui parait bien douce. Il estime que, pour cette faute, Arnaud aurait mérité de perdre la vie. 

La troisième (1606) et la quatrième édition (1607) ajoute au texte du Cavalier des extraits de la Première et Seconde Savoisienne.

Page de titre du Fléau de l'Aristocratie Genevoise.

L'adresse de l'imprimeur au Lecteur dans le Fléau


L’auteur des deux ouvrages ne s’est pas nommé mais on y vit l’œuvre de Marc Antoine de Buttet, avocat au souverain Sénat de Savoie. Cette attribution est reprise par Guichenon [3] et tous les biographes de la Savoie après lui [4]. Jusqu’au jour où Amédée de Foras, en 1874, auteur d’un armorial sur la Savoie, s’employa à remonter la généalogie de la maison de Buttet et s’aperçût qu’il n’existait aucun Marc Antoine. En revanche un autre membre de la famille, Claude Louis de Buttet, seigneur de Malatrait serait le véritable auteur du Cavalier. La supercherie aurait pu être découverte bien avant puisqu’un indice avait été glissé dans le Citadin de Genève qui, dès l’introduction de sa harangue, s’adresse à son adversaire en mentionnant en majuscule « et se BUTER MALADROIT qu’il est ». Ce jeu de mots est une allusion au seigneur de Buttet Malatrait mais elle avait échappé à tout le monde.

Marc Antoine de Buttet, qui se prénommait donc Claude Louis, ne doit pas être confondu avec son oncle, le plus illustre écrivain de cette famille, Marc-Claude de Buttet (1530-1586), poète natif de Chambéry et auteur de l'Amalthée. Marc-Claude de Buttet a lui aussi fait paraitre à Lyon un libelle destiné à défendre la réputation de sa patrie contre les Français, à la suite de l'occupation par François 1er. Ce libelle est intitulé : Apologie de Marc-Claude de Buttet pour la Savoie contre les injures et calomnies de Barthélémy Aneau (1554).

Ce qui est singulier, c’est qu’encore aujourd’hui dans les catalogues de livres anciens, le Cavalier de Savoye est toujours donné à Marc Antoine de Buttet [5]. Bien mieux, mon exemplaire relié au XIXème siècle pour un membre de la famille de Buttet qui y a laissé son ex-libris, postérieurement à 1874, porte au dos « Marc Antoine de Buttet » !

Exemplaire du Cavalier en provenance de la bibliothèque
 de la famille Prunier de Saint-André avec la devise Turris Mea Deus.

Le Fléau, exemplaire élégamment relié par Pouillet, relieur à Paris de 1880 à 1910, 
portant l’ex-libris d’un membre de la famille de Buttet dont les armes se blasonnent de sable aux trois butes d'or entrelacées, deux en sautoir et une en pal, accompagnées de la devise La vertu mon but est.

C’est sans doute ce morceau de bravoure qu’est le Cavalier de Savoye qui permit à Geoffroy Dufour, [6] imprimeur et libraire originaire de Barraux en Isère, alors possession du duché de Savoie, de devenir en 1606 imprimeur ducal, titre très convoité qui permettait au bénéficiaire de recevoir les commandes officielles des impressions législatives et lui donnait alors une sorte de monopole pour la ville de Chambéry. Le poste était vacant depuis le décès de François Pomar. La lettre patente du 3 octobre 1606 le qualifie de personnage instruit et très éclairé en ladite profession. Effectivement l’imprimeur ne devait pas manquer d’intelligence et d’humour à en juger par la préface qu’il donne dans le Fléau de l’Aristocratie genevoise. Il pousse assez loin les détails de la fausse information pour brouiller les pistes et il fait mine d’être l’imprimeur du Citadin de Genève et d’avoir dû donner la fausse adresse de Paris pour Genève, qu’il qualifie d’imposture, non pas de son fait, mais à cause de la coutume qu’ont les réformés d’en faire ainsi !

De son côté, l'auteur place ses propos sous la plume d’un certain Pictet, membre du Grand Conseil de Genève, à la date précise du 19 mars 1606. Nous ignorons s'il existait vraiment en 1606 un conseiller genevois nommé Pictet, mais il est certain que le Grand Conseil n’aurait jamais écouté une telle harangue sans interrompre promptement l'orateur et le jeter en prison illico ! C'est une trouvaille amusante que de faire plaider la déchéance de Genève par un membre de son propre conseil.

Parmi les pièces liminaires, on remarque une adresse à la France. L'auteur espérait sans doute qu'après avoir lu cette réponse au Citadin, Henri IV retirerait son appui aux habitants de Genève, ce peuple rebelle qui brave son souverain. L’objectif ne fut pas atteint mais le duc de Savoie, satisfait, offrit par lettres patentes à Claude Louis de Buttet la charge d’historiographe ducal « connoissant sa loyauté en ce que par cy-devant il a écrit sur ce sujet ».

Chronique de Savoye p.333 Inventions de grande conséquence


Au moins, cette guerre de position a-t-elle fait couler plus d’encre que de sang. Claude Louis de Buttet avait lu les méditations philosophiques de Guillaume Paradin dans la Chronique de Savoye, sur la guerre et la plume, il y fait allusion page 203 de son
Cavalier :

« Du temps de ce bon et pacifique prince furent inventées aux Allemagnes deux choses de très grande et inestimable conséquence ; dont la première qui est l’art de fabriquer, charger et tirer les bombardes et artillerie à feu, est d’autant pernicieuse, formidable, malheureuse et damnable, que l’autre est profitable, heureuse, salutifère et récréative, qui est l’art d’impression et façon de moller les écritures et livres, car celle-ci, par son excellence et noblesse, n’est autre chose qu'une douce paix, parfaite amour et entier plaisir. L’autre, au contraire, n’est sinon, un impétueux bruit, haine et importune fâcherie. Celle-ci ne contient que bien et profit, l’autre que mal, perte et dommage. En somme, l’impression court pour nourrir et sauver les humains, et la canonnerie ne cesse de tirer, pour les tuer et les envoyer à tous les diables. » [7]

Le Cavalier de Savoye ne filait pas le parfait amour mais il a tout de même préféré le plomb de la fonte d’imprimerie à celui du boulet....

Quant au Citadin de Genève, attribué à Jean Sarasin et Jacques Lect,[8] entré plus récemment dans notre bibliothèque, et dont il faut dire un mot, c’est une réponse au Cavalier de Savoye commandée par les syndics de la ville à l’un d’entre eux.  Jean Sarasin avait été plusieurs fois syndic, il était alors membre du conseil des deux-cents et du Petit Conseil. Fin diplomate, il avait été l'un des négociateurs, avec Jacques Lect, de la paix de Saint-Julien en 1603.

Page de titre du Citadin de Genève


Cet ouvrage nous donne une autre vision de la bataille et de ses protagonistes, vus de l’autre camp. Il se veut précis et il documente ses sources dans le détail, ce qui le rend précieux pour l’histoire de Genève et de la Savoie durant le conflit. C’est le complément nécessaire au Cavalier de Savoye.

Après une entame quelque peu excessive où le Cavalier est traité de « pestiféré crapaud » et de « pourri gosier » (!) démontrant ainsi que les genevois avaient été piqués au vif par le pamphlet et que la pertinence des arguments avait porté, la suite du texte se veut plus rationnel et plus démonstratif.

Plusieurs témoignages rapportés sur les évènements lors de la Nuit de l’Escalade sont pittoresques, comme le fameux exploit de la Mère Royaume qui jeta sa soupière sur les savoyards. Il semble que les genevoises aient fait preuve de beaucoup de courage lors de cette attaque prêtes à terrasser les assassins à l’aide de leur seule quenouille.

Passage citant la Mère Royaume

Jean Sarasin relève que « Les autres femmes se tinrent coites en cette nuit là dans leur maison et vaquèrent à leur prières et oraisons, sans qu’on ouït ni les pleurs, ni les hurlements que l’infirmité du sexe leur fournit en pareil cas…. Vers la porte de la Monnaie, il y en eut aussi une qui mit par terre son homme du haut des fenêtres d’une maison à grand coup de pierres et avec un fond de tonneau qu’elle lui jeta sur le cerveau. »

Pour relativiser l'importance que donnent les genevois à leur héroïne, symbole de la résistance patriotique au Duc de Savoie, il faut préciser que Catherine Royaume, née Cheynel, n’était pas genevoise mais lyonnaise et qu’elle s’était réfugiée à Genève avec son mari comme beaucoup de Huguenots….

L’exemplaire présenté du Citadin de Genève, bien que reprenant à la lettre, fautes comprises, sans tenir compte de l’errata qui figurait dans l’édition originale, parue à la fausse adresse de Pierre Bret en 1606, est en réalité une réédition du XVIIIème siècle. Copie soignée et plaisante dont les culs-de-lampe et les bandeaux sont à l’état de neuf et dans l’esprit des originaux. Il semble qu’aucune bibliothèque publique possédant cette édition ne se hasarde à proposer une date et un éditeur.  Il est pourtant curieux d’avoir pensé rééditer ce texte de circonstance, plus d’une centaine d’années après sa sortie. Il y a certainement une raison mais elle reste à découvrir….  

Bonne Journée,

Textor




[1] Voir Théophile Dufour, Notice bibliographique sur le cavalier de Savoie, le citadin de Genève et le

fléau de l’aristocratie genevoise, in "Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Genève". T. XIX, 1877, p. 14.

[2] Bataille de l’Escalade qui vit la victoire de la république protestante sur les troupes du duc de Savoie Charles-Emmanuel Ier le 12 décembre 1602 - dernier épisode de la lutte commencée en 1535.

[3] Samuel Guichenon, Histoire généalogique de la royale maison de Savoie, justifiée par titres, G. Barbier, 1660.

[4] Par exemple, Grillet, Dictionnaire des départements du Mont Blanc et du Léman, 180 t ;II p 112

[5] Voir par exemple le dernier catalogue de la librairie Bonnefoi de Sept. 2020.

[6] Dufour et Rabut, dans leur bibliographie des éditions savoyardes ne citent que très brièvement le Cavalier de Savoye dont ils n’avaient pas rencontré la première édition qui est très rare. (L’Imprimerie, les imprimeurs et les libraires en Savoie du XVe au XIXe siècle, p. 81)

[7] Guillaume Paradin, Chronique de Savoie, Lyon, J. de Tournes 1552 p. 333. Aimablement communiqué par Rémi Jimenes.

[8] Le Citadin de Genève ou Response au Cavalier de Savoye, Paris (Genève) Pierre le Bret, 1606. – Voir  le Dictionnaire biographique des Genevois et des Vaudois, II, p. 445 "pamphlet d'un style enflé et maniéré, dans lequel il prodigue l'injure, mais où il ne néglige aucun argument propre à défendre son pays et à mettre en évidence la bonté de sa cause"; et "Notice bibliographique sur le Cavalier de Savoie, Le Citadin de Genève et le fléau de l'aristocratie genevoise", in Mémoires et Documents de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Genève, XIX, pp. 318 à 343.