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mardi 4 février 2025

L’histoire d’Orose contre les païens (1483)

Tu aimes la guerre, le tumulte, les massacres et les défaites ? Alors lis-moi. Le bandeau d’annonce de l’ouvrage avait de quoi attirer le chaland dans les foires de Champagne. Je ne sais pas si Orose aurait apprécié cette manière radicale de présenter son livre dont le fond est bien plus complexe que la simple description d’une suite de batailles.  L'ouvrage traite de l'histoire du monde comme une preuve concrète des visions apocalyptiques de la Bible. Son importance réside dans le fait qu’il a été le premier auteur chrétien à écrire non pas une histoire de l'Église, mais plutôt une histoire du monde séculier interprétée d'un point de vue chrétien. Son ouvrage est devenu une sorte de manuel d'histoire universelle dont le succès ne se démentira pas pendant tout le Moyen-Age si bien que nous en avons conservé de multiples versions manuscrites. 

Incipit de l’édition d’Orose par Octaviano Scotto. 
L’ouvrage débute par une dédicace d’Orose à son commanditaire Augustin d’Hippone. 

Colophon et registre de l’édition de 1483 
précédés d’un petit texte repris de l’édition d’Hermannus Liechtenstein de 1475.

C’est le proto-imprimeur d’Augsbourg Johann Schüssler qui en fit la première version imprimée, autour de Juin 1471. Cette édition princeps débute par une table de 9 folios que nous ne retrouvons pas dans les éditions postérieures. Elle est suivie par une autre transcription, plus fidèle du texte d’Orose établie par le prieur de Sainte Croix de Vicence, Aenae Vulpus, sortie des presses d’Hermannus Liechtenstein en 1475. L’impression contient un petit texte valant colophon dans lequel les deux noms de l’éditeur scientifique et de l’imprimeur sont cités à côté de celui d’Orose. 

Dans la version de 1483 [1], quatrième édition incunable après celle de Leonardus Achates de Basilea, toujours à Vicence vers 1481, Octaviano Scotto a conservé ce petit texte en le plaçant au-dessus du colophon [2], après avoir gommé les quatre lignes relatives au travail d’Hermannus Liechtenstein.

La mention complète peut-être traduite à peu près de la manière suivante : 

Comme le titre dans la marge l’enseigne lui-même en premier : / Mon nom est Orose. / Peu importe qu’elles aient été les erreurs des bibliothécaires : / Enée a libéré mon œuvre. / Voilà la place du monde : et celle de notre temps / Depuis l'origine même du monde. / Celui qui veut du tumulte, de la guerre et des massacres. / Et des défaites : qu’il me lise !

Cette édition vénitienne est bien imprimée en lettres rondes et relativement peu courante en France puisque l’ISTC n’en recense que trois exemplaires dans les institutions publiques [3]. L’ouvrage n’a pas de page de titre et débute en a2 par un incipit de Paul Orose à son dédicataire : Pauli Orosii viri doctissimi historiarum initium ad Aurelium Augustinum. Une autre impression de l’œuvre d’Orose sortira de l’atelier d’Octaviano Scotto en 1499 sous la presse de Christoforum de Pensis de Mandello. [4]

Nous n’avons pas beaucoup de détail sur la vie et l’origine de Paul Orose [5], en dehors de ce qu’a bien voulu en dire saint Augustin.

Il est venu d’Espagne en Afrique en 414 pour rencontrer l’évêque d’Hippone et débattre de questions théologiques, notamment du développement des thèses hérétiques de Priscillien dans la péninsule hispanique [6]. Dans le chapitre III de son livre, l’auteur fait allusion à une attaque de son bateau par des barbares ce qui a conduit certains biographes à lui donner une origine plus nordique, la Bretagne ou l’Irlande mais les éléments de preuve sont faibles. [7]

Nous n’avons pas davantage de certitude sur sa date de naissance. Quand il arrive en Afrique en 414, il est, dit saint Augustin, un jeune prêtre, son fils par l'âge. [8] S’il avait alors une trentaine d’années, il serait né vers 375/380.

Saint Augustin l’envoie en mission en Palestine vers 415, pour seconder saint Jérôme dans son combat contre le pélagianisme. Orose participa au synode de Jérusalem (juillet 415) avant de revenir auprès de saint Augustin avec les reliques de saint Etienne. 

L’Histoire contre les Païens (Historiae adversus Paganos) est une œuvre de commande de saint Augustin à son disciple. Au lendemain de la prise de Rome et du sac de la ville par les troupes d'Alaric (août 410), une vive réaction s'est manifestée dans le monde romain. Cette catastrophe, disait-on, serait liée au développement du christianisme. Le culte des dieux traditionnels a été délaissé et ceux-ci punissent Rome. 

Saint Augustin souhaite démontrer que cette rumeur n’est pas fondée et demande alors à Orose de dresser un catalogue sommaire de tous les malheurs qui ont frappé autrefois l'humanité, histoire de démontrer que les Chrétiens ne sont pas à l’origine de toutes les misères du monde.

Orose prend cette commande très au sérieux et ne se contente pas de dresser un catalogue mais il compose sept livres sur l’histoire du Monde depuis l’origine des temps jusqu’à son époque (le livre s'achève en 416). Il n’oublie ni les horreurs de la guerre de Troie, ni les massacres de la première guerre punique, ni les différents incendies de Rome, ni les conquêtes sanglantes de la guerre des Gaules par César. 

Fusionnant l’histoire romaine avec le développement du christianisme, il apporte une vision originale sur les évènements relatés, ajoutant des parallèles avec l’histoire des peuples orientaux. Il sera une source importante pour les compilateurs après lui, de Cassiodore à Paul Diacre en passant par Isidore de Séville et Bède le Vénérable.

Bien que destinataire de la dédicace, saint Augustin n’approuva pas l'œuvre d'Orose pour des raisons théologiques et cela le conduisit à écrire, en 425, dans le livre XVIII de la Cité de Dieu, une réfutation de ses idées sur le déroulement de l’Histoire. 

Pages du Livre 1 sur le rapt d’Hélène 
et le tyran d’Agrigente Phalaris qui faisait rôtir ses victimes dans un taureau d’airain. 

Une page du livre 7. 
L’exemplaire possède des marges correctes (283x210 mm) mais celui de la Boston Library fait 296 x 220 mm.

L’œuvre d’Orose est divisée en trois parties d’importance inégale, le livre I s’étend sur deux feuillets avec la création du Monde et la guerre de Troie. Le livre II en sept feuillets évoque Babylone, Darius le roi des Perse, Cyrius et le livre III en neuf feuillets, les conquêtes d’Alexandre. Dans les livres IV à VI, Orose traite de l'histoire de Rome depuis la guerre de Tarente jusqu'à l'établissement du pouvoir d'Auguste, garant de la paix universelle voulue par Dieu pour la naissance du Christ. Le livre VII correspond à la troisième partie du plan d'Orose : de la Nativité jusqu'au moment où il écrit (416-417), époque qui voit l’émergence de l'Église dans l'Empire romain et son triomphe final.

Orose est avant tout un compilateur d’historiens latins (Tite-Live, Tacite...) pour lesquels il a eu accès à des sources pour nous perdues aujourd’hui. Il a également donné un abrégé de la Guerre des Gaules, croyant emprunter à Suetone, en décrivant de manière assez vivante les conquêtes de César, comme par exemple, dans cette description du siège d'Uxellodunum (Le Puy d’Issolud en Dordogne) au livre VI : 

Cet oppidum était accroché au sommet très élevé d'une montagne, il était entouré aux deux-tiers par un fleuve non négligeable le long de parois abruptes ; assuré, de plus, d'une très abondante source au milieu de la pente et appuyé sur une grande abondance de blé à l'intérieur de la place, il regardait de haut les vaines allées et venues des ennemis dans le lointain.

…. Comme César voyait qu'en raison de ces machines ardentes, le combat était difficile et dangereux pour les siens, il donne l'ordre aux cohortes de se porter rapidement, en se dissimulant, vers l'enceinte de l'oppidum et de pousser soudain de toute part une grande clameur. Cela fait, dans le même temps que ceux de l'oppidum, épouvantés, voulaient revenir en courant pour le défendre, ils se retirèrent de l'attaque de la tour et de la démolition du remblai.

Cependant, les Romains qui perçaient des galeries pour interrompre les alimentations de la source, en sécurité sous la protection du remblai, firent en sorte que les cours d'eau trouvés en profondeur, s'amenuisent en se divisant en multiples fractions et s'y tarissent sur place. Saisis d'un extrême désespoir devant leur source épuisée, les défenseurs de l'oppidum font leur reddition, mais César fit couper les mains à tous ceux qui avaient porté les armes et leur laissa la vie pour que là fût bien attestée aussi pour la postérité la peine encourue par les rebelles . [9]

Hoc oppidum in editissima montis arce pendebat… La prise d’Uxellodunum dont le nom a été tronqué dans cette édition mais que nous retrouvons dans les manuscrits.

Préface du Livre V 

Nous pouvons compter sur les doigts des deux mains, les livres réellement imprimés par Octaviano Scotto alors même que son nom apparait souvent sur les éditions vénitiennes des XVème et XVIème siècle.

Originaire de Monza, près de Milan, il vint établir une presse à Venise en 1480 mais il n’exerça le métier d’imprimeur que jusqu’en 1484, soit pendant à peine quatre ans, avant de sous-traiter cette activité pour se concentrer sur la tâche d’éditeur scientifique en même temps que de marchand-libraire, laissant à Bonetus Locatellus et à d’autres artisans le soin de réaliser les travaux d’impression. A partir de 1498, ses héritiers poursuivent l’activité éditoriale sous la raison sociale : "Heredes Octaviani Scoti Modoetiensis" et cela pendant une bonne partie du XVIème siècle. 

Pour l’édition d’Orose de 1483, année où régnait le doge Giovanni Mocenico (1478-1485), Octaviano Scotto indique encore qu’il est l’auteur de l’impression et qu’il a édité l’ouvrage à ses frais. (Opera et expensis Octaviani Scoti Mondoetiensis).

Marque d’Octaviano Scotto dans une édition de Thomas d’Aquin de 1516

Photo de la tombe d’Octaviano Scotto
sur laquelle figure sa marque d'imprimeur

Il meurt en 1498 et se fait enterrer dans le cloitre de l’abbaye San Francesco della Vinea. Sur sa tombe qui a subsisté, il a fait sculpter sa marque d’imprimeur à côté de ses armoiries, en y ajoutant ces mots : (Ci-git) Noble Octaviano Scotto de Monza, marchand-libraire et imprimeur pour lui-même et sa famille défunte 24 Décembre 1498. [10]

Bonne Journée,
Textor

_________________

 [1] Historiae adversus paganos. Ed: Aeneas Vulpes – Venise, Octavianus Scotus, 30 Juillet 1483. Goff O98 ; HC 12102*; Pell Ms 8788 (8653). In folio de 76/78 ff. – Signature : a⁸ b-m⁶ n⁴ (Folio a1 (blanc) et a8 en deficit). 41 lignes par page plus le faux-titre du types 106R(a), 106R(b) de 217 (224) x 149 mm.  Provenance : Vente de la Bibliothèque de Guy Bechtel, 2015, avec son ex-libris.

 [2] Ce colophon indique : Pauli Orosii viri clarissimi Ad Aurelium Augustinum episcopum & doctorem eximiu[m] libri septimi ac ultimi Finis. Impressi Venetiis: opera & expensis Octaviani scoti Modoetiensis. Anno ab incarnatione domini .M.cccc.lxxxiii. Tertio Kalends sextilis. Ioanne Mocenico inclito Venetiarum duce.

 [3] BNF (2 exempl.) et BM Nice. Mais l’ouvrage n’est pas rare, il en existe encore 115 exemplaires dispersés dans les bibliothèques publiques du monde, selon l’ISTC de la British Library.

 [4] In-folio de 72 ff., sig. a-m6. 

 [5] Paul Orose ne se prénommait pas Paul, c’est une mauvaise interprétation du P. qui précède son nom dans les plus anciens manuscrits et qui veut dire Presbyter (Prêtre).

 [6] Saint Augustin précise : ab ultima Hispania, id est ab Oceani litore

 [7] Histoires (III, 20, 6-7)

 [8] juvenis presbyter, filius aetate.

 [9] Traduction de Marie-Pierre Arnaud-Lindet in Orose, Histoires contre les Païens. 3 Tomes. Paris, Les Belles Lettres 1991.  Texte établi et traduit par M.-P.A.-L.

 [10] Nobilis Octavianus Scotus de/ Modoetia mercator librorum impressor/ sibi et successoribus qui obiit/ XXIV. Decembris. MCCCCLXXXXVIII


samedi 14 janvier 2023

Histoire du Royaume de Naples par Michele Riccio (1507)

Le petit ouvrage que fit publier Michele Riccio à Paris, en Aout 1507, chez l’imprimeur Josse Bade, a pour titre Histoire Condensée et Véridique des Rois Très Chrétiens Par Leurs Conseillers et Suppliants (Comme On Dit) [1]. C’est un ensemble de cinq livres qui s’attache à présenter l’histoire des dynasties qui ont successivement régné sur le royaume de Naples.

L’histoire du Royaume de Naples au XVème siècle est particulièrement mouvementée. Ancienne colonie grecque, Neapolis (La ville nouvelle) devient très tôt un carrefour stratégique et l’une des cités les plus peuplée d’Europe ; elle attire les convoitises.

La cité a vu passer, après les grecs et les romains, les normands qui fondent le royaume de Sicile incluant une bonne partie de l’Italie du sud, puis les angevins au XIIIème siècle, après la scission du royaume de Sicile, suivis des espagnols d’Alphonse V d’Aragon, qui prennent possession de Naples en 1443 après leur victoire contre René d’Anjou. René d’Anjou est le légitime héritier du Royaume de Naples mais après 4 ans de bagarres et de tractations, il finit par rentrer en France, ne gardant que le titre de Roi de Jérusalem et de Sicile. Alphonse V fait alors de Naples un foyer de la Renaissance italienne où des artistes comme Antonello da Messina, Jacopo Sannazaro ou Ange Policien y exercent leurs talents.

Page de titre du De Regibus Christianis.

C’est durant cette période faste que nait à Castellammare di Stabia autour de l'année 1445 Michele Riccio (1445-1515), fils de Nicholas de Ritii et Mariella Correale. Il eut comme précepteur l’humaniste Pietro Summonte qui l’orienta vers la carrière juridique. Ferdinand 1er d’Aragon, alors roi de Naples, le nomme professeur de droit à l’université du Royaume.

Lors de la première guerre d’Italie (1494-1497), Charles VIII de Valois, allié au duché de Milan, estime avoir des droits héréditaires sur le royaume de Naples. Il passe le col de Montgenèvre et envahit Naples sous le prétexte de mener une nouvelle croisade contre l'Empire ottoman et délivrer Jérusalem. À la mi-février 1495, le roi Alphonse II de Naples abdique et Ferdinand II lui succède. Ce dernier doit fuir devant l’arrivée des troupes françaises le 22 février 1495. C’est alors que des nobles italiens, nostalgiques de la période angevine et convaincus de la justesse des prétentions de Charles VIII, se rallient à lui avec leurs hommes d'armes. Michele Riccio est au nombre de ceux qui participent à ces ralliements. Il profite de la prise de Naples pour se placer sous la protection des Valois. Il devient ainsi Avocat fiscal, diplomate et conseiller du roi et il occupe différentes fonctions politiques qui l’impliquent dans les guerres d’Italie.

La conquête est de courte durée car les exactions des occupants provoquent l’hostilité de la population et une alliance anti-française connue sous le nom de la Ligue de Venise organise la résistance. Charles VIII choisit de battre en retraite et Michele Riccio le suit dans son retour en France. Il reçoit la charge de Conseiller du Roi au Grand Conseil.

Il entreprend alors la rédaction d’une histoire de l’expédition de Charles VIII (Historia profectionis Caroli VIII) dont le manuscrit daté de Juillet 1496 est conservé à la Bibliothèque Nationale de France.[2] Il s’agit d’un compte rendu de la première guerre d'Italie dans lequel Riccio prend parti sans nuance pour son protecteur. Cet ouvrage n’a pas bénéficié à l’époque d’une édition imprimée.[3]

Au décès de Charles VIII, son cousin Louis d’Orléans, devenu Louis XII, hérite des droits des Valois sur le royaume de Naples et poursuit les rêves de conquête. Il commence par reprendre le duché de Milan et nomme Michele Riccio, premier sénateur de la ville en 1498. Ce dernier entre ainsi à Milan en Octobre 1499 avec le cardinal d'Amboise pour répondre à une harangue des Milanais. Puis Louis XII se tourne vers le royaume de Naples. Le 11 novembre 1500, il signe le traité de Grenade avec Ferdinand II d'Aragon réglant le partage du royaume : les Pouilles et la Calabre pour l’Aragon, Naples, le Labour et les Abruzzes pour la France. Par la suite, Louis XII va confier à Riccio plusieurs missions diplomatiques, ce qui le conduit à prononcer un discours officiel d’obédience à Jules II lors d’une ambassade à Rome, en 1505, au côté de Guillaume Budé, discours qui sera publié d’abord à Rome [4] puis par Josse Bade.

Le royaume de Naples reste encore 4 ans aux mains des Français mais après les défaites de Seminara, de Cérignole et du Garigliano contre Gonzalve de Cordoue, la France renonce définitivement à ses prétentions sur Naples en 1504.

Premier livre de l'Histoire de France

Fin de l’histoire française à Naples et début des chroniques historiographiques de Michele Riccio qui entame l’écriture du De Regis Francorum, un résumé des dynasties qui se sont succédées en France de Pharamond jusqu’à Louis XII. Jacques Le Long dans sa Bibliothèque Historique de la France [5] nous dit que le style de l’auteur est travaillé mais qu’il ne fait qu’effleurer les principaux évènements tant ils sont abrégés. Il est certain que condenser l’histoire de France en 25 feuillets requiert un bon esprit de synthèse. Il s’inspire en cela du Compendium qu’avait rédigé quelques années auparavant Robert Gaguin sur l’histoire de France.

La première édition parait à Rome en 1505 sous le titre Michaelis Riccii Neapolitani ludovico XII regi a consilis, de Regibus Francorum a Pharamundo usque ad Ludovicum XII. L’édition est citée par plusieurs bibliographes du 17ème siècle (Le Long, Lenglet Dufrenoy, etc) mais je n’en ai pas retrouvé trace dans les bibliothèques publiques. Son existence est néanmoins très plausible puisque cette date correspond à celle des deux pièces liminaires figurant dans les deux premières éditions collectives, à savoir celle de Milan (Impressum Mediolani per Joannem de Castelliono, 1506) puis celle de Paris. (Josse Bade, 1507). Ces deux éditions regroupent le De Regibus Francorum avec d’autres opuscules consacrés aux autres dynasties ayant régné sur Naples. On trouve donc à la suite du De Regibus Francorum libri III (f°I à XXV) soit 50 pp. :

-         De Regibus Hispaniae lib. III. (Du Royaume d’Espagne en 3 livres ). f° XXVI à XLIII, soit 36 pp.

-         De Regibus Hierosolymorum lib. I. (Du Royaume de Jérusalem en 1 livre). f° XLIV à XLVI, soit 6 pp.

-         De Regibus Neapolis et Siciliae lib. IV. (Du Royaume de Naples et de Sicile en 4 livres). f° XLVII à LXXX, soit 48 pp.

-         De Regibus Ungariae lib. II. (Du Royaume de Hongrie en 2 livres). f°LXXXI à CVII, soit 54 pp.

Certains bibliographes [6] prétendent que ces autres opuscules avaient aussi paru séparément en 1505, mais là encore, je n’en ai trouvé aucun qui soit cité comme opuscule séparé dans une quelconque bibliothèque publique. Il faudrait sans doute creuser davantage car, à vrai dire, la recherche des différentes éditions anciennes est ardue, les catalogues retenant un nom d’auteur très variable selon le pays ou la période [7].

Débuts des livres sur l'Histoire de Jérusalem et l'Histoire de Sicile

Par ailleurs, il apparait que les quatre premiers opuscules forment un tout dans la mesure où ils mettent en lumière les droits des différents souverains sur le royaume de Naples.  Riccio a développé en priorité l’histoire de France, puis celle du royaume de Naples en elle-même, tandis que l’histoire d’Espagne et surtout celle du royaume de Jérusalem sont traitées plus succinctement. L’histoire de la Hongrie, qui n’a pas de rapport immédiat avec le royaume de Naples, semble-t-il, a fait l’objet d’un titre de transition : Sequitur Gibus (sic !) Ungariae, pouvant vouloir marquer une distinction par rapport aux autres livres.

Les opuscules sont précédés de deux pièces liminaires qui figuraient déjà dans l’édition de Milan de l’année précédente : La première est une épître du professeur Gianpaolo Parasio (Alias Aulus Janus Parrhasius), de Cosenza, à l'auteur datée du 1er Octobre 1505. Ce fils d’un conseiller au Sénat de Naples avait fui à Rome lors de l’invasion française. La seconde épître est rédigée par l’auteur à l’attention de Guy de Rochefort, grand chancelier de France [8].

L’édition de Josse Bade contient, outre les deux pièces liminaires déjà citées, une épigramme originale dans laquelle l’éditeur loue le travail de Michele Riccio et met l’accent sur le fil rouge de l’ouvrage, à savoir les revendications héréditaires sur le Royaume de Naples, faisant au passage un certain amalgame entre les espagnols, la conquête arabe et la nécessaire reprise des lieux saints.

Lettre de Gianpaolo Parisio à Michele Riccio


L'épigramme de Josse Bade

En voici une libre traduction :

Epigramme de Jodoc. Badius sur ce qui suit à propos des royaumes chrétiens :

Si la noblesse connaissait la lignée des familles royales / cela les aiderait à avoir une vision globale (à voir tout en un) / Lisez les livres de Riccio, parmi les meilleurs sur l'histoire. / En effet, à partir de ceux-ci vous apprendrez l'origine des célèbres Francs / Ils ont atteint les sommets des rois chrétiens / Un rival des Francs, par le sang duquel les Ibères ont été menés, / Bethyca (La Bétique) [9] a soumis leurs royaumes à son sceptre. / Et par cette parthénopée, les rois sont rejetons des Sicules (Siciliens) / Ils disent qu'ils détiennent seuls les droits de Soliman / Le chef de ceux qui ont orné le Christ d'une couronne / Ou alors ravissent quelques sceptres par jour. / Et enfin, les rois de Hongrie sont nés du sang / Des guerres horribles et dures entre les hommes / Et par cette union ou parthénopée de sang / La Hongrie revendique le sceptre pannonien. [10]

Le livre sur l'histoire de Hongrie

Le Praelium Ascensianum est connu pour être un foyer important de la diffusion de l’humanisme italien en langue latine. Josse Bade a voyagé en Italie, à Ferrare, à Mantoue ; il a suivi les cours de Philippe Beroalde, dont il éditera à plusieurs reprises les œuvres. Ses auteurs de référence sont notamment Petrarque, Ange Policien, Marcile Ficin, Lorenzo Valla, Nicolo Perotti. Il semble donc naturel que Michele Riccio se soit adressé à lui pour faire rééditer son compendium.

Cette édition parisienne a été imprimée en caractères romains. Les majuscules du texte sont rubriquées en jaune et le début des livres agrémentée de lettrines foliacées. Le titre, typographié en rouge, est inséré dans la célèbre marque gravée du Prælum Ascensianum de l’éditeur [11], figurant l’intérieur d’un atelier d’imprimerie.

Il faut noter une particularité qu’on ne retrouve pas dans les autres exemplaires consultés : le (mal nommé) dernier feuillet blanc contient au verso une reprise à l’identique du texte en rouge figurant sur le premier feuillet, à l’exception de la marque de l’imprimeur. Il s’agit sans doute d’une erreur au moment de la mise en page ou de la reliure mais cela nous donne une indication sur la manière dont Josse Bade composait son titre. A l’inverse des gravures avant la lettre, Il commençait par typographier la page de titre en lettres rouges et surimposait ensuite sa marque.

Verso du dernier feuillet "blanc"

L’édition collective [12] des traités sur les royaumes chrétiens aura beaucoup de succès, peut-être en raison de son caractère synthétique qui la rendait pratique aux étudiants. Elle sera encore publiée par Froben en 1517 puis en 1534 (C’est l’édition que l’on trouve le plus souvent en bibliothèque), traduite en italien (Venise, Vincenzo Vaugris, 1543), puis reprise en entier ou seulement par fascicules insérés dans d’autres ouvrages jusqu’au milieu du 17ème siècle (par exemple Naples, 1645).

Michele Riccio a ouvert ainsi la voie à d’autres historiographes comme son compatriote Paolo Emilio, pensionné par Charles VIII dès 1489 comme orateur et chroniqueur du roi, qui écrira à son tour une Chronique de France bien plus développée (De rebus gestis Francorum, Libri IIII ) qui sera publié également par Josse Bade à partir de 1517.

Bonne Journée

Textor

Colophon de Josse Bade


[1] D. Michaelis Ritii a. consilio et ab requaestis (ut ajunt) regii : Compendiosi & veridici de regibus christianis fere libelli. Ouvrage de 107 feuillets (mal chiffré CIII) signés A4, B-O8, P4.

[2] Paris, lat. 6200.

[3] Texte publié en fragments in Arthur de Boislisle, Notice biographique et historique sur Étienne de Vesc, sénéchal de Beaucaire, pour servir à l'histoire des expéditions d'Italie, Paris et Nogent-le-Rotrou, 1884, p. 258-270.

[4] Oratio ad Julium II. in obedientia illi praestita per Ludovico XII, per Michaelem Ritium. (Romae : E. Silber, s. d.)

[5] Bibliothèque Historique de la France T II, p. 47 (Paris, J.T. Herissant 1769).

[6] Voir Brunet IV 1314. Lequel se trompe aussi sur le format de l’édition de Bade puisqu’il écrit In-quarto alors que c’est un in-octavo.

[7] Michele Riccio pour la BNF mais Michael Riccio pour la British Library, en latin Michaelis Ritius, on trouve aussi Michele Ricci ou Rezzo, parfois francisé en Michel de Ris, du Rit ou de Rys, chez les anciens bibliographes.

[8] L’édition de Milan contient aussi deux autres pièces qui n’ont pas été reprises par Josse Bade : Martianus Aries cremonensis a manu Jani studiosis. S.P.D. ; et, au fol. VIII v° : Clarissimi senatoris et juriscon. Michaelis Ritii de Regibus Neapolis historia.

[9] La Bétique couvre le sud de l'actuelle Espagne et correspond à peu près à l'actuelle Andalousie. Elle tire son nom du nom latin du fleuve Guadalquivir, Baetis.

[10] Janus Pannonius, humaniste et poète Hungaro-Croate, voir l’article du 25 juil. 2021 sur ce site.

[11] Marque 1, état 1 de Josse Bade Ascensius, reproduite par Ph. Renouard dans sa bibliographie de Josse Bade, Paris 1908 (Gravure Pl. B3 n°77).

[12] La BNF dénombre 18 exemplaires de l’édition de Josse Bade, 1507 dont 7 en France, mais la liste n’est pas exhaustive.

lundi 19 juillet 2021

La première traduction latine des Histoires de Polybe. (1498)

Polybe (vers 208 av. J.-C. – 126 av. J.-C.) est le grand historien grec sans qui nous ne saurions pas grand-chose des évènements liés à la seconde guerre punique et aux péripéties qui ont amené Hannibal et ses éléphants à franchir les Alpes.

Il est né dans une famille vouée à la politique dans une petite bourgade agricole (en dépit de son curieux nom de Mégalopolis). Homme de guerre, chef de la Ligue Achéenne, il assiste impuissant à la suprématie de Rome sur le monde grec. Pris comme otage à la bataille de Persée, il est envoyé à Rome et devient le précepteur personnel de Scipion Émilien avec lequel il se lie d’amitié. Jouant de l’influence des Scipion, il cherche alors à intégrer la Grèce Centrale à la République romaine et se rend indispensable comme stratège de guerre.

Les Histoires de Polybe dans la traduction de Niccolo Perotti. 
La page de titre.


Lettrine d'entame du livre premier.

 Fasciné par la puissance de son vainqueur et cherchant dans la Constitution romaine les raisons de ses succès, son séjour en Italie lui permet de faire une étude approfondie des institutions romaines comme des techniques militaires des Romains. C’est donc à Rome que Polybe conçoit le projet des Histoires. Sa documentation est inestimable : il combine son expérience politique personnelle, ses souvenirs (Il avait assisté en témoin direct à la destruction de Carthage), les témoignages de ses contemporains et les observations recueillies au cours de ses nombreux voyages car les guerres romaines lui font découvrir toute l’Italie, les Alpes, la Gaule du sud et l’Espagne. Il est ainsi le premier auteur ancien à faire une description de la Péninsule Ibérique qu’il visite deux fois avec son ami Scipion Émilien.

On pense que c’est en Grèce, après sa libération vers -150 av JC., qu’il commence la rédaction de son œuvre, entre deux retours à Rome. Son projet est de montrer comment la conquête romaine a été rendue possible, en seulement 53 ans.   

Il rédige en tout quarante volumes dont il ne nous reste que cinq complets et quelques fragments pour les autres. La partie subsistante étant le début du livre, nous avons des développements en forme de préface en tête des livres I, II et IV et un sommaire de l'œuvre entière au livre III.

Les livres I et II constituent un résumé des évènements survenus entre -264 et -220 (Première Guerre punique, Première Guerre d'Illyrie, histoire de la Confédération achaïenne jusqu'à la guerre de Cléomène). Les livres III, IV et V retracent l'histoire de la 140e Olympiade (-220 à -216), en particulier le début de la Deuxième Guerre punique et l'histoire du monde hellénistique jusqu'à la bataille de Raphia.

Fin de la préface de Nicolas Perotti et début des Histoires de Polybe qui permettent d'apprécier la mise en page serrée.

Les premiers paragraphes des livres 2 à 5.

La Renaissance a su préserver et diffuser le texte de Polybe. Il faut insister sur l’intérêt de la première traduction latine des Histoires, dont nous avons seize manuscrits[1] et qui, publiée seule, puis associée au texte grec dès l’editio princeps en 1530, au moins dix-sept fois jusqu’en 1608, a favorisé la diffusion d’une œuvre si importante dans la pensée politique européenne à la Renaissance, en particulier chez Machiavel.

Pour cela il fallait un auteur pétri de culture grecque. Cet auteur est Niccolò Perotti (1429-1480). Arrivé à Rome en 1446, il devient secrétaire du cardinal Bessarion, humaniste byzantin, avec lequel il perfectionna son grec. Dès 1449, Perotti se fit connaître comme traducteur, d’abord de Basile (De invidia) puis de Plutarque (De invidia et odio). Il suivit à Bologne le cardinal Bessarion qui était devenu le légat du pape de 1450 à 1455, et fréquenta l'université de Bologne où il a probablement enseigné la rhétorique et la poétique. À Bologne, il poursuivit ses travaux de traduction afin d'attirer l'attention du pape Nicolas V, qui finit par le distinguer du titre de traducteur pour le grec. C’est donc à la demande du pape que Perotti se consacra à sa grande traduction, celle des cinq premiers livres de Polybe, du début 1452 à l’été 1454.

L'ouvrage est protégé par une reliure italienne de la fin du XVIIIème siècle.

L’édition de ma bibliothèque, la seconde après celle de Rome chez Conrad Sweynheym et Arnold Pannartz du 31 Dec. 1473 (i.e.1472), fut imprimée à Venise par Bernard Venetus de Vitalibus, en 1498[2]. Cet incunable est assez rare ; inconnu de Brunet, qui ne cite que l’édition de Rome. L’ISTC en recense moins de cinquante exemplaires dans les institutions publiques dont six aux Etats-Unis, quatre en Grande Bretagne et aucun en France.

Elle comporte une introduction à l’Histoire de Polybe par Perotti (Nicolai Perotti in Polybii Historiarum libros proœmium), une préface de l’auteur adressée au Pape Nicolas V (Ad Nicolaum Quintum Pontificem Maximum. Polybii Historiarum libri Quinq[ue]: Nicolaus Perottus Pont. Sypontinus e græco traduxit) et elle se termine par une pièce sans rapport avec l’histoire de Polybe, une élégie du poète Hongrois Janus Pannonius dont nous aurons à reparler dans un autre billet.

Le manuscrit de la traduction latine, que Perotti avait conservé pour lui, a été identifiée comme étant le Vaticanus Latinus 1808. Il est précédé de deux brefs du pape Nicolas V à Perotti (29 août 1452 et 3 janvier 1454) et suivie d’une lettre de N. Volpe à Perotti sans date. Les pièces liminaires qui furent finalement publiées sont donc différentes du manuscrit original.

La préface de Nicolas Perotti adressée au Pape Nicolas V.

Certes, cette traduction n’est pas exempte de défauts, on lui a reproché d’être trop libre [3], mais on relativisera ces critiques en tenant compte du mode de traduction de l’époque et des difficultés pour obtenir un original non corrompu. La correspondance de Perotti montre qu’il a eu du mal à avoir accès à un manuscrit grec de Polybe conservé au Vatican, alors qu’il travaillait à partir d’un autre manuscrit tardif et mutilé [4]. Il ne cache pas dans une lettre du 27 février 1452 [5], qu’il s’est appuyé largement sur une traduction précédente, datant de 1421, de Leonardo Bruni, traduction limitée au livre I et au début du livre II. Effectivement, on retrouve dans ces livres les altérations ou les additions qui sont dans Leonardo Bruni. Toutefois, bien qu’assez libre, la traduction a ses mérites et les traducteurs successifs, tel Casaubon, s’y référeront [6]. J-L Charlet a montré, à partir de la lettre dédicace au pape Nicolas V et de la traduction elle-même, que, dans ce cas particulier, il y avait convergence entre l’intention de l’auteur et les attentes du mécène et du public [7].



Le filigrane du premier feuillet blanc 

L’ouvrage, sorti des presses de Venetus de Vitalibus, est sobre, imprimé en 44 lignes sur un beau papier fort. Il est agrémenté de lettrines gravées sur bois pour chacun des livres. Seule la préface contient une lettre d’attente destinée à être enluminées et laissées en blanc dans cet exemplaire.

Cet imprimeur, encore appelé Bernardo ou Bernardino de Vitali, est actif à Venise de 1494 à 1539 environ. Si les données de la BNF sont exactes, il aurait eu une longue période de production, à moins que Bernardino ne soit son fils. Il imprime des ouvrages de musique en association avec Matteo de Vitali entre 1523 et 1529, parfois sous la raison : "Albanesoti".

Le premier feuillet blanc porte un beau filigrane en forme de tête de bœuf surmontée d’une croix autour de laquelle s’enroule un serpent. Il est similaire au Briquet 15374 que cet auteur attribue à un atelier d’Innsbruck et date de 1488. Il n’apparait que sur ce premier feuillet, pour les autres feuillets, on entraperçoit un motif géométrique plus difficile à identifier. Il peut paraitre curieux pour un imprimeur vénitien d’aller chercher son papier à 300 km de là, dans le Saint Empire, mais peut-être y avait-il à cette époque des routes commerciales entre les deux villes permettant de l’expliquer.

L'exemplaire est conservé dans une reliure en plein vélin rigide, apparemment ancien. Ayant quelques hésitations sur la date de la reliure qui n’est évidemment pas d’origine, j’ai interrogé les experts de mon réseau social. Les avis diffèrent et donne un période allant du XVIIIème siècle au pastiche XXème. 

Un libraire dit avoir eu en main une reliure similaire qui était italienne, probablement de la région Milan ou Venise et qu’il date vers 1790-1800. D’autres avis abondent en ce sens mais certains y voient une reliure pastiche moderne, à base de vélin ancien, en s’appuyant sur la pièce de titre qui revendique le statut d’incunable. On y lit « Venit. 1498 », ce qui ne serait pas habituelle au XVIIIème siècle où l’on pourrait trouver à la rigueur une inscription en queue. 

Cette revendication du statut d’incunable signerait une reliure du XXème siècle et serait confirmée par le style du tranchefile. Cet avis n’est pas partagé par un autre libraire qui précise que le statut de préciosité de l'incunable apparait déjà au XVIIIe. Il en donne pour preuve un recueil en reliure XVIIIe typique, avec deux 2 pièces de titre portant indication de l’antiquité du livre. (Rob. delit // Sermones // Gregoriu // Margari sur la première et ediotione // antiquae // abisq. ann sur la deuxieme, c’est-à-dire "édition antique sans date"). L'abbé Périchon collectionnait déjà les incunables au milieu du XVIIIe, il en avait plus de 100 et le recueil en question portait le numero 124 de sa bibliothèque désignée ainsi par lui dans son catalogue Roberti de Litio sermones varii (editio vetus absque ullâ indicatione loci, anni et impressoris). - Gregorius in moralibus (sine loci et anni indicatione, sed cum nomine Frederici Creusner, typographi. - Liber qui dicitur Margarita, compilatus à fratre Guidone Vincentino, ordinis Praedicatorum episcopo Ferrariensi (sine loci, anni et impressoris indicatione), in fol. V. fauve ». (Catalogue de 1791).

A mon avis, ayant le livre en main, ce qui est plus facile pour juger de la date d'une reliure et compte tenu des mentions manuscrites du contreplat, la reliure n'est pas un pastiche mais bien une reliure italienne de la fin du XVIIIème siècle, possiblement de Venise ou de Milan.

Comme quoi, les débats passionnés et passionnants autour du livre ancien continuent d’agiter les amateurs. 

Bonne journée,

Textor

Le colophon de Bernardo de Vitali.




[1] Dont Genova, Gastini 36; Venezia, Marc. Zan. Lat. 361 (1554); Vat. Pal. Lat. 911; Vatt. Ross. 550; Vat. Chigi J VI 219 et J VIII 281; Vandoeuvres, Fondation Bodmer 139.

[2] In-folio de (1) bl (102) ff rubriqué a–o6 p–r4 s6

[3] Jean-Louis Charlet, « La culture grecque de Niccolò Perotti », Cahiers de recherches médiévales et humanistes, 25 | 2013, 259-280.

[4] Hadot prouve que Perotti a travaillé à partir du Marc. Gr.261 copié par Bessarion lui-même après le 23 avril 1449, et peut-être aussi à partir d’un parent du Vat. Gr. 2231. L’autre manuscrit de Bessarion, auquel Perotti ne peut avoir accès (lettre du 27 février 1452), est peut-être le Vat. Gr. 326. Hadot 1987, pp. 327–329

[5] « Niccolo Perotti, humaniste du Quattrocento, bibliographie critique » par Jean-louis Charlet, Nordic Journal of Renaissance Studies, 2011.

[6] Les traductions latines en éditions anciennes sont celles de Casaubon (Paris, 1609), de Jacques Gronovius (Leyde, 1670), de Schweigheuser (Leipzig, 1792, 8 vol. in-8-), réimprimée par F. Didot avec des notes inédites puis celle de C. Muller (1840, grand in-8), enfin celle de Becker (Berlin, 1844). La première traduction française de Polybe est due à Louis Maigret (1542), suivie de celle de dom Thuillier (1727-1730) (en 6 vol. In-4), avec des commentaires de Folard.

[7] Jean-Louis Charlet, Colloque “Mecenati, artisti e pubblico nel Rinascimento” - Chianciano, juillet 2009.