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jeudi 14 septembre 2023

Une presse éphémère : l’imprimerie de la collégiale Saint Victor près de Mayence. (1549)

 Il y a une dizaine d’années, la librairie Paul Jammes, à Paris, avait consacré un catalogue entier aux presses privées installées chez un particulier ou dans une institution religieuse [1]. L’exemple le plus connu de ces presses est celui de la Correrie, dans le monastère de la Grande-Chartreuse, qui fonctionna sous l’impulsion de Dom Innocent Le Masson pendant une vingtaine d’années.

Il en existe bien d’autres, le catalogue réunissait 132 lots, comme cette imprimerie du couvent de St François de Cuburien, près de Morlaix, en Bretagne (1575), l’imprimerie Huguenote de Duplessy-Mornay dans son château de la Forest-sur-Sèvres (1624), les impressions du Chasteau de Richelieu réalisé sous l’impulsion de Jean Desmaret de Saint-Sorlin pour le frère du Cardinal (1653), les productions de l’abbé Gerbert issues de son abbaye de Saint Blaise en Forêt Noire (1758), la Strawberry Hill Press de M. Horace Walpole (1772),  la presse privée de Benjamin Franklin à Passy (1781), l’imprimerie de Du Pont, député de Nemours, en son hotel de Bretonvilliers, Isle St Louis (1791), la presse privée de la Duchesse de Luynes à Montmorency (1800), l’imprimerie particulière de M. Thomassin à Besançon, dont Charles Nodier collectionnait les exemplaires,  etc … Le catalogue y associe même les ouvrages composés avec les nouveaux caractères de Pierre Moreau (1640) car ils sont cités dans le catalogue de Lottin. 

La marque au Pélican de François Behem

L’adresse de Saint Victor près de Mayence

Imprimeries Particulières, Catalogue Paul Jammes, Paris

Auguste-Martin Lottin, imprimeur du Roi, avait fait installer en Mai 1765 une petite presse typographique à Versailles pour enseigner au Dauphin, futur Louis XVI, l’art typographique. Il rédigea ensuite un Catalogue chronologique des librairies et libraires-imprimeurs de Paris (1789) dans lequel une douzaine de colonnes sont consacrées aux imprimeries particulières.

Emmanuelle Toulet [2] nous propose une définition de ces ateliers fugitifs qui fonctionnaient souvent sans privilège ni autorisation du pouvoir royal et sans souci de rentabilité. Ils étaient établis par des personnalités qui n’appartenaient pas au milieu de l’imprimerie et n’avaient pas de compétence technique. Ces personnalités choisissaient les textes, assuraient le financement, réunissaient le matériel nécessaire, l’installaient dans un lieu privé, recrutaient les ouvriers qualifiés, organisaient les opérations et décidaient des tirages, généralement peu élevés.

Ces presses étaient tolérées mais n’avaient aucune existence légale. En France, un arrêt de 1630, qui ne fut pas vraiment appliqué, précisait même que « sa Majesté fait défenses à toutes personnes de quelque qualité et condition qu’elles soient, à tous chefs et supérieurs des collèges, couvents et communautés d’avoir à tenir dans aucune maison particulière … aucunes presses et imprimeries… ».

Bien qu’assorti, pour certains titres, du privilège impérial, c’est à cette catégorie des presses particulières que nous pouvons rattacher une série d’ouvrages religieux parus entre 1540 et 1552, portant tous l’adresse de la collégiale Saint Victor près de Mayence (Allemagne) et pour lesquels, il semble que l’initiateur en ait été uniquement un certain Johan Dobneck, dit Cochlaeus. 

Page de titre du De Haerici de Conrad Braun


La reliure monastique de l'ouvrage, une demie peau de truie estampée.

La collégiale Saint-Victor avait été fondée à la fin du Xe siècle, à Weisenau près de Mayence. Elle disposait déjà de tours et de fortes murailles qui remontaient à l'époque romaine ou au haut Moyen Âge lorsque L'archevêque Baudouin de Luxembourg (1328–1336) la fit fortifier parce qu’elle se trouvaient à l’extérieur de l’enceinte de la ville.

En pleine controverse religieuse et pour remplir son dessein évangélique, la congrégation s’adjoignit un imprimeur de la ville, François Behem, originaire de Meissen, qui transporta ses presses dans l’enceinte de l’abbaye, en 1539. Behem avait un lien de parenté avec Cochlaeus puisque son épouse était la nièce de celui-ci. [3]

Saint Victor pouvait s’enorgueillir d’un célèbre précédent en matière typographique car parmi la liste des membres des confréries rattachées à son chapitre figure le nom d’un certain Johannes Gensfleisch zur Laden zum Gutenberg. [4]

Cette imprimerie eut une activité soutenue jusqu'au 28 Aout 1552, année où l'abbaye, avec toutes ses dépendances, fut pillée et détruite par le margrave Albert II Alcibiade de Brandebourg-Kulmbach pendant la Seconde guerre des Margraves, ce conflit qui opposa les princes luthériens et catholiques du Saint Empire et qui finit par la paix d’Augsbourg en 1555. La Collégiale ne sera jamais reconstruite, mais le chapitre fut déplacé le 21 octobre 1552 à la collégiale Saint-Jean à l'intérieur des murs de Mayence.

François Behem dut alors transférer son atelier typographique à l'intérieur de la ville, dans la maison au Mûrier. Il ne put reprendre son activité qu'en 1554 et il était encore actif en 1572. De nombreux exemplaires des livres imprimés à l’abbaye brulèrent ou furent dispersés au moment du pillage, d’où la difficulté d’en trouver aujourd’hui.

8ème imprimeur de Mayence dans l’ordre chronologique, après Gutenberg, Il avait obtenu, après le décès d'Yves Schoeffer, le neveu de Johannes Schoeffer, associé de Gutenberg, le privilège impérial exclusif, que ce dernier et ses prédécesseurs avaient eu, avant lui, d'imprimer les ordonnances impériales et les procès-verbaux des diètes de l'Empire.

Il était très habile dans son art et ses productions sont très soignées. Il employa plusieurs marques typographiques, dont celle au Pélican est la plus connue et la plus spectaculaire. Un Pélican qui se sacrifie pour ses petits, symbole du Christ, avec la devise Sic His Qui Diligunt. (Comme pour ceux qui aiment).


Quelques exemples du travail de François Behem

Les années 1545-1550 ont été celles d’une intense production pour l’abbaye sous l’impulsion de Johan Cochleaus qui édita, mis en forme ou commenta pas moins d’une vingtaine de titres au cours de ces années, essentiellement des textes visant à défendre la Saint Eglise catholique contre les hérétiques de tous bords, Luthériens, Hussites, Donatistes, Iconoclastes, dans un contexte de réaction à la Réforme protestante et à l’occasion du Concile de Trente qui avait débuté en 1545.

En voici une petite liste, non exhaustive, tirée de la Chronologie des Anciennes Impressions de Mayence [5] et du catalogue de la BNF :

Johannes Cochlaeus, De Autoritate et Potestate Generalis Concilii Testamonia XXX solida ac merito irrefragabilia, etc… Moguntiae F Behem 1545 ; opuscule de 46 ff. n.ch.

Statuta et Decreta Synodi Dioces. Argentorat. Moguntiae F Behem, 1546 in-Fol. Statuts émanant de l’évèque Erasme de Limbourg.

Johannes Cochlaeus, De Autoritate et Potestate Generalis Concilii Testamonia XXX solida ac merito irrefragabilia, Mogunt. Ad D Vict. Impr. Per Franc Behem, 1546. Seconde edition in-8.

Johannes Chrysotomus Mess auf Teutsch, Meynz F Behem 1546 in-4

Georgius Wicelius Form und Anzeigung Form und Anzeigung, welcher gestalt die heilige, apostolische, und catholische Kyrche Gottes, vor Tausent mehr oder weniger jaren, in der gantzen Christenheit ... Meyntz, Frantz Behem, 1546 in-8.

Jo. Cochlei Commentaria de actis et scriptis Mart. Lutheri chronographicè ab anno 1517. ad annum 1546. Apud S. Victorem prope Moguntiam 1549. In-fol.,

Johannes Cochlaeus, Joannis Calvini in acta Synodi Tridentinae Censura et eiusdem brevis confutatio Apud S. Victorem prope Moguntiam, ex officina Francisci Behem Typographi, 1548, opuscule de 40 ff. que Jean Cochlée adresse à Erasme Strenberg, chanoine de Trente.

Catalogus brevis eorum quae contra novas sectas scripsit Joannes Cochlaeus Apud S. Victorem prope Moguntiam : per F. Behem , 1548

De Caeremoniis capitula tria D. Con. Bruni,... e tribus ejus libris I, III, et VI, excerpta. Apud S. Victorem, per F. Behem , 1548

Breve D. Conradi Bruni,... Introductorium de haereticis, e sex libris ejus excerptum... tribus capitulis comprehensum (autore Johanne Cochlaeo) Apud S. Victorem Moguntiae : per F. Behem , 1548

De Legationibus capitula tria D. Conradi Bruni,... excerpta e libro ejus secundo, cap. IX, X et XI (Francisci Behem studio)" Apud S. Victorem, per F. Behem , 1548

Un curieux recueil de 99 ff. Domine aperi oculos istorum ut uidebant, toujours de l’infatigable Cochlée et dédié à Philippe, évêque de Spire.  A la fin on lit : Apud S. Victorem prope Moguntiam excudebat Franciscus Behem, Die 30 martij 1548.

De imaginibus liber D. Conradi Bruni ... aduersus Iconoclastas.. S. Victorem prope Moguntiam, Aout 1548

Speculum antiquae devotionis circa missam et omnem alium cultum Dei, in-fol., Apud S. Victorem extra muros Moguntiae : ex officina F. Behem , 1549

Historiae Hussitarum Libri Dvodecim Cochlaeus, Johannes, Apud S. Victorem prope Moguntiam, 1549

De Interim brevis responsio Joan. Cochlaei, ad prolixum convitiorum et calumniarum librum Joannis Calvini (1549) Apud S. Victorem prope Moguntiam : excudebat F. Behem, 1549

Commentaria Joannis Cochlaei de actis et scriptis Martini Lutheri,... chronographice, ex ordine, ab anno... 1517 usque ad annum 1546... conscripta, adjunctis duobus indicibus et edicto Vuormaciensi...in-fol, Apud S. Victorem prope Moguntiam : ex officina F. Behem , 1549

L’ouvrage qui illustre cet article : D. Conradi Bruni,... libri sex de haereticis in genere. D. Optati Afri episcopi quondam Milevitani libri sex de Donatistis in specie, nominatim in Parmenianum, ex bibliotheca Cusana. Plura D. Bruni opera utpote de seditiosis libri sex, de calumniis libri tres, de universali concilio libri novem... Apud S. Victorem prope Moguntiam, ex oficina Francisci Behem Typographi, 1549.

Martini Cromeri oratio in synodo Cracoviensi nuper habita... (In lucem edidit J. Cochlaeus.) In-8° , 28 ff. Moguntiae : ex off. F. Behem , 1550.

Je mentionne pour l’anecdote un petit opuscule qui se distingue de cette production presque uniquement dédiée à la Contre-Réforme : Bergellanus (Joannes Arnoldus). De Chalcographiae Inventione poema encomiasticum (Moguntiae) cum privilegio Caesareo, 1541. C’est un poème de 11 feuillets à la gloire de la nouvelle invention typographique, dédicacé au Cardinal Albert, Electeur de Mayence, dont la page de titre représente trois imprimeurs au travail [6]. On lit au colophon : Moguntiae, ad divum Victorem, execudebat, Franciscus Behem.

Jean Cochlaeus au Lecteur

La plupart de ces titres, produits à l’abbaye, associe le nom de Cochleaus. Johan Dobneck, (dit Cochlaeus - enroulé en spirale ! - selon le surnom que lui donnèrent ses condisciples humanistes), est né en 1479 à Raubersried près de Nuremberg (Franconie) et il est mort en 1552 à Breslau, actuelle Wroclaw (Pologne). Il fut d'abord un pédagogue, recteur d'une des écoles de Nuremberg et auteur de divers manuels sur la grammaire, la musique, la nature. C'est d'ailleurs à ce dernier titre qu'il se révèle original, introduisant la philosophie de la nature dans le cursus préuniversitaire, avec sa Meteorologia et sa Cosmographia. 

Malgré une certaine sympathie pour les positions luthériennes du départ, notamment la critique de certains abus de l'Église, très vite et avant les autres, Cochlaeus vit dans le Réformateur de Wittenberg une menace pour la paix sociale, l'unité de l'Église et la civilisation des lettres que représentait l'humanisme. Le parti pris favorable envers Luther se maintint jusqu'à la Diète de Worms en 1521 où il lui fut donné de le rencontrer et de se mesurer à lui. A partir de là, Luther devint l'adversaire à abattre, incarnation du mal à éradiquer par tous les moyens que la controverse et la polémique mettait à sa disposition. Le pédagogue, revenu prêtre de son voyage à Rome, et gradué de l'Université, se lança dans le combat de la défense de l'Église catholique à laquelle il se consacra jusqu'à la fin.

Le Traité contre les Hérétiques de Conrad Braun (ou Conrad Bruni, 1491-1563) est un parfait exemple des productions de Saint Victor. Braun est un juriste, il a enseigné le droit public à l'université de Tübingen en 1521 et publié plusieurs ouvrages juridiques consacrés au Schisme, aux coutumes et aux ambassades. Ce traité contre les hérétiques, divisé en six livres, se présente comme une suite de six monographies sur le thème de l'hérésie : quid est de haereticorum moribus, quid est de malis et impietatibus, quid est de remediis, quid est de iudiciis, quid est de poenis haereticorumt.

Les pièces liminaires de Cochlaeus sont une nouvelle occasion de critiquer les sectes maudites (c’est-à-dire les protestants) qui, à son avis, rendent incertain l’avenir de l’Allemagne et oppose à leurs protagonistes (tels que Luther et Melanchthon), que Cochlaeus qualifie d’ennemis de l’Eglise et d’auteurs d’écrits pestilentiels, la saine doctrine de Braun ainsi que sa piété et son honnêteté. Cochlaeus et Braun se connaissaient personnellement ; ils s’étaient rencontrés probablement en 1540-1541, à l’occasion d’un débat sur les questions religieuses à Worms [7].

Le Traité d'Optat de Milève en deux exemplaires reliés ensemble. 

Un des filigranes du papier.

Le second ouvrage, rattaché au traité de Conrad Braun et annoncé au titre, est le traité des 6 livres contre les Donatistes par Saint Optat de Milève. Il est déjà considéré comme très rare au XIXème siècle. Les catalogues anciens notent que cette pièce se trouve très rarement à la suite du Traité des Hérétiques et Clément, dans sa Bibliothèque Curieuse Historique, fait le commentaire suivant : "Monsieur Meermann qui a acquis les ouvrages de Conradi Brunus m’écrit avec raison qu’ils sont fort rares et très estimés des Curieux et qu’on les joint ordinairement aux Ecrits de Jean Colchée. Il remarque en particulier sur ce traité que l’ouvrage d’Optatus Milevitanus ne se trouve pas dans son exemplaire, ni dans les autres qu’il a eu entre les mains, et il conclut que le contenu ne répond pas au titre. J’ai trouvé le même défaut dans notre Bibliothèque Royale ; et je crois que le Traité d’Optatus Milevitanus s’est vendu séparément, parce qu’il a son titre particulier et qu’il a la forme d’un livre singulier, ou que quelques personnes l’auront joint aux ouvrages de Colchée parce que c’est à ce dernier que nous en sommes redevables, comme on le verra dans un moment. Quoiqu’il en soit, il existe à la suite de l’exemplaire de M. Brunemann et porte le titre Optati Milevitani …. " [8].

L’histoire n’a pas retenu la raison pour laquelle, dans mon exemplaire, le texte d’Optat de Milève, dont il est dit partout qu’il est rarement relié à la suite du texte de Bruni, a été relié ici en deux exemplaires identiques, à la suite l’un de l’autre….

Il est possible que la reliure de cet ouvrage ait été aussi fabriquée dans le Monastère par les moines de St Victor car c’est un exemple typique des productions monastiques du Saint Empire : Une demie peau de truie estampée à froid avec réutilisation pour les plats d’un manuscrit du XIVe ou XVème siècle. Les moines devaient avoir à disposition un stock important de manuscrits sur place et chacun des cartons est donc constitué d’une quinzaine de feuillets d’un manuscrit collé les uns aux autres. Cette opération, sacrilège pour un bibliophile d’aujourd’hui, a eu pour avantage de sauver un important fragment de ce livre (pas moins de 64 pages !) alors qu’on ne sait pas ce qu’il est advenu des autres manuscrits, sans doute brulés avec la bibliothèque de l’abbaye.

Bonne Journée,

Textor


Le Petit-Séminaire de Saint-Nicolas du Chardonnet (disparu vers 1900) photographié par Atget, d’où provient l’exemplaire présenté, remplacé aujourd'hui par la Maison de la Mutualité.



[1] Catalogue intitulé Presses privées. Imprimeries particulières et secrètes.

[2] Emmanuelle Toulet, Imprimeries privées françaises (XVe – XIXe siècles), choix d’ouvrages tirés de la collection du duc d’Aumale. Exposition présentée dans le Cabinet des livres du Château de Chantilly en 2002.

[3] Dans l’une de ses lettres, datée du 28 avril 1548, Cochlaeus dit au sujet de ce typographe : cui uxor est neptis mea, cf. Buschbell 1909, p. 815.

[4] cf Bruderschaftsbusch St. Viktor, Hessisches Staatsarchiv, Darmstadt Abt. C1 D, Nr. 35, fol. 7’, fol. 12’, cité par Karin Emmrich, St. Viktor bei Mainz, der römische Pfründenmarkt und der frühe Buchdruck – Klerikerkarrieren im Umfeld Johannes Gutenbergs qui précise que la signature autographe de Gutenberg a été prélevée pour être gardée dans des archives spécifiques.

[5] In le Messager des sciences historiques de Belgique ..., Gand, 1842, Volume 4 p. 124 ;

[6] Cité par Prosper Marchand (p 11-17) dans son Histoire de la Typographie.

[7] Voir Braun, Guido. « Les cinq livres sur les ambassades » de Conrad Braun In : De l’ambassadeur : Les écrits relatifs à l’ambassadeur et à l’art de négocier du Moyen Âge au début du xixe siècle [en ligne]. Rome : Publications de l’École française de Rome, 2015 pp.

[8] Encore aujourd’hui la Bibl. de l’Université de Berkeley note : The additional works by K. Braun called for on t.p. do not appear in this and most other copies, except BM. Leur collation en [28], 358, [18], 69, [3] pages parait erronée car la marque d'imprimeur est à rattacher au premier ouvrage (Signatures : a*⁶, b*⁸, A-2G⁶, *⁸, [2d]A-F⁶.) Tandis que le nôtre se présente comme suit :  [28], 358, [2] - [16], 69, [2], [16], 69, [1]   pages ; - Signatures : a*⁶, b*⁸, A-2G⁶, *⁸, A-E⁶ F5.


 

vendredi 25 août 2023

Erasme et la censure (1542)

Un nom d’auteur biffé sur la page de titre d’une édition ancienne d’Erasme nous rappelle combien fut grande et dérangeante l’influence de l’humaniste de Rotterdam. Ce sont les mots Des.(iderii) Erasmi Rot.(erdami) qui ont été caviardés sur ce titre. L’acidité de l’encre ayant terminé l’œuvre du censeur.

Page de titre censurée du De Conscribendi epistolis opus publié chez Gryphe en 1542.

Un énorme malentendu a longtemps plané sur le catholicisme érasmien. Il n’y a plus débat aujourd’hui sur le fait qu’il était bien du côté de l’Eglise catholique et non pas du côté de la réforme mais la liberté qu’il s’était donné à juger les pratiques sclérosées du clergé, pratiques entachés de formalisme, voire même de superstition, les jugements sévères qu’il portait sur les débats théologique futiles des scholastiques et son désir de moderniser l’humanisme chrétien dans le cadre d’une pensée complexe et nuancée, ont conduit à une certaine incompréhension de ses pairs tout au long de sa vie puis à la censure pure et simple de ses œuvres, même longtemps après sa mort (1536).

La reliure de l’ouvrage présente quelques similitudes avec celles qui ornaient les ouvrages du bibliophile Marcus Fugger : Double filets encadrant les plats avec une dextrochère comme motif central et quatre fleurons d’angle. Toutefois sa signature n’apparait pas ou n’a pas été conservée car les gardes ont été renouvelées. Marcus Fugger faisait fabriquer ses reliures dans un atelier parisien.

Frère Erasme a choisi de vivre en marge des Augustins, obtenant la permission du Pape en 1517 de ne pas porter l’habit de son ordre et de vivre hors du couvent, en prêtre séculier. Un pas de côté qui lui permet de juger librement les pratiques religieuses qu’il considère comme datées. Son texte de 1522 sur l’interdiction de manger de la viande pendant le Carême ( Epistolae Apologetica de interdictio esu carnium) dans lequel il condamne le jeûne, estimant qu’il faut adapter ces anciennes prescriptions aux habitudes du temps, ne fait qu’augmenter le malentendu avec l’Eglise. Il estime encore qu’il y a trop de fêtes religieuses et de jours chômés néfastes à l’économie, que la loi sur le célibat ne faisait qu’entrainer nombre de prêtres vers la religion réformée et que par ailleurs le système des indulgences, permettant de racheter ses fautes, ne profite qu’aux riches tout en corrompant le clergé !

La critique des indulgences aurait pu laisser penser qu’il y avait une communauté de vue entre Erasme et Luther mais leurs échanges épistolaires, d’abord via Spalatin, chapelain de Frederic de Saxe, puis directement à l’initiative de Melanchthon, révèle rapidement des divergences philosophiques qui seront définitivement consommées en 1524 après la réponse aux diatribes d’Ulrich von Hutte, militant luthérien. (Spongia adversus aspergines Hutteni).  Luther échoue à rallier Erasme à sa cause évangélique. Dans ses Propos de Table il mentionne même qu’il interdira par testament à ses enfants de lire les Colloques, qui, sous un masque de piété, bafoue le christianisme.

Il est pour le moins paradoxal qu’Erasme ait été à la fois protégé par le Pape Paul III qui va jusqu’à lui proposer la pourpre cardinalice et dans le même temps soumis aux attaques incessantes des censeurs de la Sorbonne et de Louvain.

La faculté de théologie de Paris a été la première à entamer dès 1523 des procédures contre lui. Cette année-là vit la publication d’une partie des Colloques (Colloquia) dans lesquels le dialogue intitulé le Naufrage [1] (Naufragium), basé sur une histoire vraie, constitue un bel exemple des raisons qui entrainèrent la désapprobation de l’Eglise.

Il met en scène des voyageurs à bord d’un bateau pendant une tempête, dont certains seront sauvés et d’autres noyés. Le dialogue est prétexte à présenter différentes réactions et attitudes humaines face au danger, notamment les comportements religieux jugés hypocrites voire intéressés : les prières véhémentes aux saints ou à la Vierge plutôt qu’au Christ, les promesses d’ex-voto qui seront oubliées sinon moquées une fois le danger passé, l’égoïsme des religieux qui ne montrent pas beaucoup de sérénité ni de confiance en Dieu et qui, au lieu de prendre en charge les passagers, laissent une jeune mère secourir ses semblables, etc.

La protection de François 1er et de Marguerite de Navarre retarde l’exécution de la condamnation des écrits d’Erasme jusqu’en 1526 mais le zèle combatif du syndic de la faculté, Noël Breda, un normand fanatique et sans doute jaloux, finit par porter ses fruits. Les Colloques et les Paraphrases sont les premières œuvres condamnées, malgré les tentatives d’Erasme de justifier ses propos dans une lettre adressée aux censeurs de la Sorbonne [2] . Mais c’est plus fort que lui, quand il essaie d’entourer ses commentaires de mille précautions, il ne peut s’empêcher de lancer une pique ironique.  Dans son Du libre arbitre, Erasme écrit :  Je me rangerais sans peine à l’avis des sceptiques partout où cela est permis par l’autorité des Saintes Écritures et les décrets de l’Église auxquels je me plie en tout, que je comprenne ou non ce qu’elle ordonne. Il n’en fallait pas plus pour que Breda voit rouge [3].

La liste des livres interdits ne fait qu’augmenter après l’affaire des Placards (1534) jusqu’à contenir 500 condamnations dans lesquelles figuraient la plupart des titres d’Erasme, du Manuel du Soldat Chrétien (Enchiridion Militis Christiani) jusqu’à l’Eloge de la Folie (Enconium Moriae) sans oublier le sulfureux De interdictu esu carnium.

Les Pays-Bas ne furent pas en reste mais de manière plus nuancée. L’université de Louvain, sous la houlette de l’Inquisiteur de la Foi Nicolas Baechem, éplucha la première édition collective de Froben (Erasmi Opera Omnia, Bale, 1540) et finit par condamner 2 traductions de De Amabili Concordia montrant ainsi une certaine clémence à l’égard des idées du grand homme.

De son côté, le premier index romain (1559), à l’initiative du nouveau Pape Cafara (Paul IV) place Erasme parmi les auteurs hérétiques de première classe. Plus tard, l’index qui suit le Concile de Trente est pour le moins ambigu. A l’entrée ‘’Erasmus’’ l’intégralité de l’œuvre est prohibée alors qu’à l’entrée ‘’Desiderius‘’ il est considéré comme un auteur de seconde classe dont sept titres seulement sont interdits de vente et de lecture !

Lettre d'Erasme à Nicolas Béroalde.

Une lettrine de l'ouvrage.

Quand parait à Lyon chez Sébastien Gryphe, en 1542, une nouvelle édition du De Conscribendi Epistolis Opus qui avait été édité pour la première fois en 1522, les condamnations pour hérésie sont déjà prononcées et il peut paraitre étonnant que l’imprimeur lyonnais n’en tienne pas compte. Il s’est même donné pour rôle de rééditer la plupart des œuvres de l’humaniste de Rotterdam, sous forme de petits ouvrages portatifs qui tranchent sur les grands in-folio Frobien. Pas moins de 5 à 15 titres d’Erasme sortent annuellement de ses presses entre 1528 et 1558 [4].

Le De Conscribendi Epistolis Opus, ou Traité sur l’Art d’Ecrire des Lettres n’est certes pas le plus satyrique des écrits du Maitre de Rotterdam. C’est un ouvrage important dans la mesure où pour la première fois à la Renaissance un auteur se penche sur le sujet et théorise sur l’art d’écrire des lettres, mais il n’y a rien dans ces pages qui pourrait déclencher une polémique.

Pétrarque le premier, en découvrant fortuitement un manuscrit des lettres de Cicéron à Lucilius commence à classer et corriger les siennes en vue d’une publication. La lettre sort ainsi de la sphère privée pour devenir un genre littéraire à part entière. Erasme utilise le format de la lettre pour diffuser sa pensée. Il donne la permission qu'elles soient recopiées et distribuées quand il n’en planifie pas lui-même soigneusement la publication en différents recueils.

Puis il s’interroge dans le De Conscribendi Epistolis sur la valeur de ces recueils car il convient au préalable de convenir de ce qu’est une lettre, tant celle-ci peut prendre des formes multiples, d’un billet griffonné à un mémoire plus ample et structuré. C’est une chose si diverse, dira Erasme dans son livre, qu’elle varie presque à l’infini (Res tam multiplex propeque ad infinitum varia). Il estime qu’il existe autant de style de lettres que de destinataires. En introduisant dans la lettre ce principe d'infini, Il en fait un style d’écriture à part entière, d’une grande liberté et prétend même bousculer le cercle où des pédants barbares voulaient enfermer le genre épistolaire.

L’ouvrage est conséquent ; Pas moins de 360 pages dans cette édition, au fil desquelles sont passées en revue tous les types de missives : lettres de louanges, lettres de remerciements aux louanges, lettres d’exhortation, même les lettres d’amour, qu’illustre de nombreux exemples imaginés par l’auteur ou tirés des écrits des anciens telles que les lettres de Cicéron ou les lettres de Pline. L’introduction de cet ensemble sur l’art d’écrire est bien évidemment… une lettre adressée par Erasme à Nicolas Béroalde datée de Bâle, du 8 Juin 1522.

Erasme se pose des questions qui ne nous serait même pas venu à l’idée, comme la correcte latinisation des noms propres. Comment s’adresser correctement dans une lettre à Pic de la Mirandole ? Picus de Mirandula, Picus Mirandolanus, Picus à Mirandula ? (page 67). Il donne sa préférence comme le fait aujourd’hui le catalogue de la Bibliothèque Nationale sur les formes retenues et rejetées des noms d’auteurs.

L’épineux problème de la latinisation des noms propres français.

Qu’aurait eu à redire l’Eglise sur ce sujet ? Probablement rien. Mais le premier possesseur de l’exemplaire que j’ai en mains, ou plus tard un quelconque bibliothécaire qui le conserva, s’est imaginé qu’il était plus prudent de rayer le nom de l’auteur hérétique. D’autres exemplaires de ce titre ont subi le même sort.[5] Dans le nôtre seule la page de titre a subi la rage du censeur alors que le nom d’Erasme a été conservé sur les pages liminaires. Mise en conformité à la censure très symbolique, donc.

Bonne Journée,

Textor

Dextrochère 



[1] Voir Jean-Claude Margolin, Les éléments satyriques dans le Naufragium in La Satyre au temps de la Renaissance, Paris, Touzot 1986, p 153-185.

[2] Dans une lettre intitulée Declarationes Des. Erasmi Roterodami ad Censuras Lutetiae vulgatas sub nomine Facultatis Parisiensis (Froben, Fév. 1532)

[3] Voir Jean-Pierre Vanden Branden : Érasme fut-il un contestataire ? in Cahiers Bruxellois – Brusselse Cahiers 2018/1 (L), pages 119 à 141.

[4] Voir Étude de la production éditoriale de Sébastien Gryphe sur deux années caractéristiques : 1538 et 1550. Mémoire de recherche de Raphaëlle Bats, Coralie Miachon, Marie-Laure Monthaluc, Roseline Schmauch-Bleny sous la direction de Raphaële Mouren, ENSSIB Juin 2006.

[5] Notamment une impression de S. Gryphe, Lyon 1536, intitulée Conscribendarum epistolarum ratio, passée en vente chez la SVV Arenberg en Belgique, en mars 2021 et dont le nom de l’auteur avait été rayé par trois fois. On trouvera deux autres exemples pour une traduction d’Euripide dans le Catalogue "Alde Manuce (1450 - 1515) Une collection" de la Vente Pierre Bergé. Genève, 2004. (Lot 66 et 67) 

vendredi 4 mars 2022

Le supplément à la somme du Pisanelle par Nicolas d’Osimo (1483).

La Préface du Supplementum


En prenant un livre au hasard dans la bibliothèque et en cherchant à savoir quels renseignements les érudits des siècles passés et, plus récemment, les historiens du livre ont pu rassembler, il n’est pas rare que mon investigation se résume à quelques maigres paragraphes.  Il y a décidément encore beaucoup de travail à venir pour les étudiants en histoire du livre. Ce fut le cas pendant longtemps pour cette impression de Cologne, dénichée il y a près d’une décennie et sur laquelle je ne savais que ce que me donnaient les 10 lignes du catalogue du libraire.

L’ouvrage s’intitule Supplementum Summae Pisanellae et Canones poenitentiales fratris Astensis. C’est-à-dire le supplément à la somme du Pisanelle et les règles de pénitence de Frère Astensis.

Ce livre fut en son temps un des plus grands best-sellers de l’occident et quand Ulrich Zell, proto-imprimeur de Cologne décida de l’imprimer à son tour en 1483, il y avait eu déjà 15 éditions précédentes. La première avait été publiée 10 ans auparavant par l’imprimeur de Venise Vindelinus de Spira. La plupart des autres à Venise également (Bartholome de Crémone, Renner de Heilbronn) mais aussi à Gênes (Mathias Moranus 1474) et à Milan (Léonard Pachel, 1479). Puis l’Allemagne se mis à son tour à en donner des éditions, à Nuremberg (1478) et à Cologne (Conrad Winters de Homborch, 1479) et enfin celle d’Ulrich Zell.

Ulrich Zell avait participé à l’aventure de l’imprimerie depuis ses débuts, probablement en travaillant dans l’atelier de Gutenberg. C’est lui qui racontera à l’auteur de la Chronique de Cologne comment la technique s’était développée et qui en avait été le génial inventeur [1].

On dit qu’Ulrich Zell avait formé dans son atelier Conrad de Homborch. Quoiqu’il en soit, les deux hommes étaient certainement restés en relation d’affaires et J-C. Brunet note que leurs fontes respectives étaient très similaires, à moins qu’ils ne se prêtassent tout simplement leur matériel. Il est arrivé que les bibliographes attribuent à Zell des impressions de Homborch, comme l’avait fait Hain pour un De Arte Amandi libri tres d’Ovide, sans lieu ni date.  Toujours est-il que c’est seulement après la mort de Conrad Homborch en 1482 qu’Ulrich Zell fit imprimer le Supplément à la Somme de Pisanella pour la seconde fois à Cologne.

Cette impression de Cologne est restée relativement confidentielle. Il n’en existe qu’un seul exemplaire dans une bibliothèque publique en France (BNF) et encore est-il incomplet. Et l’ISTC en dénombre 37 exemplaires de par le monde.

Le Supplément à la Somme du Pisanelle est un ouvrage de casuistique, organisé de façon très pratique, par ordre alphabétique.

Le résultat de ce classement méthodique se voit du premier coup d’œil, dès l’ouverture du livre, puisque toutes les lettrines peintes sont les mêmes pour une page depuis A pour Abbas (in suo monasteio…) jusqu’à Z. Lorsque l’auteur passe à une autre lettre, la première de la série est distinguée par une enluminure bicolore. Dans une série de lettres, pour une raison inconnue, l’enlumineur a voulu orner sa lettrine par une couleur qui n’était ni le rouge vermillon, ni le bleu de cobalt mais sans doute un jaune ou un vert qui n’a pas tenu au fil du temps et qui apparait aujourd’hui en grisé.

Une lettrine T grisée dont la couleur n'a pas tenu et qui, par ailleurs, ne correspond pas à la première lettre de la série des entrées de mots commençant par T. 

L’ouvrage n’a pas de titre, le feuillet a1 est blanc au recto et contient une table des abréviations au verso. Voilà une nouveauté éminemment pratique. Je ne sais pas si cette table aidait le lecteur du XVème siècle mais elle facilite la vie du lecteur d’aujourd’hui. Sachant qu’un mot sur deux est abrégé et que cette liste d’abréviations est très succincte, je ne sais pas quel critère a été retenu, sans doute les abréviations non courantes ou sujettes à interprétation. Nous y retrouvons principalement des noms propres, comme Ac pour Acursius ou Goff pour Goffredus ou Lau pour Laurentius mais pas seulement. Des choix curieux ont été opérés : F pour facit mais aussi F pour digestis (un bon latiniste doit pourvoir résoudre cela). Le nom de Guillaume (William) a posé quelques problèmes linguistiques car il est défini par deux entrées, à Guil et à VVil pour Gvvilhelmus, VVilhelmus ou Guillermus ou Guilielmus.

Le volume se termine par une table de toutes les rubriques (incipit tabula omnia rubrica…). Comme les thèmes sont dans l’ordre alphabétique les numéros des folios se suivent dans la table.  Le Supplementum est traditionnellement suivi, après la table, des Règles de pénitence de Frère Astensis, court extrait du livre V de cette somme appelée l’Astesana.

La table des rubriques

A l’origine, c’est un dominicain de Pise, Bartholomé de Saint Concord (Bartolomeo da San Concordio - 1260 - 1347), qui se faisait appeler le Pisan ou le Pisanelle ou encore le Maitre (Magistruccia), qui eut l’idée de composer vers 1288, une sorte de manuel des confesseurs (Summa de casibus conscientiae) destiné à guider les ecclésiastiques dans les méandres de la contrition, car la religion catholique est basée sur la recherche et la rémission des péchés et il n’est pas toujours évident de faire la part du bien et du mal.  Son idée fut d’imaginer une grille d’examen (on dirait aujourd’hui un maping) de tous les cas possibles classés par grands thèmes et numérotés par sous thèmes. Il y a, par exemple, 17 entrées pour le thème Impedimentum, c’est-à-dire les empêchements au mariage.

La plupart de ces thèmes sont tirés du Manuel du Confesseur de Jean de Fribourg et du droit canon, quelques fois d’une vertu ou d’un vice, ce qui donne alors lieu à un développement d’ordre moral. Cette organisation alphabétique a renvoyé aux oubliettes des bibliothèques monastiques tous les recueils qui avaient précédé. Par ailleurs, l’ouvrage était réputé synthétique (350 folios tout de même !) car le Pisanelle ne cherche pas à entrer dans les vives polémiques qui agitaient le monde intellectuel de son temps autour de la doctrine thomiste. Il cite peu ses références, à l’exception de Saint Thomas qui constitue sa source essentielle. En réalité, il laisse de côté le raisonnement et la controverse, qu’adoraient pourtant les lecteurs de l’époque, pour donner sa solution sans nuance, et le public aima cela[2].

Une double page du Supplément. Passage de l'entrée D à E

Le chapitre des entrées de la lettre A


La composition du livre par thèmes facilitait les annotations et les compléments. D’où l’intervention de frère Nicolas d’Osimo (Nicolaus de Ausimo). Ce franciscain qui vécut une centaine d’années après le Pisanelle était originaire d’Osimo près d’Ancone. Il avait fait des études de droit à Bologne, obtint le titre de docteur puis, changeant de voie, au lieu de pratiquer le droit, rejoignit les Observants franciscains pour se tourner vers l'étude de la théologie. Il fit alors la connaissance de St Bernardin de Sienne et devint l'un de ses fidèles. Il l'assista dans la réforme de l'Ordre ainsi que dans la lutte contre la corruption. Il mourut au couvent Santa Maria d'Aracoeli à Rome, peu après le milieu du XVe siècle.

Dans cet ouvrage, Nicolas d’Osimo n’a pas cherché à faire une œuvre novatrice mais à enrichir et compléter le travail de son prédécesseur. Et d’ailleurs, il intitule son ouvrage : le Supplément, tout simplement.

Dans la préface du Supplementum, Nicolas d’Osimo présente son projet et explique qu’il a cherché à corriger 2 défauts du Pisanelle, le premier serait d’avoir mal numéroté ses références et le second, plus grave car touchant le fond de l’œuvre, d’avoir proposé des solutions peu sures (valde dubia) qui nécessiteraient des rectifications et des compléments. Il reprend donc systématiquement tous les thèmes du Pisanelle et y ajoute ses propres réflexions. Par ailleurs dans cette même courte préface, il explique sa méthode graphique qui permet de bien distinguer ce qui résulte de son cru et ce qui appartient à l’original : il commence son propre texte par une lettre A et le finit par un B.

A vrai dire ses ajouts n’ont rien de très originaux. Il s’agit pour lui de mettre à jour les écrits de son collègue de Pise à partir des dernières évolutions du droit canon, mais comme il n’y a pas eu de bouleversements jurisprudentiels durant la période, ses développements sont plutôt restreints. En revanche, il s’attacha à citer toutes les références omises par le Pisanelle et à rendre à Jean de Fribourg les passages que le Pisanelle lui avait empruntés. Il le fît de façon subtile, en utilisant l’ouvrage de Jean de Fribourg comme d’une justification des thèses du Pisanelle, alors que ces dernières n’étaient qu’un copié-collé de l’œuvre amont…

Donc, vous l’avez compris, quitte à rechercher un ouvrage de casuistique imprimé au XVème siècle, il vaut mieux acheter le Supplément à la Somme de Pisanelle que tout autre manuel des confesseurs, bien moins complet. Le Supplementum finit par détrôner la Somme de Pisanelle elle-même. Il suffit de compter le nombre important de manuscrits de la Somme au XIVème siècle alors qu’il n’en sera imprimé qu’un nombre très réduit d’exemplaires au siècle suivant, pendant que le Supplément voit ses éditions incunables se multiplier.

Une page du Supplément ouverte au folio 193 dans laquelle on distingue sur la première colonne, par trois fois, les lettres A et B qui enferment les commentaires de Nicolas d’Osimo. Le rubricateur surligne de rouge le B, donc la fin du commentaire, mais non le A. J’aurais plutôt fait le contraire, mais bon …

La fin de la table des rubriques suivi des Canons Pénitentiels d’Astesanus d’Asti.

Enfin, la dernière partie du livre est un extrait de l'Astesana, ou Summa de casibus conscientiae, qui avait été rédigé en 1317 par un frère des ordres mineurs connu sous le nom tautologique d’Astesanus d’Asti, mais pour lequel on ne sait rien, sinon qu’il est sans doute originaire d’Asti dans le Piémont. Cette somme a connu aussi un certain succès ; elle est représentée dans de nombreux manuscrits médiévaux et dans une quinzaine d'éditions imprimées, ce qui témoigne de sa popularité et de son influence tout au long du XIVème et XVème siècle.  Elle était composée de huit livres, dont le livre V, sur la pénitence, pourrait être considéré à lui seul comme un véritable et bref confessionnal. Il explique les étapes du processus pénitentiel, offre quelques conseils pratiques pour le confesseur et inclut une liste de canons pénitentiels. C’est cette liste de canons qui est reprise à la suite du Supplementum.

Crosse d’évêque à laquelle pend un huchet. (Briquet n° 5803) Cette marque de papetier serait d’origine baroise (Bar-le-Duc) selon Briquet et connut une durée d’existence très courte, moins d’une douzaine d’années. On la retrouve dans des impressions champenoises, d’Utrecht et de Cologne.  

Pour revenir au travail d’Ulrich Zell, cet ouvrage permet aussi d’étudier la méthode avec laquelle le typographe assurait ses fournitures de papier. Les 350 folios ne contiennent pas moins d’une quinzaine de filigranes différents qui indiquent que celui-ci s’approvisionnait auprès de moulins à papier d’origine très variée. On trouve une coquille à la croix de Malte, une crosse d’évêque surmontée d’un huchet, un blason aux armes de France et du Dauphiné, un chien errant, une tête de bœuf surmontée d’une croix, diverses mains avec croix, etc …. En prenant l’ouvrage de référence pour cette période, celui de C-M. Briquet et en croisant les données, il apparait que c’est sans doute lors d’un passage par une foire de Champagne qu’Ulrich Zell a constitué ses stocks de papier.

Coquille à la croix de Malte (Briquet 4510). Les coquilles indiquent souvent une origine champenoise, fréquentes au XIVème siècle, elles donnèrent leur nom à un format de papier.

Filigrane aux Armes de France et du Dauphiné.


Bonne Journée !

Textor

 


[1] Chronique de Cologne : «  les débuts et les progrès de cet art m'ont été racontés de vive voix par l'honorable homme et maître Ulrich Zell de Hanau, toujours imprimeur de livres à Cologne à notre époque » (1499)

[2] Voir les Sommes casuistiques et Manuels de confession - Michaud-Quantin, 1962

dimanche 30 mai 2021

Les sermons d’Olivier Maillard, prêcheur breton. (1506)

Au sortir de la guerre de cent ans, en 1460, sous Louis XI, la France connait un développement économique sans précédent qui s’accompagne d’un renouveau des idées et des mœurs. Le pays se développe, les livres imprimés se multiplient au grand dam d’un prédicateur breton intransigeant qui ne voit dans cette évolution de la société que pêchés et luxure.
Ce prédicateur se nommait Olivier Maillard. Ses sermons et ses anathèmes ont passionné ses contemporains qui se pressaient pour l’écouter à St Jean-en-Grève, une petite église parisienne, disparue aujourd’hui, qui se situait derrière l’hotel de ville.

Olivier Maillard est né en Bretagne, comme nous l’apprend son épitaphe : Premièrement devons savoir/ Par bon vouloir / Qu'il a esté né en Bretagne. Peut-être à Yvignac-la-Tour mais plus surement à Nantes. Toujours est-il que c’est en Aquitaine qu’il commence son éducation chez les moines franciscains ; ces derniers remarquent ses prédispositions à l’étude et l’envoient parfaire ses classes à l’université de Paris où il obtint le grade de docteur avant d’être jugé digne d’occuper une chaire de professeur de théologie. Mais c’est moins pour ses cours que pour sa verve durant ses sermons que notre théologien se fit connaitre.

Les Sermons du Carême prêchés à Nantes (1506)

On sait par la préface que l’éditeur a placée en tête d'un recueil des Sermons de l'Avent, que Maillard commença à parler aux foules assemblées vers l'année 1460. Cette indication recoupe ce que nous dit son épitaphe :  Hélas ! le grand fruit qu'il a fait/ Et parfait/L'espace de quarante-deux ans ! Sa date de décès étant certaine (1502), cette inscription confirme la date de 1460. Comme Il prêchait matin et soir, inlassablement, il n’est pas étonnant qu’on ait conservé de lui plus de 500 sermons donnés non seulement à St Jean-en-Grève mais partout en France et en Europe. On venait l’écouter en Flandres, (où il a donné le fameux sermon fait à Bruges le 5ème dimanche de carême l’an 1500 [1]) comme en Espagne, où l'appelaient souvent sa charge de grand vicaire de l'ordre et aussi parfois sa mission d’émissaire du roi ; en Allemagne comme en Hongrie ou en Angleterre.

S'il faut en croire la même préface des Sermons de l’Avent : « il n'y a presque pas une province en France que n'ait parcourue cet infatigable semeur, répandant partout les germes de la parole de Dieu et partout faisant lever une moisson abondante ». On dit même que son passage à Nantes eut une influence décisive sur la foi très stricte d’Anne de Bretagne.

Olivier Maillard n’est donc pas inconnu des biographes : Labouderie, Levot, le marquis du Roure, Gabriel Peignot, Arthur de La Borderie [2] et l’abbé Samouillan [3] ont écrit sa biographie. Un état bibliographique assez complet de ses œuvres nous est donné par La Borderie (voir Annexe). A ces recherches savantes s’ajoutent les écrits de Charles Labitte [4].

Maillard ne peut pas être réduit à ses prédications, il eut aussi un rôle politique et une œuvre de réformateur. Il tenta de négocier, sans succès, au côté de Charles VIII, l’abolition de la Pragmatique Sanction. On dit qu’il décida ce Prince à restituer la Cerdagne et le Roussillon à l’Espagne.  Il prit aussi une part active à la grande réforme de son ordre : « la stricte observance ». L’initiative venait du cardinal Georges d'Amboise, l'homme de confiance de Louis XII et le légat du Saint-Siège, mais Jean d’Auton nous dit, dans sa chronique, qu’ « ung cordellier, nommé frère Ollivier Maillart de l'observance, estoit lors a Paris dedans le colliege des cordelliers pour iceulx refformer, lequel avoit avecques lui cincquante autres cordelliers de son ordre, voulant iceulx colloquer et mectre dedans pour reduyre les autres à l'observance.[5] » II était venu là comme vicaire général, en charge depuis 1499, avec l'intention d'enfermer ses frères de Paris dans le dilemme soumission ou expulsion.

L’exemplaire des Sermons de Maillard figurant dans ma bibliothèque est composé de quatre parties distribuées dans trois éditions distinctes, toutes publiées par Jehan Petit en 1504, 1506 et 1508. Dans l’ordre chronologique, on trouve d’abord les sermons du Carême prêchés à Nantes (avant 1470): « Opus quadragesimale egregium magistri Oliverii Maillardi, sacre theologie preclarissimi ordinis minorum preconis : quod quidem in civitate Nannetensi fuit per eorumdem publice declamatum, ac nuper Parisius impressum. » [6] Il s’agit de la première édition selon de la Borderie, publiée à Paris sous la marque de Jehan Petit. C’est un in-octavo de 102 ff. (en chiffres arabes) + 22 de table [sign. a-p8, q4]. Une Impression gothique sur 2 colonnes. Exemplaire du premier état avec l’avis au lecteur daté 1506 (le second état sera daté 1507). Cet opuscule contient aussi le Carême du Criminel, qu’on ne trouve que dans cette édition de 1506.

Suivi de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ : Passio domini nostri iesu christi Reverendi p. Oliverii parisius declamata (titre courant : Feria VI de Passione Domini sermo). Sans lieu ni date, (entre 1504 et 1506). Brunet le rattache à une édition de Nantes [7], sans doute par confusion avec le recueil auquel il est souvent relié (Les Sermons de Nantes) mais il est aujourd’hui attribué aux presses d’André Bocard d’après le matériel typographique. C’est un in-octavo de 16 ff. n. c. [sign. A-B4], impression gothique sur 2 colonnes. [8]

Suivent les Sermons du Carême donnés à Saint Jean-en-Grève : Quadragesimale opus declamatum parisiorum urbe ecclesia sancti Johannis in Grauia : per venerabilem patrem sacre scripture interpretem diuini verbi preconem eximium fratrem Oliuerium Maillardi ordinis fratrum minorum [9] ... Paris, Jehan Petit, 1508, in-8° de 174 ff. (en chiffres romains) + 4 de table. Impression gothique sur 2 colonnes, marque de Jehan Petit au titre. (Relié en tête de l’exemplaire).

Sermons prêchés à St Jean-en-Grève - Sermo 1 Fol ii

Page de titre des Sermons du Carême prêchés à St Jean-en-Grève. On observera que cette grande marque de Jehan Petit de 1508 n’est pas la même que celle de 1506 (un lion et un léopard se regardant l’un l’autre pour celle-ci et les regards à senestre, pour celle de 1506).

Le succès d’Olivier Maillard apparait dans les différentes préfaces des éditions anciennes où il est qualifié de très célèbre héraut de la parole divine, de prédicateur incomparable, de fervent, sévère, incorruptible orateur, etc… Il est même encore cité par Rabelais dans le Plantagruel : « Panurge …., les prêchait éloquentement comme s’il fût un petit frère Olivier Maillard, ou un second frère Jean Bourgeois, leur remontrant par lieux de rhétorique les misères de ce monde, le bien et l’heur de l’autre…. » [10]. Rabelais avait certainement apprécié la verve du prédicateur qui n’était pas sans rappeler son propre style.

Les textes des éditions anciennes sont majoritairement en latin mais il n’est pas certain que ce soit dans cette langue qu’Olivier Maillard s’exprimait. Comme il cherchait à s’adresser au plus grand nombre et que le peuple n’entendait rien au latin c’est sans doute en langue vulgaire qu’il diffusait ses sermons.

D'ailleurs, il y a un indice dans un passage de ses sermons : Après avoir cité une suite de textes latins, Maillard dit avec sa bonhomie narquoise : « Mesdames, vous pourriez objecter entre vous : Nous
n'avons pas appris le latin, aussi nous ne comprenons pas ce que vous nous dites. Mais patience, je vais vous l'expliquer [11] ». Et l'explication est aussi en latin ! En réalité Olivier Maillard devait largement improviser ses prêches et il n’est pas l’auteur direct des textes imprimés qui ont été retranscrits postérieurement, sans doute par l’un de ses disciples.

Le Carème des Criminels, annexé à l'édition de 1506.

L'opuscule de la Passion du Christ, datant entre 1504 et 1506, selon la BNF. 

Ce n’est pas l’abondance des publications ni son succès pendant le premier tiers du XVIème siècle qui retiennent l’attention de ceux qui recherchent ses sermons aujourd’hui mais les détails qu’il nous a laissé sur les mœurs de l’époque et ses talents d’observateur de la vie civile à la fin du Moyen-âge. Ajoutez à cela un style fleuri qui étonne encore de la part de cet austère prédicateur et une liberté de parole qui ne serait plus possible aujourd’hui.

‘’Jamais personne n’avait attaqué toutes les classes et toutes les professions sociales avec plus de hardiesse, de virulence et de mauvais goût. Chacun de ses sermons est une satire amère et outrageante, revêtue d’un langage grossier, trivial, et de mots empruntés aux mauvais lieux du plus bas étage” (Hoefer).

Olivier ne semblait jamais trouver de mots assez durs ni d’expressions assez imagées pour ses sermons. Il s'adressait, sans épargner personne, à tous les rangs, à tous les âges, fustigeant riches et pauvres, jusqu’au roi Louis XI qui finit par trouver qu’il dérivait dangereusement vers le crime de lèse-majesté. Il lui envoya un de ses valets pour le menacer de le faire coudre dans un sac et de le jeter à la rivière s'il se permettait encore de pareilles attaques. Maillard lui répondit sans se démonter : « Va dire à ton maître que j'arriverai plus tôt au ciel par eau que lui avec ses chevaux de poste [12] »

La réplique dut amuser le souverain qui venait de mettre en place les premiers relais de poste car il ne mit pas sa menace à exécution et cela ne fit qu’encourager la hardiesse du prédicateur.

La Table des Sermons donnés à St Jean-en-Grève.





Un exemple de son style mêlant latin et français nous est donné dans le vingt-sixième sermon de Carême prêché à Paris, dans lequel il s’offusque des comportements à l’église, de ce qu’on y venait essentiellement pour s’y montrer, faire du commerce ou pire encore pour s’y adonner à la luxure. Olivier Maillard dénonce les dames qui portaient les noms de leurs amants les plus chers sur les marges de leurs livres d'heures : « In horis suis, amantiorum nomma utpote : vostre loyal, vostre mignon, vostre serviteur, vostre tretout, filia dyabolica ! »[13]

L’abbé Samouillan voit dans ce style imagé fait d’anecdotes et de petite scénettes le prolongement des mystères et des farces donnés par l’Eglise au peuple des villes pour mieux faire passer son message. Une des historiettes célèbres, reprise par Anatole France dans les Contes de Jacques Tournebroche, est celle de l’entremetteuse et des cinq dames, toutes de grande beauté. Maillard voulait montrer les différents degrés d'honnêteté ou de perversion, à travers l’attitude et les répliques de la Picarde, la Poitevine, la Tourangelle, la Lyonnaise et la Parisienne. Cette dernière étant évidemment la plus délurée et la plus coupable.

A vrai dire, il n’en voulait pas qu’aux femmes mais à tout le monde, particulièrement aux libraires qui diffusait des livres profanes. « O pauvres libraires ! il ne vous suffit pas de vous damner seuls, vous voulez damner les autres en imprimant des livres obscènes qui traitent de l'art d'aimer et de luxure, et en fournissant occasion à mal faire. Allez à tous les diables [14]» .

Les libraires ne lui en ont vraiment pas tenu rancune, vu le nombre d’éditions des sermons qu’ils publièrent par la suite.

Bonne journée

Textor


Colophon de 1506

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Annexe bibliographique des principales éditions recensées par Arthur de la Borderie.

 

 

Œuvres Latines.

1. Avent de Saint-Jean-en-Grève, publié en 1494, 1497, 1498 (J. de Vingle, Lyon), en 1500 (Paris, Philippe Pigouchet), en 1502 (Lyon, Étienne Gueygnard), en 1506, 1511, 1516,
1522 (Paris, Jean Petit), en 1512 (Strasbourg, Jean Knoblouch).
2. Adventuale breve ou petit Avent, publié cà Paris séparément ou compris dans les diverses éditions du Novum diversorum sermonum opus, qui ont paru, l'une en 1518, les deux autres sans date, toutes les trois par les soins de J. Petit.
3. Carême de Nantes, publié par J. Petit en 1506, 1513, 1518.
4. Carême.du criminel, compris dans l'édition précédente de 1506.
5. Carême de Saint-Jean-en-Grève, publié en 1498 (J. de Vingle, Lyon), en 1499 (Antoine Caillant), en 1500 (Phil. Pigouchet), en 1503 (Lyon, Et. Gueygnard), en 1512 (Strasbourg, J. Knoblouch), en 1508.,
1513, 1520 (Jean Petit).
6. Carême épistolaire, publié en 1497 par Antoine Caillaut.
7. Carême de Bruges, publié séparément sans date ou compris dans les trois éditions du Novum div. serm. opiis.
8. Sermons divers pour dimanches et fêtes, également compris dans le Nov. div. serm. opus, 2me partie.
9. Sermons pour les dimanches après la Pentecôte, publiés en 1498 (Ant. Caillaut, J. de Vingle), en 1500 (Pigouchet), en 1503 (Gueygnard), en 1508, 1511, 1521 (J. Petit), en 1512 (J. Knoblouch), en
1506 et 1516.
10. Sermons sur les saints, publiés par J. Petit en 1507, 1513, 1516, par Durand Gerlier en 1508, par J. Knoblouch en 1514 et 1521 (Lyon).

11. Sermons sur quelques saints, compris dans le Nov. div. serm. opus.

12. Sermones de stipendio peccali, publiés en 1498 et 1521, une autre fois sans date.
13. Sermones omni tempore practicabiles, publiés à la suite des autres éditions.
14. Sermones de miseriis animae, publiés séparément sans date ou compris dans le Nov. div. serin, opus.

Œuvres Françaises.

1. Confession de frère Oliv. Maillard, publiée sept fois sans date. Les autres éditions portent les dates de 1481, 1524 et 1529. Ces deux dernières ont été données à Lyon par Arnoullet.
2. Confession générale de frère 0. M., publiée à Lyon en 1526 et 1527, six autres fois sans date.
3. Histoire de la Passion de J.-C. remémorée par les mystères de la Messe, publiée en 1493 (J. Lambert), en 1552 (Paris, Bonhomme), en 1828 (G. Peignot, Paris, Crapelet), en 1835 (Paris Bohaire). Il y a trois éditions sans date (J. Bonfons, Pierre Sergent, veuve Trepperel).
4. Instruction et consolation, qui comprend un sermon sur l'Ascension, un autre sur la Pentecôte. (Une édition sans date.)
5. Sermon prêché à Bruges, publié en 1503 (Anvers), en 1826 (Labouderie), une autre fois sans date.
6. Chanson piteuse, deux éditions.
7. Ballade de frère 0. Maillard.
8. Chants royaux en l'honneur de la Vierge.

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Un ex-libris non identifié



[1] C’est dans cet ouvrage rare et très-recherché, nous dit Brunet, qu’on trouve, indiqués en marge par des Hem ! Hem ! les endroits où l’on faisait une pause pour tousser.

[2] A. de La Borderie, Œuvres françaises d'Olivier Maillard... avec introduction, notes et notices, Nantes, 1877

[3] Samouillan, J. P. A., Études sur la chaire et la société françaises au XVe siècle. Olivier Maillard, sa prédication et son temps, Paris et Bordeaux, 1891, qui pour la partie biographique s’est largement inspiré de La Borderie.

[4] Ch. Labitte. Revue de Paris, 1839 et 1840 ; Études littéraires, t. 1; prédicateurs de la ligue, introduction.

[5] Jean d 'Auton, Chroniques de Louis XII éd. par R. de Maulde de la Clavière, Paris, 1891, t. II, p. 222-228.

[6] https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30861269r

[7] Brunet Manuel du libraire T III coll. 1317

[8] https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30861272n

[9] https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30861265c

[10] Pantagruel, Ch. XXX, Comment Panurge fit en mer noyer le marchand et ses moutons.

[11] Sermones de adventu, f°76, col. 2.

[12] Anecdote reprise sous forme de quatrain dans la Nef des Fous de Sébastien Brandt.

[13] Référence citée dans le Répertoire d'incipit des prières françaises à la fin du Moyen Âge de Pierre Rézeau, Droz 1989..

[14] Sermones de adventu – Sermo 29, cité par Edmond Werdet in Histoire du livre en France depuis les temps les plus reculés jusqu'en 1789. Paris, Dentu 1861. Le blog du Bibliomane Moderne consacra en 2009 plusieurs articles au sujet de ce prédicateur bibliophobique.