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mardi 4 février 2025

L’histoire d’Orose contre les païens (1483)

Tu aimes la guerre, le tumulte, les massacres et les défaites ? Alors lis-moi. Le bandeau d’annonce de l’ouvrage avait de quoi attirer le chaland dans les foires de Champagne. Je ne sais pas si Orose aurait apprécié cette manière radicale de présenter son livre dont le fond est bien plus complexe que la simple description d’une suite de batailles.  L'ouvrage traite de l'histoire du monde comme une preuve concrète des visions apocalyptiques de la Bible. Son importance réside dans le fait qu’il a été le premier auteur chrétien à écrire non pas une histoire de l'Église, mais plutôt une histoire du monde séculier interprétée d'un point de vue chrétien. Son ouvrage est devenu une sorte de manuel d'histoire universelle dont le succès ne se démentira pas pendant tout le Moyen-Age si bien que nous en avons conservé de multiples versions manuscrites. 

Incipit de l’édition d’Orose par Octaviano Scotto. 
L’ouvrage débute par une dédicace d’Orose à son commanditaire Augustin d’Hippone. 

Colophon et registre de l’édition de 1483 
précédés d’un petit texte repris de l’édition d’Hermannus Liechtenstein de 1475.

C’est le proto-imprimeur d’Augsbourg Johann Schüssler qui en fit la première version imprimée, autour de Juin 1471. Cette édition princeps débute par une table de 9 folios que nous ne retrouvons pas dans les éditions postérieures. Elle est suivie par une autre transcription, plus fidèle du texte d’Orose établie par le prieur de Sainte Croix de Vicence, Aenae Vulpus, sortie des presses d’Hermannus Liechtenstein en 1475. L’impression contient un petit texte valant colophon dans lequel les deux noms de l’éditeur scientifique et de l’imprimeur sont cités à côté de celui d’Orose. 

Dans la version de 1483 [1], quatrième édition incunable après celle de Leonardus Achates de Basilea, toujours à Vicence vers 1481, Octaviano Scotto a conservé ce petit texte en le plaçant au-dessus du colophon [2], après avoir gommé les quatre lignes relatives au travail d’Hermannus Liechtenstein.

La mention complète peut-être traduite à peu près de la manière suivante : 

Comme le titre dans la marge l’enseigne lui-même en premier : / Mon nom est Orose. / Peu importe qu’elles aient été les erreurs des bibliothécaires : / Enée a libéré mon œuvre. / Voilà la place du monde : et celle de notre temps / Depuis l'origine même du monde. / Celui qui veut du tumulte, de la guerre et des massacres. / Et des défaites : qu’il me lise !

Cette édition vénitienne est bien imprimée en lettres rondes et relativement peu courante en France puisque l’ISTC n’en recense que trois exemplaires dans les institutions publiques [3]. L’ouvrage n’a pas de page de titre et débute en a2 par un incipit de Paul Orose à son dédicataire : Pauli Orosii viri doctissimi historiarum initium ad Aurelium Augustinum. Une autre impression de l’œuvre d’Orose sortira de l’atelier d’Octaviano Scotto en 1499 sous la presse de Christoforum de Pensis de Mandello. [4]

Nous n’avons pas beaucoup de détail sur la vie et l’origine de Paul Orose [5], en dehors de ce qu’a bien voulu en dire saint Augustin.

Il est venu d’Espagne en Afrique en 414 pour rencontrer l’évêque d’Hippone et débattre de questions théologiques, notamment du développement des thèses hérétiques de Priscillien dans la péninsule hispanique [6]. Dans le chapitre III de son livre, l’auteur fait allusion à une attaque de son bateau par des barbares ce qui a conduit certains biographes à lui donner une origine plus nordique, la Bretagne ou l’Irlande mais les éléments de preuve sont faibles. [7]

Nous n’avons pas davantage de certitude sur sa date de naissance. Quand il arrive en Afrique en 414, il est, dit saint Augustin, un jeune prêtre, son fils par l'âge. [8] S’il avait alors une trentaine d’années, il serait né vers 375/380.

Saint Augustin l’envoie en mission en Palestine vers 415, pour seconder saint Jérôme dans son combat contre le pélagianisme. Orose participa au synode de Jérusalem (juillet 415) avant de revenir auprès de saint Augustin avec les reliques de saint Etienne. 

L’Histoire contre les Païens (Historiae adversus Paganos) est une œuvre de commande de saint Augustin à son disciple. Au lendemain de la prise de Rome et du sac de la ville par les troupes d'Alaric (août 410), une vive réaction s'est manifestée dans le monde romain. Cette catastrophe, disait-on, serait liée au développement du christianisme. Le culte des dieux traditionnels a été délaissé et ceux-ci punissent Rome. 

Saint Augustin souhaite démontrer que cette rumeur n’est pas fondée et demande alors à Orose de dresser un catalogue sommaire de tous les malheurs qui ont frappé autrefois l'humanité, histoire de démontrer que les Chrétiens ne sont pas à l’origine de toutes les misères du monde.

Orose prend cette commande très au sérieux et ne se contente pas de dresser un catalogue mais il compose sept livres sur l’histoire du Monde depuis l’origine des temps jusqu’à son époque (le livre s'achève en 416). Il n’oublie ni les horreurs de la guerre de Troie, ni les massacres de la première guerre punique, ni les différents incendies de Rome, ni les conquêtes sanglantes de la guerre des Gaules par César. 

Fusionnant l’histoire romaine avec le développement du christianisme, il apporte une vision originale sur les évènements relatés, ajoutant des parallèles avec l’histoire des peuples orientaux. Il sera une source importante pour les compilateurs après lui, de Cassiodore à Paul Diacre en passant par Isidore de Séville et Bède le Vénérable.

Bien que destinataire de la dédicace, saint Augustin n’approuva pas l'œuvre d'Orose pour des raisons théologiques et cela le conduisit à écrire, en 425, dans le livre XVIII de la Cité de Dieu, une réfutation de ses idées sur le déroulement de l’Histoire. 

Pages du Livre 1 sur le rapt d’Hélène 
et le tyran d’Agrigente Phalaris qui faisait rôtir ses victimes dans un taureau d’airain. 

Une page du livre 7. 
L’exemplaire possède des marges correctes (283x210 mm) mais celui de la Boston Library fait 296 x 220 mm.

L’œuvre d’Orose est divisée en trois parties d’importance inégale, le livre I s’étend sur deux feuillets avec la création du Monde et la guerre de Troie. Le livre II en sept feuillets évoque Babylone, Darius le roi des Perse, Cyrius et le livre III en neuf feuillets, les conquêtes d’Alexandre. Dans les livres IV à VI, Orose traite de l'histoire de Rome depuis la guerre de Tarente jusqu'à l'établissement du pouvoir d'Auguste, garant de la paix universelle voulue par Dieu pour la naissance du Christ. Le livre VII correspond à la troisième partie du plan d'Orose : de la Nativité jusqu'au moment où il écrit (416-417), époque qui voit l’émergence de l'Église dans l'Empire romain et son triomphe final.

Orose est avant tout un compilateur d’historiens latins (Tite-Live, Tacite...) pour lesquels il a eu accès à des sources pour nous perdues aujourd’hui. Il a également donné un abrégé de la Guerre des Gaules, croyant emprunter à Suetone, en décrivant de manière assez vivante les conquêtes de César, comme par exemple, dans cette description du siège d'Uxellodunum (Le Puy d’Issolud en Dordogne) au livre VI : 

Cet oppidum était accroché au sommet très élevé d'une montagne, il était entouré aux deux-tiers par un fleuve non négligeable le long de parois abruptes ; assuré, de plus, d'une très abondante source au milieu de la pente et appuyé sur une grande abondance de blé à l'intérieur de la place, il regardait de haut les vaines allées et venues des ennemis dans le lointain.

…. Comme César voyait qu'en raison de ces machines ardentes, le combat était difficile et dangereux pour les siens, il donne l'ordre aux cohortes de se porter rapidement, en se dissimulant, vers l'enceinte de l'oppidum et de pousser soudain de toute part une grande clameur. Cela fait, dans le même temps que ceux de l'oppidum, épouvantés, voulaient revenir en courant pour le défendre, ils se retirèrent de l'attaque de la tour et de la démolition du remblai.

Cependant, les Romains qui perçaient des galeries pour interrompre les alimentations de la source, en sécurité sous la protection du remblai, firent en sorte que les cours d'eau trouvés en profondeur, s'amenuisent en se divisant en multiples fractions et s'y tarissent sur place. Saisis d'un extrême désespoir devant leur source épuisée, les défenseurs de l'oppidum font leur reddition, mais César fit couper les mains à tous ceux qui avaient porté les armes et leur laissa la vie pour que là fût bien attestée aussi pour la postérité la peine encourue par les rebelles . [9]

Hoc oppidum in editissima montis arce pendebat… La prise d’Uxellodunum dont le nom a été tronqué dans cette édition mais que nous retrouvons dans les manuscrits.

Préface du Livre V 

Nous pouvons compter sur les doigts des deux mains, les livres réellement imprimés par Octaviano Scotto alors même que son nom apparait souvent sur les éditions vénitiennes des XVème et XVIème siècle.

Originaire de Monza, près de Milan, il vint établir une presse à Venise en 1480 mais il n’exerça le métier d’imprimeur que jusqu’en 1484, soit pendant à peine quatre ans, avant de sous-traiter cette activité pour se concentrer sur la tâche d’éditeur scientifique en même temps que de marchand-libraire, laissant à Bonetus Locatellus et à d’autres artisans le soin de réaliser les travaux d’impression. A partir de 1498, ses héritiers poursuivent l’activité éditoriale sous la raison sociale : "Heredes Octaviani Scoti Modoetiensis" et cela pendant une bonne partie du XVIème siècle. 

Pour l’édition d’Orose de 1483, année où régnait le doge Giovanni Mocenico (1478-1485), Octaviano Scotto indique encore qu’il est l’auteur de l’impression et qu’il a édité l’ouvrage à ses frais. (Opera et expensis Octaviani Scoti Mondoetiensis).

Marque d’Octaviano Scotto dans une édition de Thomas d’Aquin de 1516

Photo de la tombe d’Octaviano Scotto
sur laquelle figure sa marque d'imprimeur

Il meurt en 1498 et se fait enterrer dans le cloitre de l’abbaye San Francesco della Vinea. Sur sa tombe qui a subsisté, il a fait sculpter sa marque d’imprimeur à côté de ses armoiries, en y ajoutant ces mots : (Ci-git) Noble Octaviano Scotto de Monza, marchand-libraire et imprimeur pour lui-même et sa famille défunte 24 Décembre 1498. [10]

Bonne Journée,
Textor

_________________

 [1] Historiae adversus paganos. Ed: Aeneas Vulpes – Venise, Octavianus Scotus, 30 Juillet 1483. Goff O98 ; HC 12102*; Pell Ms 8788 (8653). In folio de 76/78 ff. – Signature : a⁸ b-m⁶ n⁴ (Folio a1 (blanc) et a8 en deficit). 41 lignes par page plus le faux-titre du types 106R(a), 106R(b) de 217 (224) x 149 mm.  Provenance : Vente de la Bibliothèque de Guy Bechtel, 2015, avec son ex-libris.

 [2] Ce colophon indique : Pauli Orosii viri clarissimi Ad Aurelium Augustinum episcopum & doctorem eximiu[m] libri septimi ac ultimi Finis. Impressi Venetiis: opera & expensis Octaviani scoti Modoetiensis. Anno ab incarnatione domini .M.cccc.lxxxiii. Tertio Kalends sextilis. Ioanne Mocenico inclito Venetiarum duce.

 [3] BNF (2 exempl.) et BM Nice. Mais l’ouvrage n’est pas rare, il en existe encore 115 exemplaires dispersés dans les bibliothèques publiques du monde, selon l’ISTC de la British Library.

 [4] In-folio de 72 ff., sig. a-m6. 

 [5] Paul Orose ne se prénommait pas Paul, c’est une mauvaise interprétation du P. qui précède son nom dans les plus anciens manuscrits et qui veut dire Presbyter (Prêtre).

 [6] Saint Augustin précise : ab ultima Hispania, id est ab Oceani litore

 [7] Histoires (III, 20, 6-7)

 [8] juvenis presbyter, filius aetate.

 [9] Traduction de Marie-Pierre Arnaud-Lindet in Orose, Histoires contre les Païens. 3 Tomes. Paris, Les Belles Lettres 1991.  Texte établi et traduit par M.-P.A.-L.

 [10] Nobilis Octavianus Scotus de/ Modoetia mercator librorum impressor/ sibi et successoribus qui obiit/ XXIV. Decembris. MCCCCLXXXXVIII


vendredi 10 janvier 2025

Les Sept Dormants de la Chronique de Nuremberg (1493)

Un bibliophile des temps passés - peut-être Guy Bechtel, précédent possesseur, ou un autre avant lui - a cru bon coller une gravure sur le feuillet blanc d’un incunable.

Elle a pour titre Septem Dormientes – les Sept Dormants.



Les Sept Dormants d'Éphèse est un récit miraculeux mettant en scène des jeunes gens chrétiens fuyant les persécutions religieuses. L’origine de ce récit est un sermon d’Étienne, évêque d’Éphèse, prononcé en grec, à l’occasion de la découverte vers 448 de sept corps bien conservés dans une caverne, supposant un événement miraculeux. Repris pour la première fois par Jacques de Saroug, évêque de Batna en Syrie dans ses homélies, l’histoire miraculeuse est ensuite relayée par Grégoire de Tours et divers auteurs dont Jacques de Voragine dans sa Légende Dorée.

L'histoire se déroule au temps de la persécution de l'empereur Dèce (règne de 249 à 251) contre les chrétiens. Sept officiers du palais, originaires de la ville d'Éphèse, sont accusés d’hérésie et se réfugient dans une grotte de la montagne. Tandis qu’ils prennent leur repas du soir, les sept jeunes gens s’endorment mystérieusement et l’empereur les fait emmurer dans la grotte.

Et c’est en 418 qu'un maçon ouvre par hasard la grotte où sont enfermés les Sept Dormants. Ceux-ci se réveillent, inconscients de leur long sommeil. Aussitôt, l'empereur Théodose II accourt et voit dans le miracle une preuve de la résurrection des morts.

En Allemagne, les Sept Dormants d'Éphèse sont fêtés lors du Siebenschläfertag, le 27 juin. Il n’est donc pas étonnant que cette histoire soit évoquée dans la Chronique de Nuremberg, célèbre incunable d’Hartman Schedel publié par Anton Koberger en 1493, simultanément en latin et en allemand sous le titre Liber Chronicarum et Das buch der Chroniken vnnd geschichten mit figuren vld pildnussen von Anbeginn der welt biss auff dise vnsere Zeyt, soit littéralement Le livre des chroniques et histoires avec figures et illustrations depuis le commencement du monde jusqu'à nos jours [1].

Le folio duquel a été tirée la gravure contrecollée dans mon livre.
 f° 119v de l’exemplaire numérisé Rar. 287 de la Bayerische Staatsbibliothek de Munich.

L’ouvrage est abondamment illustré, l’atelier de Koberger ayant fourni plus de 1 800 illustrations dont certaines pourraient être l’œuvre du jeune Albrecht Durer. Le style de notre gravure étant proche de celles du Liber Chronicarum, une recherche rapide a permis de la retrouver au verso du feuillet 119, dans la section sur le 6ème état du monde.

C’est le seul morceau de la Chronique de Nuremberg en notre possession !

Bonne soirée,

Textor

vendredi 3 janvier 2025

Petite histoire de reliure à cabochons (1478)

 Le cabochon d’une reliure est un clou de protection en cuivre, à tête ornée ou en simple ronde de bosse, qui traverse le bois et le cuir pour faire saillie sur le plat. Lorsqu'il est placé au centre du plat du livre, il est appelé ombilic et bouillon lorsqu'il est situé dans un des coins du plat. 

Initialement prévu à des fins de protection de la couvrure, leur emplacement, leur nombre et leur forme ont variés selon les pays et les époques. Ils peuvent aussi, lorsqu’ils ont été travaillés (notamment par ciselure), prendre une dimension décorative.

Les cabochons sont des ornements des reliures monastiques, très courants au XIV et XVème siècle, ils disparaitront progressivement à partir de la fin du XVe siècle, lorsque les livres commencent à être rangés debout dans les rayonnages de bibliothèque au lieu d'être posé à plat sur les pupitres. Seuls subsistent alors les ferrures des livres liturgiques de grand format, parce qu’ils restent sur un pupitre, ou bien ceux des in-folio de certaines régions (Dans les pays germaniques, notamment). 

Reliure sur ais de bois XVème siècle

Je ne possède qu’un seul représentant de cette catégorie de reliure dans la bibliothèque, que j’ai effectivement toujours eu beaucoup de mal à glisser entre deux autres livres sur son étagère, bien qu’il ait perdu presque tous ses cabochons. Il est promis à une future boite. 

C'est une reliure en peau retournée (daim ou autre animal sauvage, utilisée côté chair et offrant au toucher un contact velouté) sur ais de bois, contemporaine de l'ouvrage qu'elle protège, à savoir une édition vénitienne de 1478. 

La reliure n’a pas traversé ces quelques cinq cent quarante années sans de nombreux dommages. Les vers se sont intéressés au bois des ais (Heureusement un peu moins au papier). Un restaurateur est intervenu pour reboucher les manques laissés par les trous des cabochons, renouveler les gardes et changer la tranchefile. Il a eu la bonne idée de conserver comme feuillets volants les anciennes gardes, ce qui permet de constater tout le mal que les cabochons en cuivre ont pu apporter au papier au fil des siècles par leur acidité. L’oxydation avait troué les gardes aux emplacements des clous et avait même commencé à toucher la page de titre. Il était temps d’intervenir !

Ces anciennes empreintes des éléments métalliques sur le papier permettent de confirmer que la reliure n’est pas rapportée mais qu’elle protégeait ce livre depuis l’origine. 

Page de garde et page de titre du livre avec les traces des cabochons

Accessoirement, les anciennes gardes révèlent aussi le passage du livre dans une bibliothèque italienne au XVIIIème siècle.  Ex Biblioth. q. Mr. Angeli Aloysii de Cella Januensi Medici 1744. Un certain Ange Aloysius de Cella qui était un médecin génois. Quoi de plus naturel pour un livre d’astronomie que d’être dans la bibliothèque d’un médecin ? Il valait mieux avoir une bonne connaissance du mouvement des planètes si on voulait guérir ses patients à l’époque. 

Un acte notarié passé par le supérieur du couvent de San Donato Jan(uensis) (Saint Donat de Gênes) le 7 Juillet 1519, sans rapport apparent avec l’ouvrage, a été relié à la suite du livre. Il donne les noms de notaires et de familles de Gênes, ce qui atteste d’une longue présence de l’ouvrage dans la ville de naissance de Christophe Colomb.  

Sacrobosco : Schéma du mouvement apparent d'une planète 

Si l’ombilic et les bouillons ont une fonction bien identifiée préservant tous frottements sur les plats, je m’explique moins bien la présence de ces petites plaques métalliques placées sur le bord des ais. 




Quatre plaques carrées sciselées à la destination incertaine. 

Ce ne sont pas des cornières de protection, puisqu’elles ne sont pas dans les coins et elles n’ont pas de cabochon saillant. A l’origine il y en avait, semble-t-il, huit, mais seulement quatre, celles du plat inférieur, sont conservées. Celles du plat supérieur ont laissé des traces qui révèlent une forme – a priori - similaire.  Trois présentent des bords droits, la quatrième est découpée en forme d’accolade sur un coté seulement. 

Grâce à l’intelligence artificielle (que je n’utilise jamais pour écrire mes articles !) il est possible aujourd’hui de chercher des images similaires dans les bibliothèques publiques ou dans les catalogues des libraires. Or, je n’ai trouvé aucune pièce métallique similaire à celles-ci sur une reliure. En général, lorsqu’il y a présence de plaques carrées de métal, ce sont les supports des cabochons. La pièce de métal sert alors de renfort pour le cabochon en même temps que de cornière pour ceux qui sont placés proche des angles, comme dans l’exemple de ce croquis qui a l’avantage de nous rappeler les termes techniques de la reliure.

Croquis présentant les différentes parties d’une reliure d’une reliure 
mais sur lequel ont été inversées les positions des tenons et agrafes [1] 

Certainement produite à l’unité, aucune des quatre plaques n’est exactement semblable aux autres. La face apparente a été ciselée d’une bordure hérissée et évidée en son centre de trois trous de forme circulaire et d’un quatrième de forme rectangulaire vers le bord. On pense d’emblée à des tenons mais leur position, joignant le chant de l’ais, sans le dépasser, rend difficile l’attache d’une agrafe (Il n'y a pas de prise pour l'accroche).  Par ailleurs, il y aurait eu quatre points de fermeture, ce qui parait beaucoup pour une seule reliure. 

S’agit-il de simples éléments de décoration ? L'impression d'ensemble est plus curieuse qu'esthétique. Auraient-ils eu une autre fonction ? Le livre ne semble pas avoir été enchainé à un pupitre, la forme laissée par une attache de chaine est caractéristique et elle est toujours sur le premier plat. 

Je penche donc, en définitive mais sans certitude, pour des tenons plutôt que de simples plaques décoratives. S’il était resté un des éléments du plat supérieur, il aurait été facile de trancher : une plaque coinçant une bande de cuir avec une agrafe aurait permis de conclure que les plaques du dessous étaient des tenons.

Car les tenons, comme les étiquettes de titre ou les décorations sont toujours placés sur le plat inférieur. C’est une habitude qui vient de l’époque carolingienne, comme nous l’explique Berthe Van Regemorter qui s’est intéressée aux techniques de couture des reliures médiévales : 

En parlant de la couture de l'époque carolingienne, nous avons dit qu'elle avait le premier ais comme base et commençait par le premier cahier. La reliure achevée, la fin du volume et le second plat se trouvaient au-dessus. Cette chose, qui paraît peu importante, a eu pourtant une conséquence étrange : le volume se posait sur le rayon non seulement à plat, mais avec le second plat au-dessus et c'est le second plat qui recevait le plus souvent l'ornementation la plus belle. Quand le cousoir fut inventé, l'habitude de commencer par le premier cahier était prise et on ne passa pas immédiatement à la couture commençant par le dernier cahier ; on continua également à poser les volumes le second plat au-dessus. Ceci nous explique par exemple la très belle reliure orfévrée de la bibliothèque de Troyes (ms. 2251) dont seul le second plat est orné, le premier plat, en tissu, n'ayant pas la moindre décoration ; les fermoirs en argent attachés au premier plat et s'agrafant au second plat.  [2]

Cela se vérifie avec cette autre reliure portant une étiquette de bibliothèque qui a bien été clouée sur le plat inférieur, tandis que la chaine était sur le plat supérieur.

Reliure enchainée avec étiquette de bibliothèque sur le second plat

Donc nos petites plaques de cuivre seraient des tenons dont il reste à comprendre comment l’agrafe pouvait tenir….

Bonne journée, 

Textor

_____________________

 [1] Croquis tiré de : Élisabeth Baras, Jean Irigoin et Jean Vezin, La reliure médiévale : trois conférences d’initiation, Paris, Presses de l’École normale supérieure, 1978, (fig. 31).

 [2] Van Regemorter Berthe. Évolution de la technique de la reliure du VIIIe au XIIe siècle, principalement d'après les mss. d'Autun, d'Auxerre et de Troyes. In :  Scriptorium, Tome 2 n°2, 1948. pp. 275-285.


lundi 29 août 2022

L’imprimeur de Cologne Bartholomeus de Unckel (1477)

L’imprimerie est arrivée très tôt à Cologne, ville universitaire en plein essor, sans doute peu de temps après le sac de la ville de Mayence (28 Octobre 1462) par l’entremise du typographe Ulrich Zell dont la présence est attestée pour la première fois dans cette ville le 17 Juin 1464 par une mention dans les registres de l’université.  

A partir des années 70, il n’est plus le seul à exercer son art. Plusieurs typographes le rejoignent : Johann Guldenschaft, Arnold Therhoernen, Johann Schilling, Johann Koelhoff l’aîné, Nicolas Goetz…

Parmi eux, le maitre-imprimeur Bartholomeus de Unckel a laissé une empreinte discrète dans l’art typographique. Il n’a utilisé qu’une seule fonte de caractères pendant sa courte carrière mais toutes ses impressions sont d’une esthétique indéniable qui les font rechercher encore aujourd’hui par les bibliophiles avertis. Je n’ai qu’un seul livre issu de ses presses, un commentaire théologique de Pierre Bersuire sur la Bible intitulé Liber Bibliae moralis. (Le livre moralisé de la Bible).

Incipit du liber Bibliae Moralis
Une page de l'ouvrage permettant d'aprécier la netteté des caractères.

C’est un extrait d’une œuvre beaucoup plus vaste intitulée Reductorium morale, une encyclopédie dont l’objectif est d'exposer la leçon morale qui peut être retirée de tous les objets considérés (Dieu, les anges, les démons, l'Homme, les organes du corps, les animaux, les plantes, les minéraux, les éléments physiques, etc...). Le Reductorium était originellement composé de 13 livres, mais comme l’explique la préface, de nouvelles idées conduisirent à la rédaction de 3 livres supplémentaires : Liber de naturae mirabilibus (XIV), Ovidius moralizatus (XV) and Liber bibliae moralis (XVI), chacun avec son propre prologue. Ainsi, le livre XV est un commentaire moral des Métamorphoses d'Ovide (Ovidius moralizatus), et le présent livre XVI un commentaire moral de la Bible.

L’ouvrage eut un grand succès et une large diffusion ; Il en existe une cinquantaine d’exemplaires manuscrits dans les bibliothèques publiques et les quatre premières versions incunables sont celles d’Ulm et de Strasbourg (1474), suivies par deux autres, en 1477, celle de Cologne par Bartholomeus de Unckel [1] et celle de Deventer, par Richard Paffraet.

Nous manquons d’une quelconque information sur les circonstances de la vie de Bartholomeus de Unckel. Son nom permet de déduire qu’il était originaire d'Unkel sur le Rhin, petite bourgade rurale à une vingtaine de kilomètres de Bonn et une cinquantaine au sud de Cologne. Il était alors fréquent que les imprimeurs portassent le nom de leur ville d’origine, ce fut le cas pour Ulrich Zell, Nikolaus Götz von Schlettstadt, Goswin Gops von Euskirchen, Petrus in altis de Olpe, Ludwig von Renchen, etc.

Unkel était une cité en plein développement, qui entamait la construction de ses fortifications et qui entretenait de nombreux liens, tant économiques que religieux, avec Cologne. La majeure partie de la production de vin du Rhin, principale source de revenus d'Unkel, partait pour Cologne. Les seigneurs de Breitbach, originaires d'Unkel, donnèrent des abbés à l'abbaye bénédictine de Cologne et un Arnolt von Unckel, moine de l'ordre franciscain, était Évêque auxiliaire de Cologne.  

Pages de l'ouvrage rubriquées et enluminées à l'époque.

Nous ne savons rien non plus de sa formation universitaire mais il y a tout lieu de penser qu’elle se déroula à Cologne qui était la zone d’attraction intellectuelle naturelle pour les habitants de la région du Churköln. Les recherches les plus récentes n’ont rien donné à ce sujet et pourtant Maria Rissel, pour sa thèse [2], avait épluché le registre universitaire de Cologne au XVe siècle. Aucun étudiant ou aucune obtention de diplôme universitaire n’apparait sous le nom de Bartholomeus de Unckel. Son nom n'apparaît pas non plus dans les registres des autres universités allemandes alentours, ni dans les listes de commémoration des défunts ou même sur les registres des fonctionnaires de Unkel publié par Hans Vogts. 

Il faut donc se contenter de ce que nous apprend la liste de ses éditions. Il exerça le métier d’imprimeur entre la fin de l’année 1475 jusqu’en 1484, voire un peu plus si l’on prend en compte une impression de mars 1486 d’attribution douteuse, puis il disparut complètement de la vie économique ce qui peut vouloir dire qu’il est mort brutalement ou bien qu’il est entré dans un couvent pour se retirer du monde comme cela arrivait parfois pour les intellectuels âgés. Son matériel typographique fut recueilli par Quentell.

 Bartholomeus de Unckel n’utilisait ni numérotation de pages, ni signature et il ne mentionnait que très rarement la date d’achever d’imprimer. Sur la petite quarantaine d’ouvrages [3] sortis de ses presses seulement 9 d’entre eux portent une date. Et la plupart des autres sont mentionnés dans les catalogues des bibliothèques publiques comme étant « autour de 1480 », sans plus de recherche pour établir une chronologie. Quand un imprimeur n’utilise qu’un seul type de caractère il est bien difficile d’utiliser la typographie pour replacer ses travaux dans le temps !

Par chance, l’ouvrage de Pierre Bersuire qu’il a imprimé est bien daté au colophon : Impressum per me Bartholomeus de Unckel sub annis dominis mille quadringentis septuagentaseptem, ipso die sancte ghertrudis. (Année de seigneur 1477 (et le 17 Mars) fête de saint Gertrude). Il s’agit donc d’une des productions de ses premières années d’activité.

Filigrane à la sirène au miroir. (Briquet 13858)
Le papier utilisé par Bartholomeus de Unckel provenait de Troyes en Champagne.

Un autre filigrane avec la lettre P surmontée de fleurs de lys. 

Nous ne savons pas davantage qui lui apprit l’imprimerie mais il parait avoir été en relation avec le premier imprimeur de la ville, Ulrich Zell, lui-même probablement formé dans l’atelier des associés de Gutenberg, Furst et Schoefer. Les caractères forgés par Bartholomeus de Unckel, un type gothique antica, présentent bien des similitudes avec les caractères de Zell mais aussi avec ceux de Terhoernen et de Quentell. Pour ce dernier, c’est sans doute parce qu’ils auraient partagé leur matériel typographique. En effet à partir de 1479, Bartolomeus de Unckel est associé à l’imprimeur de Cologne Heinrich Quentell. Au moins une édition est reconnue comme une œuvre de collaboration, la bible illustrée en langue allemande, mais il est possible qu’il y eût d’autres partages de travail bien que leurs deux noms n’apparaissent jamais ensemble, le plus probable étant que de Unckel travaillait en sous-traitance pour Quentell.

Bartholomeus a produit presque exclusivement des ouvrages en langue latine et essentiellement des livres religieux. Il avait débuté en 1475 par les homélies de saint Grégoire puis il enchaina avec d’autres œuvres des Pères de l'Église (Léon Ier, Augustin, Jérôme), ponctué par des manuels d’instruction pour les curés, comme le Manipulus Curator(um) de Guy de Montrocher de 1476, un classique du genre, continuellement réimprimé jusqu’à ce que le concile de Trente ne le rende obsolète en 1566.

Après la publication de l'édit de censure par le pape Sixte IV, qui soumet à l’autorisation préalable de l’Eglise l’impression des textes religieux, on dit que Bartholomeus de Unckel fut l'un des imprimeurs qui se conformèrent aux règlements qui y sont mentionnés, comprenant notamment l’interdiction des livres hérétiques, bien sûr, mais aussi la diffusion de la Bible en langage vernaculaire. Il peut dès lors paraitre étonnant que de Unckel ait pu participer, en 1479, à l’ambitieuse entreprise d’Heinrich Quentell pour Johann Helmann et Arnold Salmonster à Cologne et Anton Koberger à Nuremberg, consistant à imprimer la magnifique Bible en allemand avec la glose de Nicolaus de Lyra [4], dont les pages sont magnifiquement illustrées de gravures dans les marges et dans le texte.  Une œuvre qui sort du champ de production habituel de Bartholomeus de Unckel et qu’il n’aurait certainement pas pu mener seul pour la simple raison qu’il manquait à l’évidence de soutien financier. Le seul fait qu’il n'ait utilisé qu’un seul type, au cours de sa carrière, est bien la preuve qu’il était désargenté.

La Bible illustrée, exemplaire conservé à la Bibliothèque de Munich.

Certains biographes comme Voullième prétendent que la collaboration avec Quentell se poursuivit après 1479 pour la raison que Bartholomeus de Unckel enchaina l’année suivante avec un autre texte en allemand, un texte juridique dont Quentel se faisait la spécialité. Pourtant seul le nom «Bartholomaeus de Unckel » apparait au colophon. Ce livre juridique est le Sachsenspiegel, le miroir des Saxons, un coutumier qui passe pour l'une des premières œuvres en prose de la littérature allemande. C’est un témoignage important des débuts de l’unification des parlers moyen-allemands. Bien qu'il ne constitue qu'un recueil particulier du droit coutumier saxon, cet ouvrage acquit rapidement une telle influence qu'il s'imposa comme un texte juridique fondamental pour toute l’Allemagne du Nord, au-delà de la Saxe. Quentel en imprimera une nouvelle version en 1492.

Le Miroir des Saxons (Sachsenspiegel) de Eike von Repgow imprimé par Unckel.  [H]Ir begynet dat r[e]gister des eyrsten boukes des Speygels der Sassen ... (Bibliothèque de Cologne)

A la suite de cette incursion hors du domaine religieux, Bartholomeus de Unckel produira entre 1480 et 1484 différentes œuvres de Jean Gerson, Jean Nider, Saint Thomas d’Aquin, Saint Augustin. Son dernier texte connu, datable de 1484 et signé BDV, est une collaboration avec Johann Koelhoff l’ancien. Ce sont les opuscules de saint Bonaventure que ce dernier mènera à terme après l’arrêt probable de l’activité de Bartholomeus de Unckel, suite à son décès ou à un autre évènement.

Colophon de Unckel et ex-dono.

Sous le colophon de notre ouvrage figure une mention manuscrite de donation [5]. A peine 7 ans après la date d’achevé d’imprimer, Adam de Welnis, prêtre, fit contribution de ce livre à la communauté des Bogards de Zepperen, près de Saint Trond dans la province du Limbourg. Cette communauté d’artisans, essentiellement des tisserands, existait au moins depuis 1418. C’est un certain Jean de Gorre, habitant du village qui donna et assigna en l’honneur de saint Jérome un champ d’une contenance de 3 bonniers et demi, situé à Zepperen ( Jacens in parrochia villae de septemburgis alias dicte Seppris) afin d’y placer des frères bogards que le Prince-évêque Jean de Heinsbergh institua en abbaye du Tiers-Ordre de St François en 1425. Cette maison obtint rapidement divers privilèges jusqu’à devenir le chapitre général du Tiers ordre de St François.

En 1485, lors d’un chapitre tenu à Hoegarden, il fut arrêté que tous les biens mobiliers et immobiliers appartenant aux couvents de la Province qui avaient été obtenus ou acquis en faveur du Tiers-Ordre seraient transférés au chapitre général de Zepperen afin qu’ils ne fussent pas transférés à un autre Ordre ou appliqués à une autre fin. La décision fut consignée par le notaire dans un acte du 16 Octobre 1486.

La mention sur l’origine de la donation rappelle donc que celle-ci est antérieure d’un an à l’affectation générale des biens appartenant à la communauté et cette précision pourrait avoir eu son importance en rapport avec la décision du chapitre et confirmer ainsi l’affectation du livre à la communauté de Zepperen. L’utilisation du mot ‘contulit’ (contribue) plutôt que ‘donner’ semble être un indice allant dans ce sens.

Mentions sur la première garde.

Quoiqu’il en soit le livre est resté longtemps en possession des Bogards car il était encore dans leur bibliothèque 120 ans plus tard, en 1604, lorsqu’un autre bibliothécaire précisa sur le premier feuillet blanc le titre de l’ouvrage, le nom de l’auteur  et l’appartenance au Campus Sancti Hieronymi de Zepperen. Il y était encore certainement en 1744 lorsque de Saumery décrit les lieux dans ses Délices du pays de Liège ...

Bonne Journée

Textor

 

Annexe : Liste des impressions de Bartholomeo de Unckel

 présentes dans les Bibliothèques Publiques selon l’ISTC

 

1475     - Gregorius I, Pont. Max : Homiliae super Evangeliis. Add: Origenes: Homiliae [Cologne : Bartholomaeus de Unkel], 9 Dec. 1475. – f°. – ISTC ig00419000

1475     - Leo I, Pont. Max : Sermones. Add: Johannes Andreas, bishop of Aleria, Letter. Symbolum Nicaenum. Testimonia quod Jesus semper verus sit deus et verus homo [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, 1475]. – f°. – ISTC il00133000

1476     - Guido de Monte Rochen : Manipulus curatorum. Add: Jacobus de Fusignano: De arte praedicandi. Simon Alcock: De modo diuidendi thema pro materia sermonis dilatanda. Ars moriendi Cologne : Bartholomaeus de Unkel, 6 Apr. 1476. – 4°. – ISTC ig00572000

1477     Berchorius, Petrus : Liber Bibliae moralis [Cologne] : Bartholomaeus de Unkel, 17 Mar. 1477. – f°. – ISTC ib00339000


1477     - Keyerslach, Petrus : Passio Christi ex quattuor evangelistis [Cologne : Bartholomaeus de Unkel], 20 Dec. 1477. – 4°. – ISTC ik00019000

1479     - Biblia [Low German]. With glosses according to Nicolaus de Lyra's postils Cologne : [Bartholomaeus de Unkel and Heinrich Quentell, for Johann Helmann and Arnold Salmonster in Cologne and Anton Koberger in Nuremberg, about 1478-79]. – f°. – ISTC ib00637000

1480     - Flores poetarum de virtutibus et vitiis ac donis spiritus sancti [Cologne: Bartholomäus von Unckel, vers 1480]

1480     - Eike von Repgow : Sachsenspiegel: Landrecht - Cologne : Bartholomaeus de Unkel, 1480. – f°. – ISTC ie00021000

1480     - Flores poetarum de virtutibus et vitiis, sive Sententiae [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, about 1480]. – 4°. – ISTC if00221000

1480     - Garlandia, Johannes de : Composita verborum (Comm: Johannes Synthen). With Low German gloss [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, about 1480]. – 4°. – ISTC ig00074850

1480     - Gerson, Johannes : Conclusiones de diversis materiis moralibus, sive De regulis mandatorum. Add: Opus tripartitum de praeceptis Decalogi, de confessione et de arte moriendi [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, about 1480]. – 4°. – ISTC ig00208000

1480     - Gerson, Johannes : Conclusiones de diversis materiis moralibus, sive De regulis mandatorum (I). Add: Opus tripartitum de praeceptis Decalogi, de confessione et de arte moriendi (II) [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, about 1480]. – 4°. – ISTC ig00208300

1480     - Hieronymus : Vitae sanctorum patrum, sive Vitas patrum. [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, about 1480]. – f°. – ISTC ih00202000

1480     - Johannes de Verdena : Sermones "Dormi secure" de tempore [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, about 1480]. – f°. – ISTC ij00447000

1480     - Maximilianus : Vita ac legenda sancti Maximiliani [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, about 1480]. – 4°. – ISTC im00382500

1480     - Nider, Johannes : De morali lepra [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, about 1480]. – 4°. – ISTC in00192000

1480     - Tabula in omnes Sacrae Scripturae libros. Vocabula difficilium verborum bibliae [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, about 1480]. – f°. – ISTC it00005000

1480     - Traversanus, Laurentius Gulielmus, de Saona : Modus conficiendi epistolas [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, about 1480]. – 4°. – ISTC it00427810

1480     - Cordiale quattuor novissimorum [Cologne] : Bartholomaeus de Unkel, [about 1480]. – 4°. – ISTC ic00886000

1481     - Hieronymus : De viris illustribus. Add: Opuscula Gennadii, Isidori et aliorum de scriptoribus ecclesiasticis [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, about 1481]. – 4°. – ISTC ih00193000

1481     - Johannes de Hildesheim : Liber de gestis et translatione trium regum [Cologne] : Bartholomaeus de Unkel, 1481. – 4°. – ISTC ij00338000

1481     - Nider, Johannes : Manuale confessorum [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, about 1481]. – 4°. – ISTC in00186000

1481     - Rolewinck, Werner : De regimine rusticorum [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, not before 1481]. – 4°. – ISTC ir00294000

1481     - Thomas Aquinas : De eucharistia ad modum decem praedicamentorum, sive De corpore Christi (Pseudo-). Expositio orationis dominicae [possibly no. 7 of his Opuscula?]. Add: Nicolaus de Lyra: Dicta de sacramento [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, about 1481]. – 4°. – ISTC it00293000

1482     - Augustinus, Aurelius [Cologne : Bartholomaeus de Unkel], 9 Aug. 1482. – 4°. – ISTC ia01252000

1482     - Augustinus, Aurelius : De disciplina christiana [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, about 1482]. – 4°. – ISTC ia01261000

1482     - Augustinus, Aurelius : De doctrina christiana [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, about 1482]. – 4°. – ISTC ia01262000

1482     - Augustinus, Aurelius : De moribus ecclesiae catholicae [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, about 1482]. – 4°. – ISTC ia01296000

1482     Augustinus, Aurelius : De vita christiana. De dogmatibus ecclesiasticis [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, about 1482]. – 4°. – ISTC ia01358000

1482     - Gregorius I, Pont. Max : Dialogorum libri quattuor [Cologne] : Bartholomaeus de Unkel, [not after 1482]. – 4°. – ISTC ig00404000

1482     - Jacobus de Voragine : Tractatus super libros sancti Augustini [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, 1482?]. – 4°. – ISTC ij00203000

1483     - Cordiale quattuor novissimorum [Cologne] : Bartholomaeus de Unkel, 1483. – 4°. – ISTC ic00891000

1484     -Epistolae et Evangelia [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, about 1484]. – 4°. – ISTC ie00064230

1484     - Psalterium [Cologne : Bartholomaeus de Unkel, between 1475-1484]. – 8°. – ISTC ip01044500

1484     - Bonaventura, S : Opuscula [Cologne] : B.D.V. (Bartholomaeus de Unkel) [and Johann Koelhoff, the Elder], 1484[-85]. – f°. – ISTC ib00924000

1486     - Coelde van Munster, Dirk : Kerstenspiegel [Low German] Christenspiegel (Hantbochelgin oder Spegel des Kirstenmynschen) [Cologne : Bartholomaeus de Unkel?], 7 Mar. 1486. – 8°. – ISTC ic00747700




[1] Il existe plusieurs transcriptions de son nom. L’imprimeur lui-même écrit invariablement Bartholomeus de Unckel dans chacun des colophons qu’il a laissés (Bersuire, Montrocher, Grégoire, Jean de Hildesheim, etc.). Nous opterons pour cette version. La forme internationale retenue par la BNF est Bartholomäus von Unckel mais on le trouve à l’entrée Bartholomaus de Unkel dans l’ISTC.

[2] Voir Maria Rissel Späte Ehren für den Frühdrucker Bartholomäus von Unckel - Heimersheim : M. Rissel, 1999.

[3] 36 entrées selon l’ISTC, voir la liste en annexe.

[4] Biblia, Übers. aus dem Lat. Mit Glossen nach der Postilla litteralis des Nicolaus de Lyra, Vorrede und Register, Köln, [ca. 1478/79] BSB-Ink B-494 - GW 4308]

[5] Dns (Dominus) Adamus de Walonis pbr (presbyter) contulit campo gloriosi Jheromini -  ?? - conventui 3ij (tertii) ord (inis) almi ? - Pres(byter) - francisce  in zeppere hunc librum a° (anno) xiiij c lxxxiiij°, amore ihu (Ihesu) Xri (Christi) pro eo orate, ce qui peut être transcrit approximativement par Maitre Adam de Welnis (ou Walonis), prêtre, a donné au Champ saint Jérome .. couvent du tiers ordre de Saint François de Zepperen ce livre en l’année 14 cent 84, priez pour lui et l’amour de Jésus Christ.