lundi 6 février 2023

Si périssable est toute chose née : L’Olive de Joachim du Bellay (1569)

Le Recueil de sonnets que Joachim du Bellay intitule L’Olive est mon ouvrage préféré du poète. C’est une poésie élégante et raffinée d’une grande beauté formelle à travers laquelle il nous démontre que le français bien maitrisé parvient à être une langue littéraire, illustrant ainsi sa publication précédente, la deffence et illustration de la langue francoise.


Page de titre du recueil L'Olive

Joachim du Bellay a 27 ans lorsque parait l’Olive. Il a quitté son petit Liré pour entamer des études de droit à Poitiers. C’est dans cette ville qu’il commence à s’intéresser à la versification et se lie à des poètes tels que Jean de La Péruse, Jacques Peletier du Mans, tous deux futurs membres de la Pléiade, mais aussi Pierre de Ronsard, dont il fit la connaissance en 1547, et qui devait devenir son meilleur ami et son plus grand rival en poésie.

Avec ce dernier, il gagne alors Paris pour entrer au collège de Coqueret, où il rencontre encore Jean Antoine de Baïf. Ce collège de la montagne Sainte Geneviève est alors dominé par la personnalité de son proviseur, Jean Dorat, fervent admirateur des Anciens, grecs et romains, et qui devait rejoindre plus tard le groupe de la Pléiade à l’invitation de Ronsard.

La principale occupation de ce groupe de lettrés est l’étude des auteurs grecs et latins et des poètes italiens. Le cercle, baptisé d’abord La Brigade, puis plus poétiquement La Pléiade, expose pour la première fois une véritable théorie littéraire après la publication de l’Art poétique (1548) de Thomas Sébillet, qui préconisait l’usage aussi bien des formes médiévales françaises que des formes antiques.

En réponse à Thomas Sébillet, du Bellay rédige une sorte d’art poétique, la Deffence et Illustration de la langue française, généralement considéré comme le manifeste de la Pléiade. Le poète y plaide, l’usage de la langue française en poésie contre les défenseurs du latin. Il appelle à enrichir le vocabulaire par la création de termes nouveaux, quitte à emprunter à d’autres langues, régionales ou étrangères, à condition que les mots choisis soient adaptés en français. Du Bellay recommande aussi d’abandonner les formes poétiques médiévales employées jusqu’à Clément Marot et préconise l’imitation des genres en usage dans l’Antiquité, tels que l’élégie, le sonnet, l’épopée ou l’ode lyrique.

 


Dédicace à Marguerite de Navarre et Adresse au Lecteur

L’art du poète, selon du Bellay, consiste donc à se consacrer à l’imitation des Anciens, tout en respectant certaines règles de versification spécifiquement françaises.  L’Olive, recueil paru la même année que la Deffence, est une application de sa théorie poétique, à cette différence près que l’imitation n’est pas celle des Anciens mais du poète italien Pétrarque qui chante la beauté de Laura. Pétrarque joue avec le nom de sa muse qui se transforme en laurier en s'enfuyant devant Apollon. Du Bellay francise le mythe gréco-latin et remplace le laurier d'Apollon, florissant sur l'Acropole, par l'olivier, l'emblème d'Athéna à laquelle était assimilée Marguerite de France.

 Si Laura est une jeune femme bien réelle, Olive est plus évanescente, voire même très ambiguë, mi femme mi plante, sans contour ni caractère bien précis. Nous saurons simplement qu’elle a des tresses blondes et un regard de feu. Pour le reste, c’est un idéal de beauté, un remède à l’emprisonnement du poète sur terre, une raison pour s’élever au plus haut ciel, vers l’inaccessible et ainsi échapper à la fugacité du temps, comme l'illustre admirablement le sonnet 113 :  

Si notre vie est moins qu’une journée / En l’éternel, si l’an qui fait le tour / Chasse nos jours sans espoir de retour, / Si périssable est toute chose née, / Que songes-tu, mon âme emprisonnée ? / Pourquoi te plaît l’obscur de notre jour, / Si pour voler en un plus clair séjour, / Tu as au dos l’aile bien empennée ? / ….. Là, ô mon âme, au plus haut ciel guidée, / Tu y pourras reconnaître l’Idée / De la beauté, qu’en ce monde j’adore.

Une beauté plus qu’humaine donc et une adoration-fascination où le vocabulaire amoureux et le vocabulaire religieux s’entremêlent et prolongent une tradition remontant au Cantique des Cantiques, comme l’a démontré Corinne Noirot-Maguire [1]. Joachim Du Bellay se complait à idolâtrer Olive. Elle est l’antique feu [2] ou l’amour païen, qui mue, altère, et ravit (s)a nature [3] . Transformé en phénix au sonnet XXXVI, l’amant dépend même de la pitié de la dame pour le faire renaître de ses cendres.



L'Olive, Sonnet 113

 Nous retrouvons cette quête de la beauté inaccessible dans un autre sonnet très connu du poète [4] qui a pour thème la belle matineuse dont la beauté éclipse le soleil qui se lève. Du Bellay évoque la caverne de Platon et la quête de l'Idée platonicienne dont la beauté des créatures terrestres n'est que l'ombre portée :

Déjà la nuit en son parc amassait / Un grand troupeau d'étoiles vagabondes, / Et, pour entrer aux cavernes profondes, / Fuyant le jour, ses noirs chevaux chassait ; / Déjà le ciel aux Indes rougissait, / Et l'aube encor de ses tresses tant blondes /Faisant grêler mille perlettes rondes, / De ses trésors les prés enrichissait …

 

L'Olive, sonnet 83

Publié pour la première fois en 1549 chez Arnoul L’Angelier sous le titre L'Olive et quelques autres œuvres poeticques. Le contenu de ce livre. Cinquante sonnetz à la louange de l'Olive. L'Anterotique de la vieille, & de la jeune amye. Vers lyriques, il parait à nouveau en 1550 chez Gilles Corrozet et les Angeliers, passant de 50 à 115 pièces avec un titre annonçant cette augmentation :  L'olive augmentee depuis la premiere édition. La Musagnoeomachie & aultres œuvres poëtiques.

L’Olive paraitra ensuite seul ou avec la Deffence et Illustration de la Langue Française en 1553, 1554, 1561.

Puis Federic Morel succède aux Angelier et sort en 1561 au format in-4 La Defense et illustration de la langue francoise, avec l'Olive de nouveau augmentee, la Musagnoeomachie, l'Anterotique de la vieille & de la jeune amie. Vers lyriques, etc. Le tout par Joach. Du Bellay ang. Avant de faire paraitre toute la production de du Bellay en fascicule séparé durant les années 1568 et 1569 lesquels seront regroupés en un recueil factice qui constituera la première édition collective, avec une pagination séparée et un titre propre à chaque fascicule. Elle n’aura de pagination continue qu’à partir de 1573. Seul le titre général porte la date de 1569, chacune des huit parties (L’Olive compte pour une partie) ayant son titre propre, à la date de 1568 ou 1569.

La Musagnoloemachie

Louange de la France et du Roy Henry II

Nous avons trouvé des exemplaires de cette édition collective où l’Olive porte la date de 1568 ou 1569. Notre exemplaire est daté de 1569 mais cela ne permet pas de savoir s’il avait été vendu tel quel, comme ouvrage unique, ou s’il a été détaché par la suite d’une édition collective. C’est l’ex-libris qu’il contient qui permet de savoir qu’il ne provenait pas d’un exemplaire démembré de l’édition collective car son premier possesseur, un certain Grenet a laissé une marque d’appartenance dans l’Olive : Je suis à René Grenet, seigneur du bois Desfourches et une autre mention avec son nom dans le fascicule de la Deffence, qu’il avait acheté la même année. Il n’aurait probablement pas inscrit deux ex-libris si les fascicules avaient été reliés ensemble dans l’édition collective.

René Grenet faisait partie d’une des plus anciennes familles de Chartres ; un de ses membres prit part à la première croisade. En 1423, Jean Grenet était lieutenant général du pays chartrain. En 1462, cette place était occupée par Michel Grenet, sieur du Bois-des-Fourches. C’est lui qui publia à Nogent le Rotrou l’ordonnance royale de 1462 qui abolissait le péage sur la rivière. Plus bas dans la généalogie, on trouve un Claude Grenet, sieur du Bois-des-Fourches, receveur des aides à Chartres qui épousa, le 15 janvier 1554 à St-Martin-le-Viandier, Marie Acarie, fille de Gilles, seigneur d'Estauville. Son fils est René Grenet, né vers 1555. C’est le probable auteur de l’ex-libris. Il est receveur des décimes, cet impôt exceptionnel prélevé sur le clergé, justifié par la guerre contre les huguenots mais qui aura tendance à devenir régulier. René Grenet se maria avec Claude Cheron et eut un fils prénommé aussi René qui devint greffier du grenier à sel de Chartres.  Ce dernier étant né en 1594, un peu tard, compte tenu du style d’écriture (une écriture typique du XVIème siècle) pour lui attribuer l’ex-libris.

Le receveur des aides, un percepteur donc, devait avoir l’âme romantique pour goûter la poésie de Du Bellay …

Bonne Journée,

Textor


[1] Olive de 1550 : l'épreuve de la fascination idolâtre, par Corinne Noirot-Maguire in L'information littéraire 2008/1 (Vol. 60), pages 44 à 51.

[2] Ode XXIV.

[3] Ode XXXVIII v.8

[4] Sonnet LXXXIII


samedi 14 janvier 2023

Histoire du Royaume de Naples par Michele Riccio (1507)

Le petit ouvrage que fit publier Michele Riccio à Paris, en Aout 1507, chez l’imprimeur Josse Bade, a pour titre Histoire Condensée et Véridique des Rois Très Chrétiens Par Leurs Conseillers et Suppliants (Comme On Dit) [1]. C’est un ensemble de cinq livres qui s’attache à présenter l’histoire des dynasties qui ont successivement régné sur le royaume de Naples.

L’histoire du Royaume de Naples au XVème siècle est particulièrement mouvementée. Ancienne colonie grecque, Neapolis (La ville nouvelle) devient très tôt un carrefour stratégique et l’une des cités les plus peuplée d’Europe ; elle attire les convoitises.

La cité a vu passer, après les grecs et les romains, les normands qui fondent le royaume de Sicile incluant une bonne partie de l’Italie du sud, puis les angevins au XIIIème siècle, après la scission du royaume de Sicile, suivis des espagnols d’Alphonse V d’Aragon, qui prennent possession de Naples en 1443 après leur victoire contre René d’Anjou. René d’Anjou est le légitime héritier du Royaume de Naples mais après 4 ans de bagarres et de tractations, il finit par rentrer en France, ne gardant que le titre de Roi de Jérusalem et de Sicile. Alphonse V fait alors de Naples un foyer de la Renaissance italienne où des artistes comme Antonello da Messina, Jacopo Sannazaro ou Ange Policien y exercent leurs talents.

Page de titre du De Regibus Christianis.

C’est durant cette période faste que nait à Castellammare di Stabia autour de l'année 1445 Michele Riccio (1445-1515), fils de Nicholas de Ritii et Mariella Correale. Il eut comme précepteur l’humaniste Pietro Summonte qui l’orienta vers la carrière juridique. Ferdinand 1er d’Aragon, alors roi de Naples, le nomme professeur de droit à l’université du Royaume.

Lors de la première guerre d’Italie (1494-1497), Charles VIII de Valois, allié au duché de Milan, estime avoir des droits héréditaires sur le royaume de Naples. Il passe le col de Montgenèvre et envahit Naples sous le prétexte de mener une nouvelle croisade contre l'Empire ottoman et délivrer Jérusalem. À la mi-février 1495, le roi Alphonse II de Naples abdique et Ferdinand II lui succède. Ce dernier doit fuir devant l’arrivée des troupes françaises le 22 février 1495. C’est alors que des nobles italiens, nostalgiques de la période angevine et convaincus de la justesse des prétentions de Charles VIII, se rallient à lui avec leurs hommes d'armes. Michele Riccio est au nombre de ceux qui participent à ces ralliements. Il profite de la prise de Naples pour se placer sous la protection des Valois. Il devient ainsi Avocat fiscal, diplomate et conseiller du roi et il occupe différentes fonctions politiques qui l’impliquent dans les guerres d’Italie.

La conquête est de courte durée car les exactions des occupants provoquent l’hostilité de la population et une alliance anti-française connue sous le nom de la Ligue de Venise organise la résistance. Charles VIII choisit de battre en retraite et Michele Riccio le suit dans son retour en France. Il reçoit la charge de Conseiller du Roi au Grand Conseil.

Il entreprend alors la rédaction d’une histoire de l’expédition de Charles VIII (Historia profectionis Caroli VIII) dont le manuscrit daté de Juillet 1496 est conservé à la Bibliothèque Nationale de France.[2] Il s’agit d’un compte rendu de la première guerre d'Italie dans lequel Riccio prend parti sans nuance pour son protecteur. Cet ouvrage n’a pas bénéficié à l’époque d’une édition imprimée.[3]

Au décès de Charles VIII, son cousin Louis d’Orléans, devenu Louis XII, hérite des droits des Valois sur le royaume de Naples et poursuit les rêves de conquête. Il commence par reprendre le duché de Milan et nomme Michele Riccio, premier sénateur de la ville en 1498. Ce dernier entre ainsi à Milan en Octobre 1499 avec le cardinal d'Amboise pour répondre à une harangue des Milanais. Puis Louis XII se tourne vers le royaume de Naples. Le 11 novembre 1500, il signe le traité de Grenade avec Ferdinand II d'Aragon réglant le partage du royaume : les Pouilles et la Calabre pour l’Aragon, Naples, le Labour et les Abruzzes pour la France. Par la suite, Louis XII va confier à Riccio plusieurs missions diplomatiques, ce qui le conduit à prononcer un discours officiel d’obédience à Jules II lors d’une ambassade à Rome, en 1505, au côté de Guillaume Budé, discours qui sera publié d’abord à Rome [4] puis par Josse Bade.

Le royaume de Naples reste encore 4 ans aux mains des Français mais après les défaites de Seminara, de Cérignole et du Garigliano contre Gonzalve de Cordoue, la France renonce définitivement à ses prétentions sur Naples en 1504.

Premier livre de l'Histoire de France

Fin de l’histoire française à Naples et début des chroniques historiographiques de Michele Riccio qui entame l’écriture du De Regis Francorum, un résumé des dynasties qui se sont succédées en France de Pharamond jusqu’à Louis XII. Jacques Le Long dans sa Bibliothèque Historique de la France [5] nous dit que le style de l’auteur est travaillé mais qu’il ne fait qu’effleurer les principaux évènements tant ils sont abrégés. Il est certain que condenser l’histoire de France en 25 feuillets requiert un bon esprit de synthèse. Il s’inspire en cela du Compendium qu’avait rédigé quelques années auparavant Robert Gaguin sur l’histoire de France.

La première édition parait à Rome en 1505 sous le titre Michaelis Riccii Neapolitani ludovico XII regi a consilis, de Regibus Francorum a Pharamundo usque ad Ludovicum XII. L’édition est citée par plusieurs bibliographes du 17ème siècle (Le Long, Lenglet Dufrenoy, etc) mais je n’en ai pas retrouvé trace dans les bibliothèques publiques. Son existence est néanmoins très plausible puisque cette date correspond à celle des deux pièces liminaires figurant dans les deux premières éditions collectives, à savoir celle de Milan (Impressum Mediolani per Joannem de Castelliono, 1506) puis celle de Paris. (Josse Bade, 1507). Ces deux éditions regroupent le De Regibus Francorum avec d’autres opuscules consacrés aux autres dynasties ayant régné sur Naples. On trouve donc à la suite du De Regibus Francorum libri III (f°I à XXV) soit 50 pp. :

-         De Regibus Hispaniae lib. III. (Du Royaume d’Espagne en 3 livres ). f° XXVI à XLIII, soit 36 pp.

-         De Regibus Hierosolymorum lib. I. (Du Royaume de Jérusalem en 1 livre). f° XLIV à XLVI, soit 6 pp.

-         De Regibus Neapolis et Siciliae lib. IV. (Du Royaume de Naples et de Sicile en 4 livres). f° XLVII à LXXX, soit 48 pp.

-         De Regibus Ungariae lib. II. (Du Royaume de Hongrie en 2 livres). f°LXXXI à CVII, soit 54 pp.

Certains bibliographes [6] prétendent que ces autres opuscules avaient aussi paru séparément en 1505, mais là encore, je n’en ai trouvé aucun qui soit cité comme opuscule séparé dans une quelconque bibliothèque publique. Il faudrait sans doute creuser davantage car, à vrai dire, la recherche des différentes éditions anciennes est ardue, les catalogues retenant un nom d’auteur très variable selon le pays ou la période [7].

Débuts des livres sur l'Histoire de Jérusalem et l'Histoire de Sicile

Par ailleurs, il apparait que les quatre premiers opuscules forment un tout dans la mesure où ils mettent en lumière les droits des différents souverains sur le royaume de Naples.  Riccio a développé en priorité l’histoire de France, puis celle du royaume de Naples en elle-même, tandis que l’histoire d’Espagne et surtout celle du royaume de Jérusalem sont traitées plus succinctement. L’histoire de la Hongrie, qui n’a pas de rapport immédiat avec le royaume de Naples, semble-t-il, a fait l’objet d’un titre de transition : Sequitur Gibus (sic !) Ungariae, pouvant vouloir marquer une distinction par rapport aux autres livres.

Les opuscules sont précédés de deux pièces liminaires qui figuraient déjà dans l’édition de Milan de l’année précédente : La première est une épître du professeur Gianpaolo Parasio (Alias Aulus Janus Parrhasius), de Cosenza, à l'auteur datée du 1er Octobre 1505. Ce fils d’un conseiller au Sénat de Naples avait fui à Rome lors de l’invasion française. La seconde épître est rédigée par l’auteur à l’attention de Guy de Rochefort, grand chancelier de France [8].

L’édition de Josse Bade contient, outre les deux pièces liminaires déjà citées, une épigramme originale dans laquelle l’éditeur loue le travail de Michele Riccio et met l’accent sur le fil rouge de l’ouvrage, à savoir les revendications héréditaires sur le Royaume de Naples, faisant au passage un certain amalgame entre les espagnols, la conquête arabe et la nécessaire reprise des lieux saints.

Lettre de Gianpaolo Parisio à Michele Riccio


L'épigramme de Josse Bade

En voici une libre traduction :

Epigramme de Jodoc. Badius sur ce qui suit à propos des royaumes chrétiens :

Si la noblesse connaissait la lignée des familles royales / cela les aiderait à avoir une vision globale (à voir tout en un) / Lisez les livres de Riccio, parmi les meilleurs sur l'histoire. / En effet, à partir de ceux-ci vous apprendrez l'origine des célèbres Francs / Ils ont atteint les sommets des rois chrétiens / Un rival des Francs, par le sang duquel les Ibères ont été menés, / Bethyca (La Bétique) [9] a soumis leurs royaumes à son sceptre. / Et par cette parthénopée, les rois sont rejetons des Sicules (Siciliens) / Ils disent qu'ils détiennent seuls les droits de Soliman / Le chef de ceux qui ont orné le Christ d'une couronne / Ou alors ravissent quelques sceptres par jour. / Et enfin, les rois de Hongrie sont nés du sang / Des guerres horribles et dures entre les hommes / Et par cette union ou parthénopée de sang / La Hongrie revendique le sceptre pannonien. [10]

Le livre sur l'histoire de Hongrie

Le Praelium Ascensianum est connu pour être un foyer important de la diffusion de l’humanisme italien en langue latine. Josse Bade a voyagé en Italie, à Ferrare, à Mantoue ; il a suivi les cours de Philippe Beroalde, dont il éditera à plusieurs reprises les œuvres. Ses auteurs de référence sont notamment Petrarque, Ange Policien, Marcile Ficin, Lorenzo Valla, Nicolo Perotti. Il semble donc naturel que Michele Riccio se soit adressé à lui pour faire rééditer son compendium.

Cette édition parisienne a été imprimée en caractères romains. Les majuscules du texte sont rubriquées en jaune et le début des livres agrémentée de lettrines foliacées. Le titre, typographié en rouge, est inséré dans la célèbre marque gravée du Prælum Ascensianum de l’éditeur [11], figurant l’intérieur d’un atelier d’imprimerie.

Il faut noter une particularité qu’on ne retrouve pas dans les autres exemplaires consultés : le (mal nommé) dernier feuillet blanc contient au verso une reprise à l’identique du texte en rouge figurant sur le premier feuillet, à l’exception de la marque de l’imprimeur. Il s’agit sans doute d’une erreur au moment de la mise en page ou de la reliure mais cela nous donne une indication sur la manière dont Josse Bade composait son titre. A l’inverse des gravures avant la lettre, Il commençait par typographier la page de titre en lettres rouges et surimposait ensuite sa marque.

Verso du dernier feuillet "blanc"

L’édition collective [12] des traités sur les royaumes chrétiens aura beaucoup de succès, peut-être en raison de son caractère synthétique qui la rendait pratique aux étudiants. Elle sera encore publiée par Froben en 1517 puis en 1534 (C’est l’édition que l’on trouve le plus souvent en bibliothèque), traduite en italien (Venise, Vincenzo Vaugris, 1543), puis reprise en entier ou seulement par fascicules insérés dans d’autres ouvrages jusqu’au milieu du 17ème siècle (par exemple Naples, 1645).

Michele Riccio a ouvert ainsi la voie à d’autres historiographes comme son compatriote Paolo Emilio, pensionné par Charles VIII dès 1489 comme orateur et chroniqueur du roi, qui écrira à son tour une Chronique de France bien plus développée (De rebus gestis Francorum, Libri IIII ) qui sera publié également par Josse Bade à partir de 1517.

Bonne Journée

Textor

Colophon de Josse Bade


[1] D. Michaelis Ritii a. consilio et ab requaestis (ut ajunt) regii : Compendiosi & veridici de regibus christianis fere libelli. Ouvrage de 107 feuillets (mal chiffré CIII) signés A4, B-O8, P4.

[2] Paris, lat. 6200.

[3] Texte publié en fragments in Arthur de Boislisle, Notice biographique et historique sur Étienne de Vesc, sénéchal de Beaucaire, pour servir à l'histoire des expéditions d'Italie, Paris et Nogent-le-Rotrou, 1884, p. 258-270.

[4] Oratio ad Julium II. in obedientia illi praestita per Ludovico XII, per Michaelem Ritium. (Romae : E. Silber, s. d.)

[5] Bibliothèque Historique de la France T II, p. 47 (Paris, J.T. Herissant 1769).

[6] Voir Brunet IV 1314. Lequel se trompe aussi sur le format de l’édition de Bade puisqu’il écrit In-quarto alors que c’est un in-octavo.

[7] Michele Riccio pour la BNF mais Michael Riccio pour la British Library, en latin Michaelis Ritius, on trouve aussi Michele Ricci ou Rezzo, parfois francisé en Michel de Ris, du Rit ou de Rys, chez les anciens bibliographes.

[8] L’édition de Milan contient aussi deux autres pièces qui n’ont pas été reprises par Josse Bade : Martianus Aries cremonensis a manu Jani studiosis. S.P.D. ; et, au fol. VIII v° : Clarissimi senatoris et juriscon. Michaelis Ritii de Regibus Neapolis historia.

[9] La Bétique couvre le sud de l'actuelle Espagne et correspond à peu près à l'actuelle Andalousie. Elle tire son nom du nom latin du fleuve Guadalquivir, Baetis.

[10] Janus Pannonius, humaniste et poète Hungaro-Croate, voir l’article du 25 juil. 2021 sur ce site.

[11] Marque 1, état 1 de Josse Bade Ascensius, reproduite par Ph. Renouard dans sa bibliographie de Josse Bade, Paris 1908 (Gravure Pl. B3 n°77).

[12] La BNF dénombre 18 exemplaires de l’édition de Josse Bade, 1507 dont 7 en France, mais la liste n’est pas exhaustive.

dimanche 1 janvier 2023

Meilleurs voeux pour la nouvelle année 2023


 Le Traité de la Sphère de Sacrobosco dans une traduction italienne avec commentaire original de Pier Vincenzo Danti de Rinaldi (m. 1512), ancêtre du célèbre mathématicien Egnazio Danti, qui fit publier le présent ouvrage à Florence  chez Giunti en 1571.

jeudi 29 décembre 2022

La Savoye, poème de Jacques Peletier du Mans (1572)

Pour terminer l’année 2022 en fanfare, je vous présente un poème de Jacques Peletier du Mans entièrement consacré à la gloire de la Savoie, le pays de mes ancêtres. Ce petit ouvrage intitulé La Savoye de Jaques Peletier du Mans [1], devenu rare [2], fut imprimé à Annecy en 1572 par Jacques Bertrand qui était alors le seul imprimeur de la ville. Bien que le savoyard Guillaume Fichet eut été l’un des pionniers de l’imprimerie, la nouvelle invention mit du temps à se diffuser en deçà des Monts et on ne compte guère plus d’un ou deux imprimeurs par génération au 16ème siècle à Chambéry et Annecy. L’attraction des foyers intellectuels qu’étaient Lyon et Genève faisait que la plupart des livres lus dans le duché provenait de ces deux villes.

Page de titre de la Savoye

Jacques Peletier du Mans n’est sans doute pas le plus connu des poètes de la Pléiade, peut-être parce qu’il est difficile à cerner. Tout à la fois humaniste et poète, grammairien et philosophe, mathématicien et médecin, Il est surtout un infatigable voyageur qui fera dire à Ronsard :  Et Peletier le docte a vagué comme Ulysse.

Celui qui avait pris comme doctrine Moins et meilleur passera sa vie à sillonner la France, la Suisse ou l’Italie au gré de ses études ou de ses fonctions. Gilles Ménage au siècle suivant avait écrit une biographie sur Peletier malheureusement perdue et les différentes phases de sa vie sont assez confuses et variables selon les biographes : D’abord étudiant au collège de Navarre à Paris, où son frère ainé enseigne la philosophie, il est poussé par son père, lui-même avocat, vers les études de droit et la théologie et il apprend le grec et le latin. Il a peut-être exercé le droit au Mans de 1538 à 1543 mais il n’a pas laissé d’œuvres juridiques.

Il confiera à son frère : J'ai employé presque cinq années entières à l'étude des lois. Pendant un certain temps cette occupation, par sa nouveauté, ne me déplut pas. Mais, quand j'eus commencé d'acquérir quelque maturité et que je pus disposer de moi-même, je fus épouvanté par la vanité des affaires juridiques et je revins à la philosophie [3]. Nous ne savons pas très bien ce qu’il met derrière le terme philosophie mais il aime l’observation du monde et plus particulièrement les sciences, les mathématiques et la médecine. C’est dans ces domaines qu’il écrira le plus.

L'ouvrage est dédié à Marguerite de France, 
Duchesse de Savoie,protectrice des poètes de la Pléiade.

Au Mans, vers 1539, étant secrétaire de l'évêque René du Bellay, grand cousin du poète, il se lie alors d'amitié avec Pierre de Ronsard et Joachim Du Bellay, un peu plus jeunes que lui. Il fait la connaissance du premier puis du second avant même qu'ils n'entrent au collège de Coqueret et il leur prodigue ses conseils. C’est à lui que Ronsard montre ses essais d’odes horatiennes dès le printemps 1543 et c’est de lui que Du Bellay, en 1546, reçoit le conseil de cultiver de préférence l’ode et le sonnet. Il préside ainsi aux origines de la Pléiade sur laquelle son influence est certaine. En 1545, Jacques Peletier publie, quatre ans avant la Deffence et Illustration de la Langue Française de Du Bellay, un premier manifeste pour l’usage du français, en préface de la traduction française de l'Art Poétique d'Horace. Joachim Du Bellay le reconnaîtra et saluera son influence. Par la suite, quoiqu’éloigné de Paris, il restera en contact constant avec le groupe.

Après avoir brièvement enseigné au collège de Bayeux, à Paris, où venaient étudier les boursiers du Maine, il entame une existence vagabonde, ne restant jamais très longtemps dans la même ville. Trente-deux ans d’errance où chaque séjour est l’occasion de rencontres. Il séjourne ainsi à Poitiers où il échange avec un autre passionné de médecine, François Rabelais.  Puis, à Bordeaux, il exerce la médecine et se fait héberger un temps par Montaigne. Plus tard, entre 1553 et 1557, alors qu’il est en villégiature à Lyon, il fréquente les poètes et les humanistes du cercle Lyonnais, dont Maurice Scève, Louise Labé, Olivier de Magny et Pontus de Tyard.

Livre Second et tiers livre

Après quoi, en 1570, il rejoint la Savoie, d’une part pour fuir la France dévastée par les malheurs de la guerre, mais d’autre part, sans doute aussi appelé par son ancienne protectrice, la duchesse Marguerite de France [4] qui, lorsqu’elle séjournait à Paris, avait soutenu les poètes de la Pléiade et qui, contrainte de rejoindre la Savoie après son mariage avec Emmanuel-Philibert, entretenait autour d'elle une cour de lettrés et de poètes.

Je vá & vien par volontaire fuite, / Pour contempler le Monde en divers lieus, / En évitant, à tout le moins des yeus, / Tant de malheurs, dont la France est détruite.

En Savoie, il retrouve le poète Marc-Claude de Buttet, avec lequel il se lie d’amitié. Il l’avait déjà croisé autrefois à Paris alors qu’il enseignait au collège de Bayeux. Buttet lui ouvre son cercle littéraire à Chambéry et à Tresserve où il croisera Antoine Baptendier, avocat au parlement de Chambéry et ancien juge-mage de Maurienne, de suffisance egale / En Poesie & science legale [5], le vertueux Claude Lambert, gentilhomme de Miolans [6], Jehan de Piochet de Salins, seigneur de Mérande et de Monterminod [7], parent de Marc-Claude de Buttet et admirateur de Ronsard, Amé Du Coudray, etc. Tous auront droit à quelques vers et Marc-Claude de Buttet à des louanges appuyées :

De Chamberi , le chef de la Province, / Ce ne seroit raison que je previnse / Le bien disant Butet, qui en n’áquit, / A qui en touche & l’honneur & l’aquit. [8]

Le poète savoisien lui répondra d'un ton tout aussi louangeur, comparant Peletier à Orphée dans son Amathée de 1575.

L'hommage à Marc-Claude de Buttet

L’accueil qu’il reçut et la beauté du paysage lui firent prolonger son séjour qui dura deux ans et cinquante-cinq hivers [9] et l’incita à écrire ce long poème en trois livres dédié à sa protectrice.

Le sujet du poème est le pays de Savoie lui-même dont Peletier du Mans décrit en détail toutes les richesses. Lui qui ne connaissait que les Alpes Mancelles fut certainement impressionné par la géographie montagnarde. Il oppose l’humeur paisible de ses habitants et leur cadre farouche composé de rochers abrupts et d’abîmes tumultueux, de glaciers et d’avalanches, de marmoteines et d’ours arpus.

Fait très rare pour l’époque, il semble avoir réellement visité les lieux dont il parle et la nature est décrite telle qu'il l'observe et non telle qu'elle devrait être d'après les Anciens. Quand il cite les étendues d’eau, il fait une différence entre les grands lacs poissonneux et les lacs d’altitude froids et sans poisson. Il a noté que le Lavaret meurt à peine sorti de l’eau. En passionné de médecine, il s’émerveille devant toutes ces plantes médicinales dont il donne pour chacune d’elle la vertu cardinale.

Tu as, Savoye, un ornement ancore, / Qui ton renom de rarité décore. / Entre les dons de Nature estimez, / Sont les effetz aus Herbes imprimez. / Onq cete ouvriere, à produire ententive, / Ne se montra si riche & inventive, / Qu’en ces hauz Mons, si noblement herbuz, / Qu’on les diroit boutiques de Phebus.

 Commence alors une longue litanie dans laquelle il n’oublie ni la Gentiane amer ni l’Alquimine, ni le Fiel de Terre ou le Saxifrage exquise aulx graveleux, le Martagon semblable aux lys et les Aconiz, dont tant de bestes meurent, Renars, & Louz, & les fiers Liepars, etc …

Reliure en maroquin aubergine, décor à la Du Seuil,
 fleuron doré au centre, dos orné, tranches dorées 
(Reliure de la seconde moitié du XIXe siècle)

Il avait dû remonter jusqu’au fond des vallées de la Maurienne et de la Tarentaise avec crampons acerez franchissant / Ce dur chemin perilleus & glissant, pour pouvoir décrire des bourgades qui ne devaient pas être bien importantes de son temps, comme Bonneval sur Arc [10] ou Bessans. En ethnographe, il découvre une population heureuse qui a su s’accommoder de la dureté de la nature. Il s’étonne qu’elle puisse rester bloquée par la neige tout un hiver sans chercher à partir ailleurs. Pour autant, il convient qu’elle mène une vie simple, dans les montagnes, sans avoir été pervertie par l’ambition ou l’envie, de bons sauvages en quelque sorte qui annoncent déjà Jean-Jacques Rousseau :

Celui qui est hors de la tourbe vile, / Et tout un Monde estime estre une Vile, / Eureus est-il, si ici & ailleurs / Il rend ses faitz & ditz tousjours meilleurs. / Mais si l’aler & le voir, nous attise / De veins obgetz tousjours la convoitise, / Meilleur seroit du Berger le parti, / Qui n’est jamais des Montagnes parti.

Mais c’est au chapitre des fromages que Jacques Peletier du Mans nous surprend le plus et qu’il démontre qu’il a observé par lui-même, en parcourant les alpages, les techniques de fabrication au lieu de se contenter de recopier dans une bibliothèque les écrits d’un Pline l’Ancien ou d’un Columelle. Il nous dit que les paysans tirent de la transformation du lait trois profits : la crémeuse graisse, la faisselle et le sérac [11]. C'est là peut-être l'une des premières évocations de la fabrication du fromage en chalet. Il les a vu presser la pâte molle des tommes et cuire les Beauforts au chaudron afin de pouvoir les conserver et les descendre dans la vallée lorsque le vent d’Automne desséchant flétrit la verdure des champs.

 Bons, ou meilleurs, ainsi qu’est la páture, / Et sont partout de semblable facture: / Fors que souvent le fourmage mollet / Ils font plus gras, sans ebeurrer le lait. / Mais le tiers gaing, qu’en Savoye ilz en tirent, / Est le Serat, que du Latin ilz dirent: / Au païsan de grande utilité, / De peu de coút, & grand’ facilité.

Ex-libris Barbier-Mueller

L’ouvrage est bien imprimé en lettres italiques et dans une orthographe conforme à l’usage de l’époque et non pas dans celle qu’avait inventée Peletier du Mans. En effet notre mathématicien-poète s’était passionné un temps pour la réforme de l'orthographe et, comme l’avait fait de son côté Antoine de Baïf ou Pierre Maigret, il avait proposé dans son Dialogue de l'ortografe e prononciation françoese de 1550 un système graphique nouveau, proche de la phonétique, qui n'aura aucun succès, mais qu'il adoptera lui-même dans ses œuvres, ce qui entraine quelques difficultés de lecture pour nous qui sommes habitués  à lire d’un coup d’œil un ensemble de mots dans une phrase et non pas les syllabes les unes à la suite des autres [12].

Heureusement, l’imprimeur Jacques Bertrand tenait un petit atelier à Annecy dans lequel il imprimait peu et avec un matériel réduit.  Si bien que Peletier du Mans dut renoncer à lui faire utiliser les caractères spéciaux correspondant à la graphie moderne qu’il avait inventée à Paris, faute de matériel adapté. La seule particularité du texte est la suppression quasi systématique du doublement des consonnes.

Nous ne savons pas pourquoi, il choisit de rester en Savoie jusqu’à l’impression du livre pour retourner à Paris à peine l’édition publiée et en pleine Saint Barthélémy. Il aurait pu tout aussi bien rentrer avec son manuscrit pour le faire imprimer plus commodément dans la capitale. A vrai dire, il était déjà passé à autre chose, c’est un recueil de géométrie en latin dédié à Charles-Emmanuel de Savoie, fils de sa protectrice, le De Usu geometriae liber unus [13] auquel il consacra ses efforts durant les mois de son retour avant de repartir enseigner les mathématiques à Poitiers, loin des marmottes et des ours.

Bonne Journée,

Textor



[1] Titre complet : La Savoye de Jaques Peletier du Mans, A tresillustre Princesse Marguerite de France, Duchesse de Savoye & de Berry. Moins & meilleur. A Anecy, Par Jaques Bertrand. M.D.LXXII. Collation : In-8 de 79, [1 bl.] p. (sig. A-E8). L’exemplaire présenté provient de la collection Jean-Paul Barbier-Mueller avec son ex-libris et une mention d’achat en Octobre 2014 à Auxerre (Vente Auxerre Enchères 27 Sept. 2014).

[2] La Savoye a connu 2 rééditions : i) Par Joseph Dessaix (in Mémoires et Documents de la Société Savoisienne d’Histoire et d’Archéologie T. 1 Chambéry, 1856) ; ii) Par Charles Pagès (Bibl. savoyarde, Moutiers Tarentaise, Ducloz, 1897). L’exemplaire de la BM de Tours a été numérisé par le site des Bibliothèques Virtuelles Humanistes. http://www.bvh.univ-tours.fr/Consult/index.asp?numfiche=848

[3] Lettre en latin à son frère Jean Peletier dans les pièces du In Euclidis Elementa geometrica... (Lyon, de Tournes, 1557, in -fol.).

[4] Marguerite de France (1523-1574) duchesse de Savoie et du Berry, fille de François 1er, dont la grand-mère maternelle était Anne de Bretagne et la grand-mère paternelle, Louise de Savoie.

[5] Livre Second, p.42.

[6] Son frère Jean-Gaspard Lambert était un ami de Marc-Claude de Buttet mais il serait décédé avant 1569 et c’est donc plus vraisemblablement Claude que Jacques Peletier a pu rencontrer.

[7] La vie de Jehan de Piochet (1532-1624), cousin de de Buttet, est bien documentée grâce à ses dix livres de raison et son livre de comptes de 1568 conservés aujourd’hui aux Archives départementales de la Savoie. Piochet poursuivit des études de droit à Avignon avec Amé Du Coudray mais choisit une carrière d’armes. Il est capitaine du château de Chambéry à partir de 1569, quand Jacques Peletier arrive en Savoie. Voir R. Devos et P. Le Blanc de Cernex, Un ‘humaniste’ chambérien au XVIe siècle: Jehan Piochet de Salins d'après ses livres de raison, in Vie quotidienne en Savoie, Actes du VIIe Congrès des Sociétés Savantes de Savoie, Conflans, 1976.

[8] Livre Second, p 44.

[9] Tiers Livre, p.75 : Apres l’avoir deus ans entiers hantee, Et aiant vu cinquantecinq hyvers, ….

[10] Peut-être mentionne-t-il ce village pour sa chapelle dédiée à Sainte Marguerite, sainte patronne de sa protectrice.

[11] Livre second, p. 36. 

[12] Un exemple de son illisible graphie :  Madamɇ, lɇ grand dɇſir quɇ j’auoę̀ dɇ deſſe̱ruir (a toutɇ ma poßibilite) la gracɇ ſouuɇreinɇ dɇ feuɇ la Reinɇ votrɇ tre dɇbonnerɇ e tre rɇgretteɇ merɇ, m’auoè̱t induìt a lui vouloę̀r dedier un mien Dialoguɇ dɇ l’Ortografɇ e Prononciation Françoȩſɇ.

[13] Parisiis, apud E. Gorbinum, octobre 1572 - In-4°, pièces limin., 44 p., fig.