Le vendredi 12 octobre 1492, après deux longs mois de mer, Christophe Colomb pose le pied sur une île des Bahamas. Cela m’amène à vous décrire une édition de l’Eloge des Guerriers Illustres de Paul Jove dont un chapitre est justement consacré à l’Amiral de la Mer Océane.
Paolo Giovio, plus connu sous sa forme latine, Paulus Jovius
ou Paul Jove en français, est né sur les bords du lac de Côme (Italie) le 21
avril 1483 et mort à Florence le 12 décembre 1552. Il est assez âgé en 1492
pour se souvenir par la suite du frisson qui traversa l’Europe quand la lettre
de Colomb décrivant son voyage fut publiée en Italie. Il devint par la suite
médecin de nombreuses personnalités de Rome et son talent attira l’attention du
cardinal Jules de Médicis dont il devient le conseiller lorsque celui-ci accéda
à la fonction papale sous le nom de Clément VII. Il passa ainsi 37 ans au
service de différents papes et gravit la hiérarchie ecclésiastique jusqu'au
titre d'évêque suffragant de Nocera de Pagani (Campanie) en 1528.
Il fit alors construire à Borgo Vico, au bord du lac de
Côme, un édifice pour accueillir à partir de 1538 une galerie de portraits des
hommes illustres : réunissant près de 400 portraits, c'est le premier « musée
». Pour mettre en valeur cette collection, il eut l’idée de rédiger de petites
biographies, qu’il publia en 1546 sous le titre Elogia Virorum Illustrium,
des Éloges des hommes illustres, dédiées aux hommes de lettres dont il
possédait le portait. En 1551, juste un an avant sa mort, Giovio publia un
second volume consacré aux hommes de guerre [1],
dont lequel il inclue logiquement une courte biographie de son héro découvreur
du Nouveau Monde. L’ouvrage sera réédité en 1561, à Bâle par Pietri Perna.
Mais il faudra attendre 1575, soit 24 ans plus tard, pour
qu’une nouvelle édition du livre, toujours chez Pietri Perna, contienne des illustrations, chaque gravure
copiée des portraits de la galerie de la villa de Côme .
Le portrait représentant Colomb est la première
représentation vraisemblable de Christophe Colomb, celle qui est à l’origine de
toute les autres. Il fut gravé par Tobias Stimmer, un dessinateur suisse, né en
1534 et qui, bien entendu, n'avait pas pu approcher Colomb. On pense donc qu’il
s’est inspiré du tableau de la galerie de Côme.
Nous découvrons le visage rond d’un homme plutôt jeune, aux cheveux
bouclés, au visage pensif et quelque peu triste, les mains jointe à la taille,
une robe de prêtre dont la capuche est tombée sur les épaules.
A la fin du XIXe siècle, Sir Clements Robert Markham,
explorateur britannique, géographe, écrivain, président de la « Royal
Geographical Society » de Londres, considérait que ce portrait était l’unique
portrait existant de Colomb mais tous les experts ne partagent pas son avis. En
fait, nous ne savons pas si le portait de Giovio avait été peint d'après
nature, et par qui, ou sur le modèle d'un idéal, plus ou moins conforme aux descriptions
données par ceux qui avaient pu connaître le Génois. En tant qu'historien,
Giovio a revendiqué le droit de déformer la vérité pour atteindre le but qui
lui convenait et ses conceptions de la vérité du portrait peuvent tout aussi
bien avoir été très vagues. Nous ne saurons probablement jamais à quoi ressemblait réellement l’illustre génois.
Paolo Giovio avait plus d’une corde à son arc, il publia sa correspondance avec les intellectuels de son époque, comme Léonard de Vinci, l’Arétin ou Pietro Bembo, des livres d’emblèmes et des livres d’histoire dont j’aurais l’occasion de reparler car le rayon Paul Jove de la bibliothèque est passablement fourni.
Bonne journée
Textor
[1] Elogia
virorum bellica virtute illustrium veris imaginibus supposita, quae apud
Musaeum spectantur, in libros septem gigesta. Doctorum item virorum ingenij monumentis
illustrium ab auorum memoria publicatis. Pet. in-8 de 592 pp. La dern.
chiffrée 82 par erreur.
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