vendredi 10 janvier 2025

Les Sept Dormants de la Chronique de Nuremberg (1493)

Un bibliophile des temps passés - peut-être Guy Bechtel, précédent possesseur, ou un autre avant lui - a cru bon coller une gravure sur le feuillet blanc d’un incunable.

Elle a pour titre Septem Dormientes – les Sept Dormants.



Les Sept Dormants d'Éphèse est un récit miraculeux mettant en scène des jeunes gens chrétiens fuyant les persécutions religieuses. L’origine de ce récit est un sermon d’Étienne, évêque d’Éphèse, prononcé en grec, à l’occasion de la découverte vers 448 de sept corps bien conservés dans une caverne, supposant un événement miraculeux. Repris pour la première fois par Jacques de Saroug, évêque de Batna en Syrie dans ses homélies, l’histoire miraculeuse est ensuite relayée par Grégoire de Tours et divers auteurs dont Jacques de Voragine dans sa Légende Dorée.

L'histoire se déroule au temps de la persécution de l'empereur Dèce (règne de 249 à 251) contre les chrétiens. Sept officiers du palais, originaires de la ville d'Éphèse, sont accusés d’hérésie et se réfugient dans une grotte de la montagne. Tandis qu’ils prennent leur repas du soir, les sept jeunes gens s’endorment mystérieusement et l’empereur les fait emmurer dans la grotte.

Et c’est en 418 qu'un maçon ouvre par hasard la grotte où sont enfermés les Sept Dormants. Ceux-ci se réveillent, inconscients de leur long sommeil. Aussitôt, l'empereur Théodose II accourt et voit dans le miracle une preuve de la résurrection des morts.

En Allemagne, les Sept Dormants d'Éphèse sont fêtés lors du Siebenschläfertag, le 27 juin. Il n’est donc pas étonnant que cette histoire soit évoquée dans la Chronique de Nuremberg, célèbre incunable d’Hartman Schedel publié par Anton Koberger en 1493, simultanément en latin et en allemand sous le titre Liber Chronicarum et Das buch der Chroniken vnnd geschichten mit figuren vld pildnussen von Anbeginn der welt biss auff dise vnsere Zeyt, soit littéralement Le livre des chroniques et histoires avec figures et illustrations depuis le commencement du monde jusqu'à nos jours [1].

Le folio duquel a été tirée la gravure contrecollée dans mon livre.
 f° 119v de l’exemplaire numérisé Rar. 287 de la Bayerische Staatsbibliothek de Munich.

L’ouvrage est abondamment illustré, l’atelier de Koberger ayant fourni plus de 1 800 illustrations dont certaines pourraient être l’œuvre du jeune Albrecht Durer. Le style de notre gravure étant proche de celles du Liber Chronicarum, une recherche rapide a permis de la retrouver au verso du feuillet 119, dans la section sur le 6ème état du monde.

C’est le seul morceau de la Chronique de Nuremberg en ma possession !

Bonne soirée,

Textor

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