Un bibliophile des temps passés - peut-être Guy Bechtel, précédent possesseur, ou un autre avant lui - a cru bon coller une gravure sur le feuillet blanc d’un incunable.
Elle a pour titre Septem Dormientes – les Sept Dormants.
Les Sept Dormants d'Éphèse est un récit miraculeux mettant en scène des jeunes gens chrétiens fuyant les persécutions religieuses.
L’origine de ce récit est un sermon d’Étienne, évêque d’Éphèse, prononcé en
grec, à l’occasion de la découverte vers 448 de sept corps bien conservés dans
une caverne, supposant un événement miraculeux. Repris pour la première fois par
Jacques de Saroug, évêque de Batna en Syrie dans ses homélies, l’histoire
miraculeuse est ensuite relayée par Grégoire de Tours et divers auteurs dont
Jacques de Voragine dans sa Légende Dorée.
L'histoire se déroule au temps de la persécution de
l'empereur Dèce (règne de 249 à 251) contre les chrétiens. Sept officiers du
palais, originaires de la ville d'Éphèse, sont accusés d’hérésie et se
réfugient dans une grotte de la montagne. Tandis qu’ils prennent leur repas du
soir, les sept jeunes gens s’endorment mystérieusement et l’empereur les fait
emmurer dans la grotte.
Et c’est en 418 qu'un maçon ouvre par hasard la grotte où
sont enfermés les Sept Dormants. Ceux-ci se réveillent, inconscients de leur
long sommeil. Aussitôt, l'empereur Théodose II accourt et voit dans le miracle
une preuve de la résurrection des morts.
En Allemagne, les Sept Dormants d'Éphèse sont fêtés lors du
Siebenschläfertag, le 27 juin. Il n’est donc pas étonnant que cette histoire
soit évoquée dans la Chronique de Nuremberg, célèbre incunable d’Hartman
Schedel publié par Anton Koberger en 1493, simultanément en latin et en
allemand sous le titre Liber Chronicarum et Das buch der Chroniken
vnnd geschichten mit figuren vld pildnussen von Anbeginn der welt biss auff
dise vnsere Zeyt, soit littéralement Le livre des chroniques et
histoires avec figures et illustrations depuis le commencement du monde jusqu'à
nos jours [1].
L’ouvrage est abondamment illustré, l’atelier de Koberger ayant
fourni plus de 1 800 illustrations dont certaines pourraient être l’œuvre du
jeune Albrecht Durer. Le style de notre gravure étant proche de celles du Liber
Chronicarum, une recherche rapide a permis de la retrouver au verso du
feuillet 119, dans la section sur le 6ème état du monde.
C’est le seul morceau de la Chronique de Nuremberg en ma
possession !
Bonne soirée,
Textor
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