lundi 27 janvier 2025

Les dragons de la bibliothèque (1501)

Mise à jour le 04 Février 2025

En déambulant dans les galeries de la Bibliotheca Textoriana, il m’arrive de tomber, par je ne sais quel passage dérobé, sur la section où ont été rassemblés tous les livres portant une figure de dragon.

Reliure anglaise, Oxford vers 1519

Le dragon est l’animal fantastique qui a suscité la plus grande fascination à l’époque médiévale et les manuscrits sont ornés d’un bestiaire fantastique dans lequel le dragon tient une bonne place. Il n’est pas toujours qualifié de dragon qui vient du latin Draco, draconis, le serpent, il est aussi appelé Python, Gryphon ou Vuivre. 

Au moyen-âge, le dragon est partout dans les sagas et les épopées. Les premiers possesseurs des livres de ma bibliothèque croyaient à l’existence réelle des dragons et les apercevaient parfois dans les brumes des forêts d’Armorique ou sortant des lacs d’Ecosse.

Sa signification symbolique est très complexe et variable selon les lieux. Créature chtonienne, associée aux profondeurs de la terre, il maîtrise le feu qu’il crache, l’air où il prend son vol, et les étendues aquatiques qui lui servent de refuge. [1] Généralement considéré comme féroce, voire diabolique. Il se confond alors avec la bête de l’Apocalypse dans la tradition chrétienne. Il devient le symbole du mal absolu, le mal qu’il faut affronter.

 C’est le rôle du preux chevalier qui se donne pour mission de le combattre et qui délivre la ville qu’il terrorisait. Le dragon et le chevalier figure alors la lutte entre le bien et le mal, mais comme l’a remarqué le médiéviste Jacques le Goff, le dragon est l’un des monstres porteurs de la charge symbolique la plus complexe de l’histoire des cultures.

Le dragon n’a pas de forme bien définie, les artistes s’inspirent de la description de Pline et d’Isidore de Séville. Aux XVème et XVIème siècle, les codes graphiques se sont quelque peu standardisés. Le dragon se reconnait à son bec acéré crachant du feu, son corps de reptile dotées d’ailes semblables à celles des chauves-souris ou des ptérodactyles, ses griffes d’oiseau de proie et sa queue fourchue.  Enfin, c’est un des rares animaux de la Création à porter simultanément une peau recouverte d’écailles, de poils et de plumes.

En y prêtant attention, les imprimeurs et les relieurs sont nombreux à avoir choisi ce symbole pour leurs livres. Les dragons figurent dans les lettrines, dans les marques typographiques et même dans les motifs estampés des reliures.


Denys Roce, 1501

A titre d’exemple, chez l’imprimeur parisien Denis Roce, nous trouvons une série de lettrines dont chaque lettre est formée d’un dragon. Il a utilisé ces lettres dans différents opuscules de Philippe Béroalde publiés en 1501. Dans le Libellus De Optime Statu le dragon en forme de P majuscule dévore une chèvre. Dans le Declamatio philosophi medici & oratoris de excellentia disceptantium [2], deux dragons menaçants sont enlacés et paraissent se combattre violemment, figurant un M.  

Le matériel typographique de Denys Roce provient de l’imprimeur André Bocard de Lyon selon André Perrousseaux [3]. La Bibliothèque Virtuelle Humaniste de Tours a numérisé la serie entière de ces lettres aux dragons.

Comme cet imprimeur-libraire semble très attaché à l’emblème du dragon, nous le retrouvons dans sa marque typographique, où deux dragons encadrent son blason.

Marque de Denys Roce, 1505

cité par Dryocolaptès dans le commentaire sous cet article 
(Bibliotheca Textoriana)

D’autres imprimeurs s’en sont inspirés comme François Behem, imprimeur de Mayence et Sébastien Gryphe. Sa marque parlante présente à la fin de la plupart des livres diffusés par cet imprimeur lyonnais est sans doute la plus connue des représentations du dragon.

Marque de Gryphe

Reliure parisienne vers 1517

Du côté des reliures, même profusion de dragons dans les roulettes des encadrements à froid. Plusieurs encadrements de reliures estampées de ma bibliothèque reprennent cette symbolique du dragon, que ce soit dans une reliure parisienne protégeant une autre édition de Philippe Beroalde (François Regnault, 1517) ou une reliure anglaise fabriquée en 1519, vraisemblablement à Oxford, sur un Horace ayant appartenu au célèbre Thomas Percy.

Ce que je n’ai pas réussi à élucider ce sont les raisons de cette profusion de représentations. En quoi le dragon symbole du mal pouvait-il servir la cause du livre dans lequel il figurait ? Dryocolaptès va peut-être pouvoir nous éclairer....

Bonne Journée,

Textor

__________________

[1] Corinne Pierreville. Le dragon dans la littérature et les arts médiévaux. Le dragon dans la littérature  et les arts médiévaux [Séminaire des médiévistes du CIHAM], Histoire, Archéologie, Littératures des mondes chrétiens et musulmans médiévaux (CIHAM UMR 5648), Mar 2011, Lyon, France

[2] Denys Roce est connu surtout comme libraire mais il fait mentionner dans le colophon des opuscules de Beroalde qu’il en est l’imprimeur.

[3] Yves Perrousseaux, Histoire de l’écriture typographique. T.1 Fig. 271.

vendredi 17 janvier 2025

Une reliure de Lucien-Edouard Petitot (début XXème)

Shooting ! (Comme dirait l’ami Bertrand) sur un livre dont la présentation sera faite ici prochainement. En attendant le contenu, voici le contenant.  


La reliure et son étui.

C’est un sobre vélin ivoire estampé à froid, décoré d’une bordure autour des plats et d’un grand fleuron à motifs de rinceaux et de volutes au centre, dos lisse, tranches dorées, étui à rabat.

Une reliure parfaitement établie au début du XXe siècle dans le goût des reliures de la Renaissance. Elle est signée à l’angle gauche du contre plat, en très petit : Petitot.

Lucien-Edouard Petitot (1862-1935) exerça son activité de relieur entre 1875 et 1927, au 1 rue des Beaux-Arts à Paris 6ème. 

Il faut de bons yeux pour découvrir la signature du relieur

Au cours de sa très longue carrière il devient relieur de la Bibliothèque Nationale et nous trouvons donc son travail sur des manuscrits médiévaux comme sur des livres modernes, souvent des demi-maroquins sur lesquels il aimait inscrire la date en queue. Son travail est assez facilement identifiable et toujours très soigné, comme ici pour l'estampage à froid, ou encore sur cette reliure d'un Taine aux nerfs particulièrement nets. 

C’était le relieur préféré du bibliophile Paul Lacombe. [1]

Un exemple de demi-reliure de Petitot sur le Voyage aux Pyrénées de Taine illustré par G. Doré, présenté par la librairie Casteran. 

Son fils Lucien ouvrira une librairie rue de Richelieu, continuée par son petit-fils Pierre.

Photo de L.-E. Petitot dans son atelier (Photo trouvée sur le site de Danyla Petitot, expert en livres anciens mais présenté aussi sur Histoire de la Bibliophilie). 

Bonne Soirée, 

Textor

______________

[1] Voir Histoire de la bibliophilie, J-P. Fontaine, https://histoire-bibliophilie.blogspot.com/2020/11/la-bibliotheque-de-paul-lacombe-1848.html



vendredi 10 janvier 2025

Les Sept Dormants de la Chronique de Nuremberg (1493)

Un bibliophile des temps passés - peut-être Guy Bechtel, précédent possesseur, ou un autre avant lui - a cru bon coller une gravure sur le feuillet blanc d’un incunable.

Elle a pour titre Septem Dormientes – les Sept Dormants.



Les Sept Dormants d'Éphèse est un récit miraculeux mettant en scène des jeunes gens chrétiens fuyant les persécutions religieuses. L’origine de ce récit est un sermon d’Étienne, évêque d’Éphèse, prononcé en grec, à l’occasion de la découverte vers 448 de sept corps bien conservés dans une caverne, supposant un événement miraculeux. Repris pour la première fois par Jacques de Saroug, évêque de Batna en Syrie dans ses homélies, l’histoire miraculeuse est ensuite relayée par Grégoire de Tours et divers auteurs dont Jacques de Voragine dans sa Légende Dorée.

L'histoire se déroule au temps de la persécution de l'empereur Dèce (règne de 249 à 251) contre les chrétiens. Sept officiers du palais, originaires de la ville d'Éphèse, sont accusés d’hérésie et se réfugient dans une grotte de la montagne. Tandis qu’ils prennent leur repas du soir, les sept jeunes gens s’endorment mystérieusement et l’empereur les fait emmurer dans la grotte.

Et c’est en 418 qu'un maçon ouvre par hasard la grotte où sont enfermés les Sept Dormants. Ceux-ci se réveillent, inconscients de leur long sommeil. Aussitôt, l'empereur Théodose II accourt et voit dans le miracle une preuve de la résurrection des morts.

En Allemagne, les Sept Dormants d'Éphèse sont fêtés lors du Siebenschläfertag, le 27 juin. Il n’est donc pas étonnant que cette histoire soit évoquée dans la Chronique de Nuremberg, célèbre incunable d’Hartman Schedel publié par Anton Koberger en 1493, simultanément en latin et en allemand sous le titre Liber Chronicarum et Das buch der Chroniken vnnd geschichten mit figuren vld pildnussen von Anbeginn der welt biss auff dise vnsere Zeyt, soit littéralement Le livre des chroniques et histoires avec figures et illustrations depuis le commencement du monde jusqu'à nos jours [1].

Le folio duquel a été tirée la gravure contrecollée dans mon livre.
 f° 119v de l’exemplaire numérisé Rar. 287 de la Bayerische Staatsbibliothek de Munich.

L’ouvrage est abondamment illustré, l’atelier de Koberger ayant fourni plus de 1 800 illustrations dont certaines pourraient être l’œuvre du jeune Albrecht Durer. Le style de notre gravure étant proche de celles du Liber Chronicarum, une recherche rapide a permis de la retrouver au verso du feuillet 119, dans la section sur le 6ème état du monde.

C’est le seul morceau de la Chronique de Nuremberg en notre possession !

Bonne soirée,

Textor

samedi 4 janvier 2025

 "La reliure du livre est un grillage doré qui retient prisonniers des cacatoès aux mille couleurs, des bateaux dont les voiles sont des timbres-poste, des sultanes qui ont des paradis sur la tête pour montrer qu'elles sont très riches". (Max Jacob - Le Cornet à dés 1917)



vendredi 3 janvier 2025

Petite histoire de reliure à cabochons (1478)

 Le cabochon d’une reliure est un clou de protection en cuivre, à tête ornée ou en simple ronde de bosse, qui traverse le bois et le cuir pour faire saillie sur le plat. Lorsqu'il est placé au centre du plat du livre, il est appelé ombilic et bouillon lorsqu'il est situé dans un des coins du plat. 

Initialement prévu à des fins de protection de la couvrure, leur emplacement, leur nombre et leur forme ont variés selon les pays et les époques. Ils peuvent aussi, lorsqu’ils ont été travaillés (notamment par ciselure), prendre une dimension décorative.

Les cabochons sont des ornements des reliures monastiques, très courants au XIV et XVème siècle, ils disparaitront progressivement à partir de la fin du XVe siècle, lorsque les livres commencent à être rangés debout dans les rayonnages de bibliothèque au lieu d'être posé à plat sur les pupitres. Seuls subsistent alors les ferrures des livres liturgiques de grand format, parce qu’ils restent sur un pupitre, ou bien ceux des in-folio de certaines régions (Dans les pays germaniques, notamment). 

Reliure sur ais de bois XVème siècle

Je ne possède qu’un seul représentant de cette catégorie de reliure dans la bibliothèque, que j’ai effectivement toujours eu beaucoup de mal à glisser entre deux autres livres sur son étagère, bien qu’il ait perdu presque tous ses cabochons. Il est promis à une future boite. 

C'est une reliure en peau retournée (daim ou autre animal sauvage, utilisée côté chair et offrant au toucher un contact velouté) sur ais de bois, contemporaine de l'ouvrage qu'elle protège, à savoir une édition vénitienne de 1478. 

La reliure n’a pas traversé ces quelques cinq cent quarante années sans de nombreux dommages. Les vers se sont intéressés au bois des ais (Heureusement un peu moins au papier). Un restaurateur est intervenu pour reboucher les manques laissés par les trous des cabochons, renouveler les gardes et changer la tranchefile. Il a eu la bonne idée de conserver comme feuillets volants les anciennes gardes, ce qui permet de constater tout le mal que les cabochons en cuivre ont pu apporter au papier au fil des siècles par leur acidité. L’oxydation avait troué les gardes aux emplacements des clous et avait même commencé à toucher la page de titre. Il était temps d’intervenir !

Ces anciennes empreintes des éléments métalliques sur le papier permettent de confirmer que la reliure n’est pas rapportée mais qu’elle protégeait ce livre depuis l’origine. 

Page de garde et page de titre du livre avec les traces des cabochons

Accessoirement, les anciennes gardes révèlent aussi le passage du livre dans une bibliothèque italienne au XVIIIème siècle.  Ex Biblioth. q. Mr. Angeli Aloysii de Cella Januensi Medici 1744. Un certain Ange Aloysius de Cella qui était un médecin génois. Quoi de plus naturel pour un livre d’astronomie que d’être dans la bibliothèque d’un médecin ? Il valait mieux avoir une bonne connaissance du mouvement des planètes si on voulait guérir ses patients à l’époque. 

Un acte notarié passé par le supérieur du couvent de San Donato Jan(uensis) (Saint Donat de Gênes) le 7 Juillet 1519, sans rapport apparent avec l’ouvrage, a été relié à la suite du livre. Il donne les noms de notaires et de familles de Gênes, ce qui atteste d’une longue présence de l’ouvrage dans la ville de naissance de Christophe Colomb.  

Sacrobosco : Schéma du mouvement apparent d'une planète 

Si l’ombilic et les bouillons ont une fonction bien identifiée préservant tous frottements sur les plats, je m’explique moins bien la présence de ces petites plaques métalliques placées sur le bord des ais. 




Quatre plaques carrées sciselées à la destination incertaine. 

Ce ne sont pas des cornières de protection, puisqu’elles ne sont pas dans les coins et elles n’ont pas de cabochon saillant. A l’origine il y en avait, semble-t-il, huit, mais seulement quatre, celles du plat inférieur, sont conservées. Celles du plat supérieur ont laissé des traces qui révèlent une forme – a priori - similaire.  Trois présentent des bords droits, la quatrième est découpée en forme d’accolade sur un coté seulement. 

Grâce à l’intelligence artificielle (que je n’utilise jamais pour écrire mes articles !) il est possible aujourd’hui de chercher des images similaires dans les bibliothèques publiques ou dans les catalogues des libraires. Or, je n’ai trouvé aucune pièce métallique similaire à celles-ci sur une reliure. En général, lorsqu’il y a présence de plaques carrées de métal, ce sont les supports des cabochons. La pièce de métal sert alors de renfort pour le cabochon en même temps que de cornière pour ceux qui sont placés proche des angles, comme dans l’exemple de ce croquis qui a l’avantage de nous rappeler les termes techniques de la reliure.

Croquis présentant les différentes parties d’une reliure d’une reliure 
mais sur lequel ont été inversées les positions des tenons et agrafes [1] 

Certainement produite à l’unité, aucune des quatre plaques n’est exactement semblable aux autres. La face apparente a été ciselée d’une bordure hérissée et évidée en son centre de trois trous de forme circulaire et d’un quatrième de forme rectangulaire vers le bord. On pense d’emblée à des tenons mais leur position, joignant le chant de l’ais, sans le dépasser, rend difficile l’attache d’une agrafe (Il n'y a pas de prise pour l'accroche).  Par ailleurs, il y aurait eu quatre points de fermeture, ce qui parait beaucoup pour une seule reliure. 

S’agit-il de simples éléments de décoration ? L'impression d'ensemble est plus curieuse qu'esthétique. Auraient-ils eu une autre fonction ? Le livre ne semble pas avoir été enchainé à un pupitre, la forme laissée par une attache de chaine est caractéristique et elle est toujours sur le premier plat. 

Je penche donc, en définitive mais sans certitude, pour des tenons plutôt que de simples plaques décoratives. S’il était resté un des éléments du plat supérieur, il aurait été facile de trancher : une plaque coinçant une bande de cuir avec une agrafe aurait permis de conclure que les plaques du dessous étaient des tenons.

Car les tenons, comme les étiquettes de titre ou les décorations sont toujours placés sur le plat inférieur. C’est une habitude qui vient de l’époque carolingienne, comme nous l’explique Berthe Van Regemorter qui s’est intéressée aux techniques de couture des reliures médiévales : 

En parlant de la couture de l'époque carolingienne, nous avons dit qu'elle avait le premier ais comme base et commençait par le premier cahier. La reliure achevée, la fin du volume et le second plat se trouvaient au-dessus. Cette chose, qui paraît peu importante, a eu pourtant une conséquence étrange : le volume se posait sur le rayon non seulement à plat, mais avec le second plat au-dessus et c'est le second plat qui recevait le plus souvent l'ornementation la plus belle. Quand le cousoir fut inventé, l'habitude de commencer par le premier cahier était prise et on ne passa pas immédiatement à la couture commençant par le dernier cahier ; on continua également à poser les volumes le second plat au-dessus. Ceci nous explique par exemple la très belle reliure orfévrée de la bibliothèque de Troyes (ms. 2251) dont seul le second plat est orné, le premier plat, en tissu, n'ayant pas la moindre décoration ; les fermoirs en argent attachés au premier plat et s'agrafant au second plat.  [2]

Cela se vérifie avec cette autre reliure portant une étiquette de bibliothèque qui a bien été clouée sur le plat inférieur, tandis que la chaine était sur le plat supérieur.

Reliure enchainée avec étiquette de bibliothèque sur le second plat

Donc nos petites plaques de cuivre seraient des tenons dont il reste à comprendre comment l’agrafe pouvait tenir….

Bonne journée, 

Textor

_____________________

 [1] Croquis tiré de : Élisabeth Baras, Jean Irigoin et Jean Vezin, La reliure médiévale : trois conférences d’initiation, Paris, Presses de l’École normale supérieure, 1978, (fig. 31).

 [2] Van Regemorter Berthe. Évolution de la technique de la reliure du VIIIe au XIIe siècle, principalement d'après les mss. d'Autun, d'Auxerre et de Troyes. In :  Scriptorium, Tome 2 n°2, 1948. pp. 275-285.


mercredi 1 janvier 2025

La Bibliotheca Textoriana vous souhaite une bonne et heureuse année 2025

 

Un érudit dans son étude - Thomas Wyck (1616-1677)

Un humaniste plongé dans la lecture du De Situ Orbis habitabilis de Denys le Périégète rêve de mondes lointains et inaccessibles, aux confins des terres de l’ouest, là où les Héliades gémissantes pleurent Phaéton, et où les enfants des Celtes, assis sous les peupliers, recueillent les larmes de l'ambre qui a l'éclat de l'or.  

Denys le Périégète, de situ orbis, édition de Reiner de Heilbronn (1478)

Les Héliades sont filles du Soleil et sœurs de Phaëton. Elles se nommaient Lampétie, Phaëtuse, et Phoébée. La mort de leur frère leur causa une si vive douleur qu’elles le pleurèrent quatre mois entiers. Les dieux les changèrent en peupliers et leurs larmes en grains d’ambre.
Les terres de l'Ouest, là où se couche le soleil étaient réputées dans l'Antiquité pour la qualité de leur ambre.

Les Héliades, Métamorphoses d'Ovide, Lyon, édition Jean de Tournes, 1559


Happy New Year ! 
Textor

jeudi 19 décembre 2024

Guillaume des Autels : Repos de plus grand travail (1550)

Que diriez-vous, pour finir l’année, d’un poète de la Pléiade ?

Voici l’édition originale du premier recueil poétique de Guillaume des Autels, typique de la production de celui qui fut en relation avec Ronsard et ses condisciples, et qui, comme eux, souhaitait réformer la langue française et la rapprocher des modèles de la littérature antique. 

Né en 1529 en Bourgogne, peut-être à Charolles puisqu’il signait parfois Des Autels, gentilhomme charolois, ou au château familial de Vernoble, il passa une partie de sa jeunesse à Romans-sur-Isère et fit ses études de littérature et de droit à Valence pour venir ensuite exercer comme avocat à Lyon. Pour se délasser de ces ennuyeux travaux judiciaires, il écrivait des vers inspirés par Horace et Pétrarque.

Page de titre du recueil à la marque de Jean de Tournes

Pontus de Tyard, son parent, introduira Guillaume des Autels dans les milieux littéraires lyonnais. Le brillant bourguignon s'intéressait aux réformes orthographiques, sujet à la mode qui agitait le monde intellectuel de l’époque.  Il s'opposa ainsi à Louis Meigret et publia en 1549 un traité intitulé Réplique aux furieuses attaques de Louis Meigret. Ce dernier, grammairien lyonnais, réformateur de la langue française avait proposé une simplification du français écrit en introduisant notamment des symboles nouveaux et en favorisant une orthographe phonétique. Il sera, à ce titre, violemment attaqué par Guillaume des Autels qui préférait l’ancien style. 

Il se rapprocha néanmoins du groupe des jeunes poètes réformateurs qui évoluait autour de Ronsard. Il aura l’occasion de rencontrer Joachim du Bellay qui s’arrêta à Lyon lors de son voyage à Rome et Etienne Jodelle qui séjourna dans la ville en 1551. C’est pourquoi, les biographes le rattachent au mouvement de la Pléiade bien que son passage soit fugitif, entre 1553 (Élégie à Jean de La Péruse) et 1555 (Hymne de Henri II) date à laquelle son nom disparaissait de la liste, La Péruse étant décédé et Des Autels, effacé, tandis que Peletier du Mans et Rémi Belleau firent leur apparition. 


 La lettre dédicace introductive 
qui se termine par la devise de des Autels « Travail en repos ».

Ses gouts ne le portaient pas vers trop de modernité. Admirateur de Marot, il aurait souhaité que le groupe garde une position mesurée et qu’il existe des rapprochements entre les nouveaux poètes et ceux de la génération précédente. Ains je n’ay poinct rejetté les bonnes inventions de noz anciens français. Peut-être est-ce la raison pour laquelle Ronsard l’exclut du groupe ? Pour autant, Des Autels admirait Ronsard et leurs positions vis-à-vis des dangers de la Réforme les rapprochaient. Ronsard lui dédia une pièce politique, publiée en 1560, dans laquelle il s’adressa à Des Autels en tant que partisan des Guise, engagé dans le conflit à l’encontre des protestants. 

De son côté, en homme de compromis, Des Autels serait intervenu en faveur de la réconciliation de Ronsard et de Mellin de Saint-Gelais et il fit paraitre De l’accord de messieurs de Saingelais, et de Ronsart [1]. Un rapprochement, tout relatif, qui sera principalement l’œuvre de Michel de L’Hospital et Jean Morel… Pour l'heure, dans le Repos, Guillaume des Autels adresse à Mellin de Saint Gelais un dizain élogieux.

Dizain à Saint Gelais

Quoiqu’il en soit des rapports assez ambigus entre Ronsard et Des Autels, le bourguignon participa pleinement à cette décennie exceptionnelle dans l’histoire de la poésie comme dans celle de la langue en faisant paraitre à Lyon, chez Jean de Tournes, entre 1549 et 1552, trois volumes de poésie amoureuse. Il publia successivement Le Repos de Plus Grand Travail (1550), puis La Suite du Repos (Lyon, Jean de Tournes et Guillaume Gazeau, 1551) et L'Amoureux Repos de Guillaume des Autelz, Gentilhomme Charrolois (Lyon, Jean Temporal, 1553). C’est dans ce dernier recueil qu’on trouve le seul portrait connu de l’auteur, accompagné du portait de sa Sainte, la jeune fille idéale.

En effet, Guillaume des Autels se choisit une maitresse poétique en imitant ainsi l’Hélène de Ronsard ou l’Olive de Du Bellay. Il l’appelait Sa Sainte. Son modèle est sans doute cette Denise Mahé, une jeune fille qu’il avait connue à Romans dans sa jeunesse et dont il était tombé follement amoureux. Plusieurs poèmes du recueil évoquent son prénom : Trois femmes sont, par l’heur des Destinées, / (Femmes non pas, mais bien Déesses) nées, / Jeanne je dis, Marguerite, et Denise

Une autre pièce est adressée à Dame Denyse l’hoste (p.20) ce qui fit dire aux experts que le jeune Guillaume avait peut-être été hébergé dans la famille de la jeune fille à Romans sur Isère. Ce qualificatif un peu curieux de Sainte est expliqué par Des Autels lui-même dans son introduction : La contemplation de la femme aimée est une voie directe vers la connaissance du Créateur admirable de l’univers. Contemplation qui ne l’empêche pas de s’intéresser aussi à sa cousine Jeanne à la blonde chevelure…. 

Epigrammes à la Sainte

Le Repos est une œuvre de jeunesse qu’il présenta lui-même dans la lettre dédicace introductive au recueil comme la collection de petites compositions de ma première jeunesse, entre quinze et vingt ans. Il avait conscience qu’elles n’étaient pas dépourvues de puérilité, et il anticipait déjà les critiques de l’audacieux raillard et mesdisant qui en jasera mais il justifia ses vers en ce que c’est à sa dame que sont dus les labeurs du temps passé et à venir. 

La composition du recueil comprend, après la lettre dédicace de l’auteur à sa Sainte (pp.3-5) un poème de Charles Fontaine à la sainte de l’autheur (p.6) suivi des pièces de l’œuvre proprement dit (pp.7-61), des épigrammes, des sonnets, un dizain, des odes adressés à la Sainte mais aussi à différentes personnes de son entourage (Frère, tuteur, précepteur) et aux poètes du cercle lyonnais Maurice Sceve, Pontus de Tyard, Charles Fontaine….

L’ouvrage se clôt sur deux dialogues moraux, pièces de circonstance pour un évènement théâtral religieux : Dialogue moral entre Vouloir Divin, Ignorance, Temps et Vérité sur le point de savoir qui a fait naitre tant d’hérétiques et qui illuminera les infidèles. (pp. 62-96) et Autre Dialogue Moral sus la devise de Monsieur le Révérendissime Cardinal de Tournon, Non quae super terram, joué à Valence, devant luy, le dimanche de my Careme 1549. Dialogue entre le Ciel, l’Esprit, la Terre, la Chair et l’Homme. (pp. 97- 141)

Le style poétique de Guillaume des Autels n’a pas la légèreté brillante et rythmée du Prince des Poètes mais lui-même est assez satisfait de ce qu’il produit : 

Vous m'avez dit madamoiselle / Des fois je ne scay pas combien, / Que ma façon n'est pas fort belle, /  Que du tout je ne danse rien. / Je respons, qu'il y ha un bien / (Ne vous desplaise) à faire ainsi : / Car si je ne danse pas bien, / Je ne danse pas mal aussi.


Reliure janséniste en maroquin signée Godillot [2]

C’est une caractéristique des jeunes poètes de la Pléiade de se considérer comme élus par les Muses et à ce titre au-dessus du commun des mortels. Le poète charolais affiche d’emblée son ambition de conquérir la gloire littéraire par ses écrits. Y est-il parvenu ? Il mériterait sans doute plus d’audience aujourd'hui, sa poésie n’étant pas dénuée de jolis passages :  

Toutes les fois qu’au travail de l’étude, / Me reposant tout endormi je veille : / Et que de loin sa voix doucement rude, / Ou le tintin des clés qu’elle appareille, / Transmet un air sonnant à mon oreille, / Tant me ravit sa recordation, / Que mon esprit de l’étude s’éveille, / Pour s’endormir en contemplation. 

Mais le chemin de la gloire est parfois pavé d’embûches et les Muses font des jalouses. Visiblement Jeanne La Bruyère, son épouse, n’appréciait guère la métaphore poétique.  Après avoir conclue l’Amoureux Repos sur une sorte de promesse de ne plus écrire de pièces amoureuses à sa Sainte pour préserver sa vie conjugale, Guillaume des Autels est coupé de son inspiratrice. Il faudra attendre six années avant qu’il ne trouve une nouvelle raison d’écrire des vers. Il publiera à partir de 1559 des œuvres plus engagées politiquement, Harengue au peuple français après la rébellion (la conjuration d’Amboise) ou Epitre au Tigre de la France (Le Cardinal de Guise).  

C’est ce poète plus engagé que Ronsard célébrera dans son Elégie à Guillaume des Autels poète Charolais. Au terme d’un développement sur l’ingratitude de la France à l’égard de ses propres enfants, Ronsard écrit :  Pour exemple te soit ce docte des Autels qui a ton los a faict des livres immortels. 

Bonnes Fêtes,

Textor

___________________

 [1] Voir à ce sujet Claire Sicard in Commentaire du titre de l’élégie sur les troubles d’Amboise, adressée à Guillaume Des Autels charolois. Site Hypothèses. Ainsi que Claire Sicard in D’une prétendue réconciliation de Ronsard et Saint-Gelais en 1553. Olivier Halévy; Jean Vignes. Audaces et innovations poétiques, Honoré Champion, pp. 315-334, 2021. hal-02279606

[2] Exemplaire Barbier-Mueller avec son ex-libris. Voir Ducimetière, Mignonne…, 38

Reliure signée M(arcel) Godillot



dimanche 24 novembre 2024

Le plan de Paris de Nicolas Maire (1803)

L’ingénieur topographe Nicolas Maire tenant boutique à Paris, 34 rue Charlot, au Marais, décida, en 1803, d’éditer un plan de Paris dont il nous dit qu’il n’est pas utile de démontrer l’exactitude géométrique. Ce nouveau plan est précieux en ce qu’il donne une vue détaillée de Paris sous le Consulat agrémenté de notes pittoresques.

La planche gravée portant le titre de l’édition de l’An XII (1803)

C’est un plan gravé sur papier fort par Perrier Oncle, complété d'un texte rédigé par Pélicier, illustré de vingt planches figurant les différents quartiers de Paris et d’un plan d’assemblage. Il existe des exemplaires "lavés" (passés au lavis, coloriés) et d'autres laissés en l'état comme le précise la note introductive.

Le titre et le tableau d'assemblage occupent les deux premières planches. Suivent les vingt plans de quartiers avec le détail des monuments et les principaux hôtels, églises, couvents, collèges ou parcs d’attraction, etc. Le relief et des symboles pour la végétation complètent les cartes, de manière suffisamment exacte pour qu’on puisse reconnaitre, par exemple le labyrinthe du Jardins des Plantes. Pour finir quatre planches gravées composent un tableau des noms de rues.

Planche 2 les villages du Roule et des Ternes (orthographié Thermes)

Nicolas Maire n’a pas laissé beaucoup d’information sur sa vie, nous n’avons ni sa date de naissance ni celle de sa mort, nous savons simplement qu’il dirigeait un cabinet topographique actif entre 1803 et 1840. Outre le plan général de Paris, il édita un Atlas administratif de la ville de Paris (1821) et des cartes de l’Empire français de l’Europe d’après les derniers traités et des routes topographiques.

Pour ses travaux parisiens, Nicolas Maire s’est basé sur les plans de ses prédécesseurs, principalement le plan de l’abbé Delagrive, dont il reprend le fond de carte à la même échelle de 1/4500e.  Le plan de Delagrive, gravé en six feuilles, avait été publié en 1728, puis complété jusqu’en 1754. C’est un des sommets de la cartographie parisienne. Il sera souvent repris comme fond topographique par les cartographes de la génération suivante, comme Le Rouge[1].  Nicolas Maire s’est contenté de mettre à jour le document par des visites sur le terrain, suivant en cela les recommandations de Delagrive : un bon plan doit comprendre la totalité des faubourgs et des rues, qui doivent être représentées avec exactitudes dans leur largeur et leur tracé…. J’ai examiné les rues pendant près de deux ans, la toise, la chainette et la boussole à la main. Puis Maire a complété ses sources avec les plans et archives des architectes. Il cite dans ses observations finales les noms de Messieurs Ledoux, Bellanger, Bonnard et feu Antoine.

Le futur quartier de la Nouvelle Athènes sous la Barrière des Martyrs.

La Cité selon le plan de Nicolas Maire comparé aux mêmes lieux sur le plan de Jaillot (1774)

La première édition du plan de Nicolas Maire, intitulée Plan de la ville de Paris dressé géométriquement d’après celui de La Grive - An XII (1803) est en 26 planches montées sur onglets. Certains édifices, délabrés par la Révolution, sont en cours de destruction, comme le couvent des Chartreux (dans l’actuel Jardin du Luxembourg) mais Nicolas Maire choisit de les maintenir dans le paysage urbain, sans doute par facilité et reprise des anciens plans. Il ajoute néanmoins un commentaire de son cru : Ce Plan devant servir à l’Histoire nous donnons les Chartreux tels qu’ils étoient.

Il y aura quatre éditions en tout. La seconde édition est publiée en 1808 sous le titre : La Topographie de Paris dans laquelle les nouveaux hôtels particuliers sont reportés comme le nouveau quartier de la place Vendôme et de la rue de Rivoli. Elle est plus complète car les anciens noms de rue rebaptisés à la Révolution puis débaptisés sous l’Empire y figurent ainsi que le tracé des projets de nouvelles voies comme la rue de Rivoli sur les emplacements des couvents des Capucins et des Feuillants. Maire ajoute dans l’avis au lecteur que cette nouvelle édition a été rendue nécessaire par le changement impérial survenu dans la ville de Paris, non seulement la recomposition de nombreuses rues de Paris par Décret impérial, mais également les changements survenus dans cette ville, percées de rues nouvelles, travaux d'embellissement, notamment du Louvre et de l'hôtel de ville.

La troisième édition paraît en 1813 avec les mises à jour des réalisations architecturales et urbaines parisiennes représentant les derniers aménagements publics (abattoirs, marchés) et la préfiguration de certains travaux napoléoniens qui ne furent pas tous réalisés.

La dernière édition de 1824 intègre les transformations des plaines d’Ivry et de Châtillon, lieux de plaisir fréquentés par les parisiens pour leurs guinguettes champêtres.

La Montagne Sainte Geneviève

Le village de Vaugirard réduit à un simple hameau.

Ce plan ajoute des informations intéressantes par rapport à ceux qui existaient jusqu’alors. Nicolas Maire nous dit qu’on trouvera dans son ouvrage des augmentations et des détails intérieurs qu’on ne trouve nulle part, ni dans Delagrive, ni dans Jaillot, ni même dans le magnifique plan de Verniquet en soixante et douze feuilles. Pourtant, Jaillot avait fait œuvre d’historien de Paris dans son ouvrage Recherches Critiques, Historiques et Topographiques sur la Ville de Paris (1774), agrémenté de vingt-cinq plans de quartiers particulièrement détaillés à l’échelle de quatre cents toises, donc à une échelle plus fine que le plan de Maire.

Les plans précédents ne relevaient que les bâtiments publics tandis que celui-ci décrit les hôtels particuliers les plus notables avec le nom de leur propriétaire du moment. Vers la rue du Faubourg Saint-Honoré figure l’hôtel Duras, le hameau de Chantilly (futur palais de l’Elysées, pl. 6), plus loin, rue de la Pépinière (pl. 2) figure l’hôtel de Monsieur de Wailly, toujours existant. La demeure du conventionnel Tallien appelée la Chaumière Tallien est mentionnée à l’intersection du Cours la Reine et de l’Allée des Veuves dans un espace peu construit où figurent encore des fermes (pl. 5).

Par ailleurs, Nicolas Maire pense aux voyageurs étrangers qui achèteront son plan pour visiter la ville et il fait insérer par Pélicier des commentaires d’ordre touristique dans les espaces laissés libres par l’urbanisation. Sur le plan 3 pour l’enclos Saint Lazare (emplacement actuel de l’hôpital Lariboisière et de la gare du Nord), il écrit en une forme quasi versifiée : Quel enclos immense dans les murs de Paris ! Il est beaucoup plus grand que le jardin des Thuilleries. Sur l’emplacement des jardins situés derrière les hôtels de la rue du Faubourg St Honoré, il précise : Enfilade d’Hôtels magnifiques. Du côté des Buttes Chaumont, d’où l’on découvre tout Paris, il ajoute une note : Tout ce terrain compris entre le Boulvard, la Route de Meaux et la Butte Chaumont est couvert des restes cadavreux des animaux et des immondices de cette vaste cité. Et il n’oublie pas de faire figurer les fourches patibulaires de Montfaucon, survivance du plan de Delagrive car les derniers vestiges de ce fameux gibet avaient été détruits à la Révolution.  

De l’autre côté de Paris, c’est le Château de Grenelle qui mérite une mention : Ici l’école Militaire se déploie dans toute sa beauté au milieu de la campagne la mieux cultivée avec son vaste et magnifique champ de Mars.

Le plan présente l’avantage de donner une vue assez large de Paris et de sortir de l’enceinte des Fermiers Généraux, ce qui permet d’avoir une représentation des petits villages de Vaugirard, des Ternes, de Ménilmontant ou de Charonne au tout début du XIXème siècle.

La ville a tant changé depuis cette époque que c’est un vrai plaisir d’arpenter ce plan, comme aurait pu le faire un badaud d’il y a deux cents ans, le nez en l’air, passant de la rue des Trois Diamants à la rue des Terre-Fortes ou à la rue Taille-Pain qui aboutissait fort opportunément dans la rue Brise-Miche...

Bonne Journée,

Textor

Demi basane au dos lisse orné. Reliure de l’éditeur.



[1] Voir Pierre Pinon, Bertrand le Boudec in Les Plans de Paris, histoire d’une capitale.